XLV
ARANJUEZ ET LA COUR
Laissons ces vieux débris, sépulcre des cités.
Legouve, La Mélancolie.
Départ de Tolède. — Aspect général d'Aranjuez. — Son histoire, ses vicissitudes, son état présent.—
Exagérations élogicuses sur cette résidence royale. — Quels sont ses mérites et ses inconvénients? —
Description du palais et de la ville. — Notre visite à la cour, notre réception en audience particulière.
— Physionomie de la cour; la reine Isabelle ; la reine Marie-Christine, le roi, etc. - Route d'Aranjuez
à Madrid
Oui, laissons Tolède et Wamba, et Brunechilde et le Cid; ne songeons
pas plus aux brillants tournois que donnait dans sa capitale le bon roi
Rodrigue, qu'il ne faut penser aux terribles auto-da-fé célébrés par
l'inquisition. Le temps, raison suprême, a fait raison de toutes ces
choses; et, puisqu'en parcourant quarante kilomètres, nous franchis-
sons l'immense intervalle de deux époques, la distance qui sépare les
vieilleries du moyen âge des habitudes modernes, l'antique Tolède de
la jeune Aranjuez, n'hésitons pas. Mais, pourquoi la route s'écarte-t-
elle des bords du Tage ? Pourquoi traverser d'arides plaines quand il
serait si agréable de respirer la fraîcheur du fleuve et de s'abriter
sous les ombres où lui-même se glisse, avec une nonchalance que jus-
tifie son bien-être? Évidemment le Tage comprend mieux la vie que
le genre humain ne la conçoit.
Dès le siècle dernier, plusieurs voyageurs, madame Dunois, MM. Col-
menar et Barreti avaient fait d'Aranjuez de brillantes descriptions, trop
chargées pour être exactes. «En voyant Aranjuez, écrit Barreti, un
poëte pourrait dire que Vénus et l'Amour se sont consultés avec Ca-
tulle et Pétrarque pour bâtir une maison de plaisance à Psyché, à
ARANJUEZ ET LA COUR
Laissons ces vieux débris, sépulcre des cités.
Legouve, La Mélancolie.
Départ de Tolède. — Aspect général d'Aranjuez. — Son histoire, ses vicissitudes, son état présent.—
Exagérations élogicuses sur cette résidence royale. — Quels sont ses mérites et ses inconvénients? —
Description du palais et de la ville. — Notre visite à la cour, notre réception en audience particulière.
— Physionomie de la cour; la reine Isabelle ; la reine Marie-Christine, le roi, etc. - Route d'Aranjuez
à Madrid
Oui, laissons Tolède et Wamba, et Brunechilde et le Cid; ne songeons
pas plus aux brillants tournois que donnait dans sa capitale le bon roi
Rodrigue, qu'il ne faut penser aux terribles auto-da-fé célébrés par
l'inquisition. Le temps, raison suprême, a fait raison de toutes ces
choses; et, puisqu'en parcourant quarante kilomètres, nous franchis-
sons l'immense intervalle de deux époques, la distance qui sépare les
vieilleries du moyen âge des habitudes modernes, l'antique Tolède de
la jeune Aranjuez, n'hésitons pas. Mais, pourquoi la route s'écarte-t-
elle des bords du Tage ? Pourquoi traverser d'arides plaines quand il
serait si agréable de respirer la fraîcheur du fleuve et de s'abriter
sous les ombres où lui-même se glisse, avec une nonchalance que jus-
tifie son bien-être? Évidemment le Tage comprend mieux la vie que
le genre humain ne la conçoit.
Dès le siècle dernier, plusieurs voyageurs, madame Dunois, MM. Col-
menar et Barreti avaient fait d'Aranjuez de brillantes descriptions, trop
chargées pour être exactes. «En voyant Aranjuez, écrit Barreti, un
poëte pourrait dire que Vénus et l'Amour se sont consultés avec Ca-
tulle et Pétrarque pour bâtir une maison de plaisance à Psyché, à