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tale, surtout à l'extérieur. C'est le caractère artistique espagnol avec
ses qualités et ses défauts : d'abord une pensée noble, élevée, un jet
presque sublime, puis une profusion de détails, un fini maladroit qui
compromettent l'effet des grandes lignes.
On entre dans la cathédrale par trois côtés, tous trois décorés de
sculptures. Le grand portail, superposition d'arcades, les unes sur-
baissées, les autres cintrées ou tréflées, témoigne de la décadence de l'art,
la recherche de l'effet dans le faire plus que dans la pensée. Son luxe
écrase. J'aime beaucoup mieux l'intérieur du sanctuaire. Rien ne m'y
captive, mais il y règne une ordonnance majestueuse.
San-Thomé, église byzantine du onzième siècle, Santa-Eulalia, San-
Adrian, décorées de têtes de loups, comme on en voit si communément
dans la Grande-Bretagne, de corniches en billettes et de frises en damier,
portent le'cachet de notre école normande. Les églises de Santo-Spiritu,
de San-Benito, de San-Esteban, beaucoup moins anciennes que les précé-
dentes, respirent le caractère indigène. Il en est de même des deux bâti-
ments de l'université, véritables façades d'orfèvrerie, tant le travail en
est menu; du palais servant à l'entrepôt du sel; de l'hôtel de Cuenca,
vis-à-vis les anciens Jésuites; du collège Guadalupe, orné d'une pro-
fusion de détails très-délicats, et du collège actuel des Irlandais, le plus
bel édifice que possède la ville dans le style renaissance.
Le collège des Jésuites, immense bâtiment inachevé; le collège de
Calatrava dont nous avons admiré l'escalier; le collège de San-Bar-
tolomé, d'ordre dorique, où se trouvent cinq ou six tableaux passables,
parmi cent cinquante croûtes, sont les seuls édifices modernes dignes
d'êtres cités. Quant aux maisons particulières, les plus vastes ont un
patio ou des balcons sur la rue. Il en est d'anciennes, décorées d'ar-
moiries, à la construction desquelles le bon goût n'a pas toujours présidé,
témoin l'habitation princière du duc d'Albe, palacio de Alvas; il en est
d'autres également anciennes, surplombant la chaussée, qui présentent
à leurs bases le caractère de l'un des huit derniers siècles.
Tous les guides-livrets du voyageur en Espagne disent fort peu de
chose de la cathédrale byzantine de Salamanque. Ils la citent à peine;
mais, par compensation, ils s'extasient sur les merveilles d'architecture
et de peinture du monastère des Augustines, las Agustinas. Eh bien,
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tale, surtout à l'extérieur. C'est le caractère artistique espagnol avec
ses qualités et ses défauts : d'abord une pensée noble, élevée, un jet
presque sublime, puis une profusion de détails, un fini maladroit qui
compromettent l'effet des grandes lignes.
On entre dans la cathédrale par trois côtés, tous trois décorés de
sculptures. Le grand portail, superposition d'arcades, les unes sur-
baissées, les autres cintrées ou tréflées, témoigne de la décadence de l'art,
la recherche de l'effet dans le faire plus que dans la pensée. Son luxe
écrase. J'aime beaucoup mieux l'intérieur du sanctuaire. Rien ne m'y
captive, mais il y règne une ordonnance majestueuse.
San-Thomé, église byzantine du onzième siècle, Santa-Eulalia, San-
Adrian, décorées de têtes de loups, comme on en voit si communément
dans la Grande-Bretagne, de corniches en billettes et de frises en damier,
portent le'cachet de notre école normande. Les églises de Santo-Spiritu,
de San-Benito, de San-Esteban, beaucoup moins anciennes que les précé-
dentes, respirent le caractère indigène. Il en est de même des deux bâti-
ments de l'université, véritables façades d'orfèvrerie, tant le travail en
est menu; du palais servant à l'entrepôt du sel; de l'hôtel de Cuenca,
vis-à-vis les anciens Jésuites; du collège Guadalupe, orné d'une pro-
fusion de détails très-délicats, et du collège actuel des Irlandais, le plus
bel édifice que possède la ville dans le style renaissance.
Le collège des Jésuites, immense bâtiment inachevé; le collège de
Calatrava dont nous avons admiré l'escalier; le collège de San-Bar-
tolomé, d'ordre dorique, où se trouvent cinq ou six tableaux passables,
parmi cent cinquante croûtes, sont les seuls édifices modernes dignes
d'êtres cités. Quant aux maisons particulières, les plus vastes ont un
patio ou des balcons sur la rue. Il en est d'anciennes, décorées d'ar-
moiries, à la construction desquelles le bon goût n'a pas toujours présidé,
témoin l'habitation princière du duc d'Albe, palacio de Alvas; il en est
d'autres également anciennes, surplombant la chaussée, qui présentent
à leurs bases le caractère de l'un des huit derniers siècles.
Tous les guides-livrets du voyageur en Espagne disent fort peu de
chose de la cathédrale byzantine de Salamanque. Ils la citent à peine;
mais, par compensation, ils s'extasient sur les merveilles d'architecture
et de peinture du monastère des Augustines, las Agustinas. Eh bien,
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