ARANJUEZ ET LA COTTR.
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Lesbie, à Laure ou à quelque infante d'Espagne. » Cette exagéra-
tion mensongère, qui ne rend compte de rien, ouvre à la critique
une large porte. Nous n'avons nulle intention d'entrer, par cette voie,
dans un domaine après tout fort agréable, ombreux, frais, soli-
taire, ayant des eaux abondantes, des massifs de verdure, d'élégantes
habitations et même quelque grandeur au milieu d'une simplicité de
bon aloi.
Nous ne savons jusqu'à: quel point est vraie l'étymologie d'ara Jovis,
autel de Jupiter, donnée au nom d'Aranjuez. Personne ne se rappelle
d'avoir vu par ici des ruines romaines. Au quinzième siècle c'était la
campagne d'été d'un grand-maître de Santiago, Lorenzo Suarez de
Figueroa. Ferdinand et Isabelle en devinrent propriétaires, et Charles-
Quint fit d'elle un rendez-vous de chasse. Sous Charles II, l'archi-
tecte de l’Escurial, Ilerrera, bâtit un corps de logis considérable qui,
fort endommagé plus tard par un incendie, nécessita de nouvelles
constructions. Philippe V utilisa quelques parties du château de Ilerrera,
mais il voulut que l'ensemble des bâtiments reçût une disposition à la
française. Ferdinand VI acheva la portion centrale du palais donnant
sur le jardin, et Charles III y ajouta deux ailes. Ainsi la résidence
royale d'Aranjuez est l'œuvre de quatre monarques, comme l'expri-
ment les trois inscriptions suivantes:
PhILIPPUS II INSTITU1T : Philippins V PROVEXIT.
FeRDINANDUS VI, P1US, FELIX, CONSUMMAVIT, AN. 1752.
CAROLUS III ADJECIT, AN. 1775.
Charles 111 changea peu de chose aux parterres ainsi qu'aux allées
du parc, déjà garnies de fontaines et de jets d'eau, sous le règne
de Philippe II. Les principaux monuments hydrauliques des bosquets
sont les lions de l'Ile, la fontaine de Diane, la fontaine des Harpies, la
fontaine de Neptune, celles de Bacchus, des Dauphins et des Amours,
la porte du Soleil, etc. On trouve aussi quelques grottes agréables, des
statues en marbre assez nombreuses, des vases et des bancs fort com-
modes, taillés même avec une noble élégance. Malheureusement, pour
la plupart des sculptures, les monarques constructeurs d'Aranjuez
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Lesbie, à Laure ou à quelque infante d'Espagne. » Cette exagéra-
tion mensongère, qui ne rend compte de rien, ouvre à la critique
une large porte. Nous n'avons nulle intention d'entrer, par cette voie,
dans un domaine après tout fort agréable, ombreux, frais, soli-
taire, ayant des eaux abondantes, des massifs de verdure, d'élégantes
habitations et même quelque grandeur au milieu d'une simplicité de
bon aloi.
Nous ne savons jusqu'à: quel point est vraie l'étymologie d'ara Jovis,
autel de Jupiter, donnée au nom d'Aranjuez. Personne ne se rappelle
d'avoir vu par ici des ruines romaines. Au quinzième siècle c'était la
campagne d'été d'un grand-maître de Santiago, Lorenzo Suarez de
Figueroa. Ferdinand et Isabelle en devinrent propriétaires, et Charles-
Quint fit d'elle un rendez-vous de chasse. Sous Charles II, l'archi-
tecte de l’Escurial, Ilerrera, bâtit un corps de logis considérable qui,
fort endommagé plus tard par un incendie, nécessita de nouvelles
constructions. Philippe V utilisa quelques parties du château de Ilerrera,
mais il voulut que l'ensemble des bâtiments reçût une disposition à la
française. Ferdinand VI acheva la portion centrale du palais donnant
sur le jardin, et Charles III y ajouta deux ailes. Ainsi la résidence
royale d'Aranjuez est l'œuvre de quatre monarques, comme l'expri-
ment les trois inscriptions suivantes:
PhILIPPUS II INSTITU1T : Philippins V PROVEXIT.
FeRDINANDUS VI, P1US, FELIX, CONSUMMAVIT, AN. 1752.
CAROLUS III ADJECIT, AN. 1775.
Charles 111 changea peu de chose aux parterres ainsi qu'aux allées
du parc, déjà garnies de fontaines et de jets d'eau, sous le règne
de Philippe II. Les principaux monuments hydrauliques des bosquets
sont les lions de l'Ile, la fontaine de Diane, la fontaine des Harpies, la
fontaine de Neptune, celles de Bacchus, des Dauphins et des Amours,
la porte du Soleil, etc. On trouve aussi quelques grottes agréables, des
statues en marbre assez nombreuses, des vases et des bancs fort com-
modes, taillés même avec une noble élégance. Malheureusement, pour
la plupart des sculptures, les monarques constructeurs d'Aranjuez
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