XX
LES ASTURIES
Toutes les histoires se content dans le pays comme je
vous dis la mienne; je ne les sais point d'autre façon.
Don Quichotte, liv. I, ch. xx.
Le cours du Nervion. — La ville d'Orduna. — Santander. — Santillane. — Gijon et ses monuments
byzantins. — Le cap du Malheur. — Aviles et ses constructions normandes. — Oviedo, sa cathédrale,
ses reliques, ses vieilles églises et ses ruines historiques. — La Cavadonga et la montagne d'Auseba. —
Chronique de la mort d'Alkama et du triomphe de Pélage. — Royaume et tombeau de Pélage. — Con-
stitution physique, produits, ressources des Asturies. — Mœurs et costumes populaires. — Chasse aux
ours. — Le querelleur et le couteleur. — Légende de la vierge de Cavadonga et du malheureux Fabio.
Nous eussions bien voulu remonter l'agréable rivière de Nervion, si
fraîche, si riante, si parée, et visiter Orduüa, longtemps capitale des
pays basques. On nous avait dit de rechercher cette capitale ailleurs,
vers les pics neigeux de la Pena, et d'aller voir, dans les solitudes sau-
vages des Asturies, quelle était la plus inaccessible de la demeure de
l'homme ou de la demeure de l'aigle. Malheureusement une excellente
brise soufflait du golfe de Gascogne, et notre capitaine avait hâte d'at-
teindre Santander, le Portas Blendium des Romains, le port célèbre d'où
partit, en 1248, la flotte de saint Ferdinand, pour aller bloquer Sé-
ville. Beaucoup d'autres expéditions maritimes se sont préparées là. Le
16 juillet 1522, Charles-Quint, venant prendre possession de l'Espagne,
débarqua sur la plage de Santander, qui jouissait alors d'une grande
importance par ses relations récentes avec l'Amérique. Cette importance
s'est maintenue jusqu'à nos jours et s'accroîtra considérablement, dès
qu'une ligne ferrée joindra Madrid à Santander. On y travaille avec
beaucoup d'activité. Dans le mois de mai dernier, je fus témoins du vif
enthousiasme qui accueillit Sa Majesté le roi d'Espagne, lorsqu'il inau-
LES ASTURIES
Toutes les histoires se content dans le pays comme je
vous dis la mienne; je ne les sais point d'autre façon.
Don Quichotte, liv. I, ch. xx.
Le cours du Nervion. — La ville d'Orduna. — Santander. — Santillane. — Gijon et ses monuments
byzantins. — Le cap du Malheur. — Aviles et ses constructions normandes. — Oviedo, sa cathédrale,
ses reliques, ses vieilles églises et ses ruines historiques. — La Cavadonga et la montagne d'Auseba. —
Chronique de la mort d'Alkama et du triomphe de Pélage. — Royaume et tombeau de Pélage. — Con-
stitution physique, produits, ressources des Asturies. — Mœurs et costumes populaires. — Chasse aux
ours. — Le querelleur et le couteleur. — Légende de la vierge de Cavadonga et du malheureux Fabio.
Nous eussions bien voulu remonter l'agréable rivière de Nervion, si
fraîche, si riante, si parée, et visiter Orduüa, longtemps capitale des
pays basques. On nous avait dit de rechercher cette capitale ailleurs,
vers les pics neigeux de la Pena, et d'aller voir, dans les solitudes sau-
vages des Asturies, quelle était la plus inaccessible de la demeure de
l'homme ou de la demeure de l'aigle. Malheureusement une excellente
brise soufflait du golfe de Gascogne, et notre capitaine avait hâte d'at-
teindre Santander, le Portas Blendium des Romains, le port célèbre d'où
partit, en 1248, la flotte de saint Ferdinand, pour aller bloquer Sé-
ville. Beaucoup d'autres expéditions maritimes se sont préparées là. Le
16 juillet 1522, Charles-Quint, venant prendre possession de l'Espagne,
débarqua sur la plage de Santander, qui jouissait alors d'une grande
importance par ses relations récentes avec l'Amérique. Cette importance
s'est maintenue jusqu'à nos jours et s'accroîtra considérablement, dès
qu'une ligne ferrée joindra Madrid à Santander. On y travaille avec
beaucoup d'activité. Dans le mois de mai dernier, je fus témoins du vif
enthousiasme qui accueillit Sa Majesté le roi d'Espagne, lorsqu'il inau-