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LES ASTURIES.
gura le commencement des travaux d'une voie qui n'aura pas
moins d'importance sous le rapport militaire que sous le rapport com-
mercial.
Située à l'extrémité d'une presqu'île, abritée des vents de mer par une
colline, pourvue d'un excellent ancrage, cette ville, plus importante
que Bilbao, capitale aussi bien qu'elle d'une province, d'un partido,
d'un évêché, compte dix-huit à vingt mille âmes de population. Elle
semble une cité maritime anglaise ou française plutôt qu'espagnole.
Aucun port de la Péninsule n'a peut-être moins que Santander l'aspect,
le caractère indigène, et je n'y sache pas un quai dans lequel l'étalage
et l'article se traitent aussi bien qu'ici. Il est vrai que toute l'activité de
la ville se concentre sur ce port et sur ce quai.
A Santander pas plus qu'à Bilbao il ne faut chercher l'existence artis-
tique ou littéraire, la vie de l'âme et du cœur. Dans l'exploitation des
intérêts commerciaux, le cœur et l'âme ne s'escomptent pas; bien plus
ils empêchent, s'ils se montrent, d'avoir confiance en d'autres va-
leurs. Cependant un institut cantabrique, fondé depuis quelques an-
nées dans cette ville, sert à l'enseignement du latin, de la philoso-
phie, de la littérature, des mathématiques, du français, de l'anglais,
de la musique, du commerce, etc. Il passe pour un des meilleurs éta-
blissements scientifiques de l'Espagne. Presque tous les habitants sont
marins, pêcheurs et négociants. Ce sont des femmes qui, dans les rues,
font l'ouvrage de portefaix. Les alamedas de Becedo et de los Barcos
sont les promenades les plus fréquentées, mais l'ami de la nature suit
volontiers les rives de la Ria ou les pentes solitaires des montagnes
voisines.
A quelques lieues de Santander, vis-à-vis du port de San-Vicente,
sur la Nonga, se trouve le village de Santillane, que Lesage a rendu
célèbre en y mettant le berceau de Gil Blas. Ensuite, une longue ligne de
côtes monotones, insignifiantes, se succèdent jusqu'à la Catalina dont
les hauts sommets couronnent la presqu'île où pose la ville de Gijon.
L'entrée de son port est étroite, dangereuse, mais l'intérieur de la baie
offre aux navires un excellent abri.
Gijon a quelque importance commerciale, artistique et littéraire.
Son industrie est alimentée par des forges et des fonderies en cui-
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LES ASTURIES.
gura le commencement des travaux d'une voie qui n'aura pas
moins d'importance sous le rapport militaire que sous le rapport com-
mercial.
Située à l'extrémité d'une presqu'île, abritée des vents de mer par une
colline, pourvue d'un excellent ancrage, cette ville, plus importante
que Bilbao, capitale aussi bien qu'elle d'une province, d'un partido,
d'un évêché, compte dix-huit à vingt mille âmes de population. Elle
semble une cité maritime anglaise ou française plutôt qu'espagnole.
Aucun port de la Péninsule n'a peut-être moins que Santander l'aspect,
le caractère indigène, et je n'y sache pas un quai dans lequel l'étalage
et l'article se traitent aussi bien qu'ici. Il est vrai que toute l'activité de
la ville se concentre sur ce port et sur ce quai.
A Santander pas plus qu'à Bilbao il ne faut chercher l'existence artis-
tique ou littéraire, la vie de l'âme et du cœur. Dans l'exploitation des
intérêts commerciaux, le cœur et l'âme ne s'escomptent pas; bien plus
ils empêchent, s'ils se montrent, d'avoir confiance en d'autres va-
leurs. Cependant un institut cantabrique, fondé depuis quelques an-
nées dans cette ville, sert à l'enseignement du latin, de la philoso-
phie, de la littérature, des mathématiques, du français, de l'anglais,
de la musique, du commerce, etc. Il passe pour un des meilleurs éta-
blissements scientifiques de l'Espagne. Presque tous les habitants sont
marins, pêcheurs et négociants. Ce sont des femmes qui, dans les rues,
font l'ouvrage de portefaix. Les alamedas de Becedo et de los Barcos
sont les promenades les plus fréquentées, mais l'ami de la nature suit
volontiers les rives de la Ria ou les pentes solitaires des montagnes
voisines.
A quelques lieues de Santander, vis-à-vis du port de San-Vicente,
sur la Nonga, se trouve le village de Santillane, que Lesage a rendu
célèbre en y mettant le berceau de Gil Blas. Ensuite, une longue ligne de
côtes monotones, insignifiantes, se succèdent jusqu'à la Catalina dont
les hauts sommets couronnent la presqu'île où pose la ville de Gijon.
L'entrée de son port est étroite, dangereuse, mais l'intérieur de la baie
offre aux navires un excellent abri.
Gijon a quelque importance commerciale, artistique et littéraire.
Son industrie est alimentée par des forges et des fonderies en cui-
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