VOYAGE EN ESPAGNE.
166
fort nombreuse, un musée auquel il ne manque que de bons tableaux,
une société philharmonique, des hôpitaux considérables, une maison de
charité fondée en 1799, une maison de détention établie sur une large
échelle, un hôtel des monnaies, un arsenal, une fonderie de canons,
une salle d'armes, etc.
Indépendamment du commerce maritime, cette ville a presque le
monopole de plusieurs fabrications sans rivales en Espagne, quoique
très-imparfaites encore. La grosse orfèvrerie, l'imprimerie, les tissus
de coton, la mercerie lui procurent des revenus considérables; mais
elle prend un caractère de langueur et de tristesse aussitôt que la mer
est fermée à ses vaisseaux. Autant elle est brillante et joyeuse lorsque
son négoce va bien, autant elle est triste et désespérée aussitôt qu'elle
n'est plus libre de prendre son essor. Ses navires, veufs de matelots,
se balancent tristement dans la rade. Les quais, les places, les rues,
les grandes manufactures ne retentissent plus des chants de fêtes qu'aux
jours prospères on entend chaque matin et chaque soir. La misère rem-
place l'air joyeux que vous remarquez aujourd'hui partout. Aux pre-
mières lueurs d'espérance, la vie se ranime; une ardeur nouvelle s'em-
pare de chacun; le luxe d'hier est dépassé, la vanité, l'orgueil des
négociants redouble, l'or reprend son cours...
L'histoire de Barcelone se rattache, on le conçoit, à tous les événe-
ments principaux de la Péninsule, soit que cette ville ait accepté l'im-
pulsion, soit qu'elle-même l'ait donnée. Fondée 230 ans avant l'ère
chrétienne, elle a passé successivement des Carthaginois aux Romains,
des Romains aux Goths, des Goths aux Francs sous Charlemagne. Prise
en 926 par les Arabes, reprise par les Français qui l'ont possédée comme
vassale jusqu'en 1258, elle rentra dans la possession de la couronne
de Castille, et retomba au pouvoir des Français, en 1697, 1714, 1808.
Désolée, en 1821, par la fièvre jaune, elle fut témoin du dévouement
courageux des Mazet, des Roche, des Pariset, médecins français accou-
rus pour étudier et maîtriser le fléau. Nous l'occupâmes militairement
de 1823 à 1827. Insurgée en 1842-1843, elle éprouva tous les malheurs
qui peuvent accompagner une guerre civile.
La réception de don Quichotte à Barcelone, la description d'une fête
maritime dont il est l'objet; le caractère de son hôte, don Antonio
166
fort nombreuse, un musée auquel il ne manque que de bons tableaux,
une société philharmonique, des hôpitaux considérables, une maison de
charité fondée en 1799, une maison de détention établie sur une large
échelle, un hôtel des monnaies, un arsenal, une fonderie de canons,
une salle d'armes, etc.
Indépendamment du commerce maritime, cette ville a presque le
monopole de plusieurs fabrications sans rivales en Espagne, quoique
très-imparfaites encore. La grosse orfèvrerie, l'imprimerie, les tissus
de coton, la mercerie lui procurent des revenus considérables; mais
elle prend un caractère de langueur et de tristesse aussitôt que la mer
est fermée à ses vaisseaux. Autant elle est brillante et joyeuse lorsque
son négoce va bien, autant elle est triste et désespérée aussitôt qu'elle
n'est plus libre de prendre son essor. Ses navires, veufs de matelots,
se balancent tristement dans la rade. Les quais, les places, les rues,
les grandes manufactures ne retentissent plus des chants de fêtes qu'aux
jours prospères on entend chaque matin et chaque soir. La misère rem-
place l'air joyeux que vous remarquez aujourd'hui partout. Aux pre-
mières lueurs d'espérance, la vie se ranime; une ardeur nouvelle s'em-
pare de chacun; le luxe d'hier est dépassé, la vanité, l'orgueil des
négociants redouble, l'or reprend son cours...
L'histoire de Barcelone se rattache, on le conçoit, à tous les événe-
ments principaux de la Péninsule, soit que cette ville ait accepté l'im-
pulsion, soit qu'elle-même l'ait donnée. Fondée 230 ans avant l'ère
chrétienne, elle a passé successivement des Carthaginois aux Romains,
des Romains aux Goths, des Goths aux Francs sous Charlemagne. Prise
en 926 par les Arabes, reprise par les Français qui l'ont possédée comme
vassale jusqu'en 1258, elle rentra dans la possession de la couronne
de Castille, et retomba au pouvoir des Français, en 1697, 1714, 1808.
Désolée, en 1821, par la fièvre jaune, elle fut témoin du dévouement
courageux des Mazet, des Roche, des Pariset, médecins français accou-
rus pour étudier et maîtriser le fléau. Nous l'occupâmes militairement
de 1823 à 1827. Insurgée en 1842-1843, elle éprouva tous les malheurs
qui peuvent accompagner une guerre civile.
La réception de don Quichotte à Barcelone, la description d'une fête
maritime dont il est l'objet; le caractère de son hôte, don Antonio