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VOYAGE EN ESPAGNE.
Iède en 1577, et qui mourut en 1625, après l'exécution d'une innom-
brable quantité d'ouvrages dans les trois genres. La porte du nord,
à laquelle un arc-en-tiers point fut adapté pour soutenir l'horloge qui
la surmonte, présente une ornementation fine très-bien fouillée, trop
peut-être pour être en harmonie avec l'ensemble de l'édifice; ornemen-
tation dans le goût espagnol de la bonne époque, et dont le genre se
retrouve en certaines parties du cloître, où nous voyons deux portes
du quinzième siècle, bien différentes l'une de l'autre. Celle qui s'ouvre
extérieurement est sculptée d'une main minutieuse, sans élan, sans
hardiesse; celle, au contraire, qui communique avec l'intérieur, date
selon toute apparence, des premières années du quinzième siècle, et pré-
sente une sobriété d'ornementation bien remarquable. On y distingue,
accostés contre les montants, une sibylle, un prophète; entre les deux
baies, une sainte Catherine : des armoiries, des anges, des bustes d'é¬
vêques, complètent le système général de décoration de cette entrée,
au tympan de laquelle se trouve peinte une Salutation angélique dans
le style du seizième siècle. Le tout a été colorié et doré, d'une ma-
nière on ne peut plus délicate. Cette partie de l'édifice doit inspirer
le plus haut intérêt comme étude de l'art, parce qu'on y reconnaît la
touche et le ciseau d'artistes indigènes et d'artistes étrangers. Les
feuilles, les fleurons qui surmontent l'encadrement ogival, nous sem-
blent d'une facture espagnole. Il en est de même de divers accessoires,
tandis que les figures respirent le faire de l'école de Cologne. La pein-
ture du tympan rappelle l'école florentine. On ne s'explique point, à
moins d'admettre deux époques bien différentes, bien éloignées l'une
de l'autre , une exécution si riche, si brillante, tandis que le côté de
l'entrée qui donne dans l'église et qui présente la Vierge, le Christ assis
et diverses statuettes, se trouve traité de la manière la plus lourde.
La porte dite des Lions, puerta de los Leones, à cause des lions qui
la décorent, occupe l'extrémité du transsept. Les sculptures qu'on y
voit, exécutées d'une main aussi ferme que décidée, avec un mou-
vement extraordinaire, une richesse, une variété de composition que
rien ne surpasse dans la Péninsule, présente des bustes, des armoiries,
des combats en champ clos, des chimères et divers personnages fan-
tastiques. On y voit un revêtement en plaques de bronze appliquées le
VOYAGE EN ESPAGNE.
Iède en 1577, et qui mourut en 1625, après l'exécution d'une innom-
brable quantité d'ouvrages dans les trois genres. La porte du nord,
à laquelle un arc-en-tiers point fut adapté pour soutenir l'horloge qui
la surmonte, présente une ornementation fine très-bien fouillée, trop
peut-être pour être en harmonie avec l'ensemble de l'édifice; ornemen-
tation dans le goût espagnol de la bonne époque, et dont le genre se
retrouve en certaines parties du cloître, où nous voyons deux portes
du quinzième siècle, bien différentes l'une de l'autre. Celle qui s'ouvre
extérieurement est sculptée d'une main minutieuse, sans élan, sans
hardiesse; celle, au contraire, qui communique avec l'intérieur, date
selon toute apparence, des premières années du quinzième siècle, et pré-
sente une sobriété d'ornementation bien remarquable. On y distingue,
accostés contre les montants, une sibylle, un prophète; entre les deux
baies, une sainte Catherine : des armoiries, des anges, des bustes d'é¬
vêques, complètent le système général de décoration de cette entrée,
au tympan de laquelle se trouve peinte une Salutation angélique dans
le style du seizième siècle. Le tout a été colorié et doré, d'une ma-
nière on ne peut plus délicate. Cette partie de l'édifice doit inspirer
le plus haut intérêt comme étude de l'art, parce qu'on y reconnaît la
touche et le ciseau d'artistes indigènes et d'artistes étrangers. Les
feuilles, les fleurons qui surmontent l'encadrement ogival, nous sem-
blent d'une facture espagnole. Il en est de même de divers accessoires,
tandis que les figures respirent le faire de l'école de Cologne. La pein-
ture du tympan rappelle l'école florentine. On ne s'explique point, à
moins d'admettre deux époques bien différentes, bien éloignées l'une
de l'autre , une exécution si riche, si brillante, tandis que le côté de
l'entrée qui donne dans l'église et qui présente la Vierge, le Christ assis
et diverses statuettes, se trouve traité de la manière la plus lourde.
La porte dite des Lions, puerta de los Leones, à cause des lions qui
la décorent, occupe l'extrémité du transsept. Les sculptures qu'on y
voit, exécutées d'une main aussi ferme que décidée, avec un mou-
vement extraordinaire, une richesse, une variété de composition que
rien ne surpasse dans la Péninsule, présente des bustes, des armoiries,
des combats en champ clos, des chimères et divers personnages fan-
tastiques. On y voit un revêtement en plaques de bronze appliquées le