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Bégin, Émile Auguste Nicolas Jules; Rouargue, Émile [Ill.]; Rouargue, Adolphe [Ill.]
Voyage pittoresque en Espagne et en Portugal — Paris: Belin-Leprieur et Morizot, éditeurs, 1852

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https://doi.org/10.11588/diglit.70977#0178
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144 VOYAGE EN ESPAGNE.
sans que le moindre culte ravive la mémoire de ces premiers soldats de
l'Évangile. Tout à coup, une lumière éclatante apparaît au sommet de la
montagne sur laquelle s'élève aujourd'hui l'église de Compostela; puis
des visions s'y produisent presque chaque nuit. Saisis de crainte, les té-
moins de ces prodiges vont trouver Théodomir, évêque d'Iria, demandant
ses conseils, son intercession, et le priant de venir avec eux visiter les
lieux. L'honorable prélat n'hésite point : après avoir invoqué Dieu, il part
suivi de plusieurs moines, traverse à pied un pays désert que couvre une
forêt vieille comme le monde, gagne le sommet de la colline où, d'après
le témoignage des paysans, se montrait la clarté céleste, et ne tarde point
à l'apercevoir. Aussitôt des fouilles sont ordonnées, on arrive au fond
d'une excavation naturelle, et l'on y trouve l'arche miraculeuse qui
renfermait le corps de saint Jacques. Vous dire comment on sut que
c'était lui, je ne le pourrais; mais l'identité demeura claire comme le
jour. Grande fut la joie de Théodomir, grande la joie du peuple, plus
grande peut-être celle d'Alphonse le Chaste, qui, dans son ravissement,
ordonna de construire, sur le lieu même, une église nommé Santiago
(Saint-Jacques), qu'il dota d'un territoire circulaire d'environ trois
milles de diamètre. Cet établissement religieux autant qu'agricole devint
une ville. Le siége épiscopal d'Iria y fut établi, et des miracles sans
nombre attirèrent, de tous les points de l'Espagne et du monde, une ar-
mée considérable de pèlerins. Saint Jacques, flatté sans doute de l'extrême
confiance dont il était l'objet, veillait sur la Péninsule avec une sollicitude
tout à fait paternelle, conseillant, agissant, suggérant aux princes des
inspirations soudaines, et se mettant quelquefois à la tête de leurs troupes
dans les circonstances décisives. Un jour, principalement, cette tutelle
efficace éclata d'une manière notable. C'était en 946, sous le règne de
Ramiro 1er, roi des Asturies. L'année avait été stérile; une grande
sécheresse, à laquelle vint se joindre une nuée de sauterelles, dévora les
moissons, dessécha le feuillage des arbres. Ces derniers demeurèrent nus,
dépouillés comme au cœur de l'hiver. Frappés par la famine, les mu-
sulmans de l'Espagne mouraient, émigraient en foule ; mais il en était de
même des chrétiens qui fuyant leurs drapeaux, fuyant leurs tentes, lais-
saient les provinces d'Asturies exposées aux razias des infidèles. Le Ivalif
Abderrhamai), vaillant capitaine, prudent comme la couleuvre et rusé
 
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