VII
MENDIClTÉ
Donnez, donnez, sur cette terre
Donnez, le ciel vous le rendra.
E. Scribe, La Part dû Diable.
L'aumône est sœur de la prière
Y. Hugo, Feuilles d'automne.
Rareté des pauvres en Catalogne et dans les provinces ba sques. — Industriels nomades. — Le métier de
mendiant organisé en Castille et dans la Manche. — Ténacité de la race mendiante. — Mendicité dans
les églises. — Aranda de Duero, quartier général des mendiants. — Types des mendiants de Murillo.
J'avais traversé la Catalogue n'y rencontrant que juste le nombre de
pauvres nécessaires pour établir des contrastes, comme une tache pres-
que imperceptible qu'on souffre de voir dans le plein d'une belle étoffe
et que l'intelligente tailleuse dissimule sous quelque ornement. Je par-
courus ensuite les provinces basques, et si je fus heureux d'y trouver
peu de chiens, je ne le fus pas moins de n'apercevoir presque aucun
pauvre. A la bonne heure, me disais-je, la fierté espagnole est consé-
quente avec elle-même, et j'aime la réserve hautaine de cette servante
de bas étage à qui je présente deux cuartos en témoignage de grati-
tude d'un verre d'eau limpide, et qui, ne voulant pas se salir la main
ni déroger à sa dignité en acceptant ma modeste offrande, me fait signe
de la déposer sur l'assiette.
Je ne qualifierai pas du titre de mendiants les industriels nomades
qui m'offrent des fleurs, des oranges ou des cigarettes, car entre eux
et moi règne le système du libre échange : moyennant une pièce de
monnaie souvent gênante au fond du gousset, je me procure des sen-
sations agréables; à plus forte raison isolerai-je de la classe mendiante
MENDIClTÉ
Donnez, donnez, sur cette terre
Donnez, le ciel vous le rendra.
E. Scribe, La Part dû Diable.
L'aumône est sœur de la prière
Y. Hugo, Feuilles d'automne.
Rareté des pauvres en Catalogne et dans les provinces ba sques. — Industriels nomades. — Le métier de
mendiant organisé en Castille et dans la Manche. — Ténacité de la race mendiante. — Mendicité dans
les églises. — Aranda de Duero, quartier général des mendiants. — Types des mendiants de Murillo.
J'avais traversé la Catalogue n'y rencontrant que juste le nombre de
pauvres nécessaires pour établir des contrastes, comme une tache pres-
que imperceptible qu'on souffre de voir dans le plein d'une belle étoffe
et que l'intelligente tailleuse dissimule sous quelque ornement. Je par-
courus ensuite les provinces basques, et si je fus heureux d'y trouver
peu de chiens, je ne le fus pas moins de n'apercevoir presque aucun
pauvre. A la bonne heure, me disais-je, la fierté espagnole est consé-
quente avec elle-même, et j'aime la réserve hautaine de cette servante
de bas étage à qui je présente deux cuartos en témoignage de grati-
tude d'un verre d'eau limpide, et qui, ne voulant pas se salir la main
ni déroger à sa dignité en acceptant ma modeste offrande, me fait signe
de la déposer sur l'assiette.
Je ne qualifierai pas du titre de mendiants les industriels nomades
qui m'offrent des fleurs, des oranges ou des cigarettes, car entre eux
et moi règne le système du libre échange : moyennant une pièce de
monnaie souvent gênante au fond du gousset, je me procure des sen-
sations agréables; à plus forte raison isolerai-je de la classe mendiante