CATALOGNE.
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Moreno; la manière dont le traite cet aimable amphitryon; l'anecdote
d'une tête de bronze, chef-d'œuvre de mécanique; le tableau d'un in-
térieur d'imprimerie où se rendle chevalier de la Triste-Figure, donnent
une idée curieuse de cette ville à l'époque de la renaissance. On y fabri-
quait des armes excellentes, des pistolets renommés appelés pedre-
îiales; on y faisait des joutes auxquelles se rendaient quantité de
gentilshommes. «Vous pourrez montrer là votre valeur, dit Geromino.
— C'est mon intention, répliqua don Quichotte.» (II, ch. lx.)
L'imprimerie s'introduisit à Barcelone en 1475. Nic. Antonio affirme
connaître le traité De Epidemia et peste de Yalescus de Tarente, portant
le nom de cette ville. Les années suivantes, on y voit établis Nicolas
Spindeler le Savoyard, et Pierre Brunus ou Bru, associés en 1478-1482;
ensuite Bru, imprimant seul, de 1482 à 1501; Pierre Posa, prêtre
catalan et le Savoyard Pierre Bru , associés ; puis Posa, imprimant seul
depuis 1482 jusqu'en 1494. Il eut pour rivaux Pierre Michael Miguel,
citoyen de Barcelone, dont nous connaissons plusieurs œuvres, de 1491
à 1499; Pierre Vendrell (1484); Jean Baro (1493); Jean Rosenbach, de
Heidelberg (1493-1526); Jacques Gumiel, Castillan (1494-1497); Jean
Luchner, Allemand (1495-1498), etc.
Cette liste d'imprimeurs, déjà longue, n'est cependant pas complète :
elle suffit pour donner une idée du mouvement intellectuel, du com-
merce des livres à Barcelone. Entre autres ouvrages curieux publiés
dans cette ville au quinzième siècle, nous citerons un Quinte-Curce en
langue limousine. Le couvent du Mont-Serrat, les villes de Lérida, Gi-
rone, Tarragone, possédaient également une imprimerie florissante.
Beaucoup d'hommes distingués sont originaires de Barcelone; le
peintre P. Cuquet (1594-1666); J. Sauveur de Calvo, dit le Brave Ca-
pitaine (1625-1690) ; le pharmacien Carbonell, professeur lucide dont
j'ai suivi les cours de chimie en 1824-1825, à l'école de la Lonja, et
dont je me rappelle avec gratitude l'affectueuse complaisance.
Barcelone est une des villes qui, dans mon imaginative de jeunesse,
occupent la plus large place. J'y ai vécu huit mois, logé militairement
calle de los Mercadores, chez la veuve d'un riche négociant, madame
Montfort, brave et digne femme, ayant un fils aîné et un fils plus jeune
dans les affaires, un autre fils étudiant le droit à l'université de Sala-
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Moreno; la manière dont le traite cet aimable amphitryon; l'anecdote
d'une tête de bronze, chef-d'œuvre de mécanique; le tableau d'un in-
térieur d'imprimerie où se rendle chevalier de la Triste-Figure, donnent
une idée curieuse de cette ville à l'époque de la renaissance. On y fabri-
quait des armes excellentes, des pistolets renommés appelés pedre-
îiales; on y faisait des joutes auxquelles se rendaient quantité de
gentilshommes. «Vous pourrez montrer là votre valeur, dit Geromino.
— C'est mon intention, répliqua don Quichotte.» (II, ch. lx.)
L'imprimerie s'introduisit à Barcelone en 1475. Nic. Antonio affirme
connaître le traité De Epidemia et peste de Yalescus de Tarente, portant
le nom de cette ville. Les années suivantes, on y voit établis Nicolas
Spindeler le Savoyard, et Pierre Brunus ou Bru, associés en 1478-1482;
ensuite Bru, imprimant seul, de 1482 à 1501; Pierre Posa, prêtre
catalan et le Savoyard Pierre Bru , associés ; puis Posa, imprimant seul
depuis 1482 jusqu'en 1494. Il eut pour rivaux Pierre Michael Miguel,
citoyen de Barcelone, dont nous connaissons plusieurs œuvres, de 1491
à 1499; Pierre Vendrell (1484); Jean Baro (1493); Jean Rosenbach, de
Heidelberg (1493-1526); Jacques Gumiel, Castillan (1494-1497); Jean
Luchner, Allemand (1495-1498), etc.
Cette liste d'imprimeurs, déjà longue, n'est cependant pas complète :
elle suffit pour donner une idée du mouvement intellectuel, du com-
merce des livres à Barcelone. Entre autres ouvrages curieux publiés
dans cette ville au quinzième siècle, nous citerons un Quinte-Curce en
langue limousine. Le couvent du Mont-Serrat, les villes de Lérida, Gi-
rone, Tarragone, possédaient également une imprimerie florissante.
Beaucoup d'hommes distingués sont originaires de Barcelone; le
peintre P. Cuquet (1594-1666); J. Sauveur de Calvo, dit le Brave Ca-
pitaine (1625-1690) ; le pharmacien Carbonell, professeur lucide dont
j'ai suivi les cours de chimie en 1824-1825, à l'école de la Lonja, et
dont je me rappelle avec gratitude l'affectueuse complaisance.
Barcelone est une des villes qui, dans mon imaginative de jeunesse,
occupent la plus large place. J'y ai vécu huit mois, logé militairement
calle de los Mercadores, chez la veuve d'un riche négociant, madame
Montfort, brave et digne femme, ayant un fils aîné et un fils plus jeune
dans les affaires, un autre fils étudiant le droit à l'université de Sala-