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Bégin, Émile Auguste Nicolas Jules; Rouargue, Émile [Ill.]; Rouargue, Adolphe [Ill.]
Voyage pittoresque en Espagne et en Portugal — Paris: Belin-Leprieur et Morizot, éditeurs, 1852

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https://doi.org/10.11588/diglit.70977#0520
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VOYAGE EN ESPAGNE.

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Le château d'Alcala, fort considérable lorsqu'en 1215 il se rendit à
saint Ferdinand, a perdu beaucoup de ses dépendances; mais tel qu'il
est, on doit le regarder encore comme une des plus belles ruines du
pays. On en distingue très-bien les trois enceintes, dans l'intervalle
desquelles s'élevaient d'énormes tours carrées communiquant de l'une à
l'autre. Sur l'autre colline, vis-à-vis celle occupée par l'alcazar, se trou-
vent les restes d'une petite mosquée. La ïorre mocha, tour du donjon;
les citernes (a/gibes), et les greniers souterrains (mazmorras) destinés
à la conservation du blé, méritent l'attention des voyageurs. Une ville
espagnole a remplacé la ville mauresque qui s'étendait au versant de
la colline; mais on peut distinguer leurs appartenances réciproques.
Alcala ne méritait pas moins son titre de Hienippa, cité des sources,
que sa qualification de Guadaira, cité, château de la rivière d'Aira; car
l'Aira serpente avec grâce au pied de ses deux collines plantées d'ar-
brisseaux ou de pampres que leurs vrilles festonnent en arcades; et le
territoire circonvoisin se trouve percé de tunnels, de réservoirs, d'où
les Romains, les Maures, puis les Espagnols, ont fait venir l'eau qui,
de nos jours encore, alimente les fontaines de Séville. Cette eau cris-
talline, si pure, si fraîche, contribue autant que la farine à la bonté
du pain, à la santé du peuple : dirigée d'abord dans un conduit sou-
terrain, puis sur des arches appelées Caîtos de Carmona, elle suit la
grande route, semblant indiquer d'avance aux voyageurs les éléments
de bien-être qui les attendent dans la capitale andalousienne.
Nous eussions bien désiré nous arrêter suffisamment à la porte d'Al-
cala pour visiter un retable du sculpteur Montanès, dont les œuvres
ne sont pas communes; et pour y vérifier si les tableaux de Pachéco,
beau-père de Yelazquez, que possède l'église Saint-Sébastien, méri-
tent la réputation qu'on leur a faite; mais le majorai et les mules
avaient hàte d'atteindre Séville dont nous n'étions plus qu'à huit ki-
lomètres. Déjà la giralda nous en indiquait l'assiette, au milieu
d'une immense plaine mamelonnée qu'ombragent des forêts d'oliviers
géants, de grenadiers et d'orangers; déjà nous touchions la Cruz
del Campo; des allées verdoyantes s'ouvraient devant nous; des li-
gnes crénelées, des clochers et des belvédères dessinaient un grand
échiquier sous la voûte bleue du ciel; nous atteignions Séville.
 
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