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Bégin, Émile Auguste Nicolas Jules; Rouargue, Émile [Ill.]; Rouargue, Adolphe [Ill.]
Voyage pittoresque en Espagne et en Portugal — Paris: Belin-Leprieur et Morizot, éditeurs, 1852

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https://doi.org/10.11588/diglit.70977#0018
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INTRODUCTION.
phonse le Sage, et tend une main protectrice à ces artistes sculp-
teurs et peintres qui, dans plusieurs milliers d'églises, ont idéalisé
la prière, matérialisé la lettre du dogme pour la rendre palpable,
et qui ont transporté de leur âme sur les murailles et sur la toile
les croyances si pures, les motifs de consolation si douce que la
religion inspire.
L'Espagne arrivait sous le porche de la cathédrale de Tolède,
où l'attendait le cardinal-archevêque avec tout son clergé, lorsque
deux immenses tableaux se déroulèrent devant elle : l'un et l'autre
représentaient un enfant royal au berceau. Dans la première des
deux toiles, empreinte d'actualité, resplendissante des couleurs
les plus vives, on voyait Charles-Quint naissant sur la limite de
deux siècles, pour sceller la pierre du tombeau dans lequel le
moyen âge dormira d'un sommeil éternel, et pour ouvrir à la
renaissance la carrière qu'elle mesure avec audace. Cette toile
portait la date 25 février 1500. L'autre toile, songe prophétique
esquissé dans les teintes vaporeuses d'un demi-jour, laissait aper-
cevoir une scène tumultueuse, émouvante, passionnée : une femme
aimée du peuple espagnol, épouse, mère et reine, frappée du cou-
teau parricide d'un fanatique insensé; mais à côté d'elle un ange
gardien qui, du bout de son aile, fait dévier l'instrument fatal,
puis d'un souffle répand dans l'âme de l'infante et de son auguste
mère les trésors de la grâce. L'inscription, Atocha, 2 février 1352,
se lisait au bas de cette création qu'une palette invisible avait
exécutée pour instruire et rassurer l'Espagne.
Entre les deux époques marquées par deux faits d'un intérêt
si grand, se place une période de trois siècles et demi, pendant
laquelle ont régné sur le monde la forme aux dépens de l'idéal, la
discussion de la raison pure aux dépens de la poésie : c'est la pé-
riode des révolutions politiques faites pour le compte de l'indivi-
dualisme, gouffre resté béant, au fond duquel, tôt ou tard, se
précipiterait l'ordre social, si l'on n'y portait remède.
 
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