Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Bégin, Émile Auguste Nicolas Jules; Rouargue, Émile [Ill.]; Rouargue, Adolphe [Ill.]
Voyage pittoresque en Espagne et en Portugal — Paris: Belin-Leprieur et Morizot, éditeurs, 1852

DOI Page / Citation link:
https://doi.org/10.11588/diglit.70977#0177
Overview
Facsimile
0.5
1 cm
facsimile
Scroll
OCR fulltext
143

LES SAINTS DE L'ESPAGNE.
portèrent au port de Joppé. Mais quelle fut leur surprise, en trouvant
dans ce port un vaisseau qui leur avait été amené par les anges. A la
vue d'un tel prodige, les disciples du martyr se prosternent et supplient
notre Seigneur de les conduire dans l'endroit où il lui plairait que le
saint reçût la sépulture. Dieu ne répondit rien. Déjà saint Jacques avait
témoigné le désir, disent quelques auteurs, d'être enterré en Espagne; et,
selon toute apparence, la volonté du Sauveur s'accordait avec la sienne.
Bientôt les disciples arrivèrent, sans avoir éprouvé le moindre contre-
temps, sur les côtes de la Galice, en face d'Iria (aujourd'hui El Padron),
où le saint voulait être inhumé. Si l'on en croit certain chroniqueur
digne de foi, un ange, les ailes déployées, précédait le vaisseau : cet ange
ne s'arrêta qu'en vue d'Iria. Le moyen de s'égarer avec un semblable
guide! Iria avait été le théâtre des prédications les plus ferventes du
saint. On montre encore dans l'église où il prêchait et disait la messe
une fontaine d'eau froide et salutaire, qui coule sous l'autel avec un
murmure mystique. Ce bruit harmonieux se mêle, comme un accompa-
gnement céleste, au vague récitatif des prières, aux soupirs dévotieux
des pèlerins qui se rendent chaque jour dans la vieille église, dont les
dalles ont été usées en beaucoup d'endroits par les genoux fervents des
visiteurs. Le corps de saint Jacques ne demeura point à El Padron; il
fut transporté à Santiago ou Compostela, dans l'arche qui le renferme
aujourd'hui, laquelle est aussi le résultat d'un miracle. Cette arche
n'était qu'un bloc de marbre sur lequel on avait déposé le corps en le
descendant du vaisseau; mais à peine y fut-il placé que la pierre, se
creusant d’elle-même, forma une tombe commode, d'où l'on n'eût garde
d'enlever les saintes reliques. — Le temps de la persécution romaine
arrivé, quelques chrétiens cachèrent avec soin le corps du martyr, et,
pendant plus de cinq cents ans, la mémoire de saint Jacques fut pour
ainsi dire oubliée; nul n'aurait pu dire où reposait son corps. »
Plusieurs siècles s'écoulent; les peuples barbares, avalanches hu-
maines, traversent maintes fois l'Espagne, laissant derrière eux des
ruines pour témoigner de leur passage; le christianisme lutte contre
l'arianisme, la croyance pure contre la croyance mitigée; la société prend
le temps de se transformer, et saint Jacques et d'autres saints encore con-
tinuent de dormir dans leur tombeau, sans qu'aucun souvenir apparent,
 
Annotationen