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Bégin, Émile Auguste Nicolas Jules; Rouargue, Émile [Ill.]; Rouargue, Adolphe [Ill.]
Voyage pittoresque en Espagne et en Portugal — Paris: Belin-Leprieur et Morizot, éditeurs, 1852

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https://doi.org/10.11588/diglit.70977#0269
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LÉON.

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ramener à la cour; nous devrions dire au camp, car Zamora tenait
encore. Le Cid, oubliant son injure, consentit à revenir. On assure
qu'alors don Sancho, pour honorer un vassal si distingué, courut à
deux lieues au-devant de lui, et que le Cid, en le voyant, mit pied à
terre, et lui offrit, dans les termes suivants, ses conquêtes et son épée :
— «Mon seigneur, mon maître, chassé de votre présence, je ne devais
m'occuper que de recouvrer vos bonnes grâces. Les Maures sont vos
ennemis, je devais combattre les Maures ; je l'ai fait avec succès, secondé
par les braves chevaliers qui m'entourent; j'ai conquis de vastes terri-
toires, des forteresses importantes; je vous les offre. Que votre grâce
daigne les accepter du plus humble de ses sujets....» — Notre monar-
que, sans doute pour éviter l'embarras d'une réponse, releva le héros, se
jeta dans ses bras, fit quelque peu de sentiment; puis, remontant à
cheval, le conduisit au milieu du camp où l'allégresse devint uni-
verselle.
La présence de don Rodrigue valait une nouvelle armée. Il ranima
la valeur des assiégeants, intimida les assiégés, et déjà la ville allait se
rendre lorsque la princesse Urraca, fidèle à ses promesses, mit un poi-
gnard empoisonné dans la main de Vellédo Adolfo, pria la Vierge de lui
être propice et le chargea d'aller frapper le roi dans sa tente, ce qu'il
fit. Sancho mort, on leva le siége. Alphonse, proclamé souverain de
Castille et de Léon par tous les grands des deux royaumes, sortit de
Tolède et vint passer la revue de son armée; mais don Rodrigue déclara
ne vouloir servir le nouveau roi qu'après qu'il aurait juré, avec douze
des premiers officiers, de n'avoir en rien trempé dans le meurtre de son
prédécesseur. Alphonse le jura, mais il exila le Cid, et le prince le plus
débonnaire eût certainement agi comme Alphonse.
Maintenant, arrangez comme il vous plaira les aventures roma-
nesques de don Rodrigue et de Chimène, cousine d'Alphonse; faites-en
la fille du comte Gomes ou du comte d'Oviedo, peu nous importe; il ne
nous importe pas davantage de savoir comment Chimène (doha Xiména),
si sensible, a pu donner sa main à celui qui, dans un combat singulier,
pourfendit son père, comment... On n'en finirait pas. La romance est
explicite, et dans l'usage que nous devons faire ici des traditions his-
toriques, la citation consacrée doit nous suffire.
 
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