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UNE JOURNÉE EN ESPAGNE
Oh! comme le temps se moque de nous!... C'est
une horloge qui va toujours et qui ne sonne que sur
nos visages.
Ducis, Lettre à madame Babois.
Qu'est-ce qu'une journée? — Caractère d'une journée dans les diverses parties de l'Espagne, et particu-
lièrement à Madrid. — Population des rues variant avec les heures. — Habitudes domestiques. — La
sieste. — Les principaux cris de Madrid. — Quelques costumes populaires. — La confrérie des aveu-
gles. — Réunion en plein air. — La Puerta del Sol, le Prado. — Caractère, physionomie des femmes
de Madrid. — Usage de l'éventail. — Dames de la cour et femmes ordinaires. — L'Espagnol fuit le
soleil. — L'Atenœo. — Reflet des mœurs arabes.
Dès qu'une journée n'est autre chose que le résumé de la vie circon-
scrit dans l'espace de douze heures, il semble très-facile, en esquissant
à grands traits ce résumé, d'offrir le tableau véritable de l'existence
espagnole; mais le point de vue varie pour chaque saison, pour chaque
province, pour chaque catégorie sociale, souvent même pour chaque
individu; on ne pense pas, on n'agit pas à l'ombre des chênes légers ou
des pins de la Navarre comme à l'ombre des citronniers de l'Andalousie ;
on ne reçoit pas de la Méditerranée des impressions identiques avec
celles de l'Océan; dans les solitudes de l'Escurial et de la Granja, per-
sonne n'aura les pensées fraîches et riantes que suggère la promenade
des Délices à Séville, ou le jardin du Généraliff à Grenade, ou les déli-
cieux alemadas de Valence; ici, par tous les pores pénètrent des élé-
ments de volupté; là, bien au contraire, se manifestent les capri-
cieuses transitions d'une température qui descend et qui monte
l'échelle thermométrique en faisant des bonds étranges. Il s'agit donc
d'un coup d'œil général; aussi ne quitterons-nous point Madrid sans
le donner.
UNE JOURNÉE EN ESPAGNE
Oh! comme le temps se moque de nous!... C'est
une horloge qui va toujours et qui ne sonne que sur
nos visages.
Ducis, Lettre à madame Babois.
Qu'est-ce qu'une journée? — Caractère d'une journée dans les diverses parties de l'Espagne, et particu-
lièrement à Madrid. — Population des rues variant avec les heures. — Habitudes domestiques. — La
sieste. — Les principaux cris de Madrid. — Quelques costumes populaires. — La confrérie des aveu-
gles. — Réunion en plein air. — La Puerta del Sol, le Prado. — Caractère, physionomie des femmes
de Madrid. — Usage de l'éventail. — Dames de la cour et femmes ordinaires. — L'Espagnol fuit le
soleil. — L'Atenœo. — Reflet des mœurs arabes.
Dès qu'une journée n'est autre chose que le résumé de la vie circon-
scrit dans l'espace de douze heures, il semble très-facile, en esquissant
à grands traits ce résumé, d'offrir le tableau véritable de l'existence
espagnole; mais le point de vue varie pour chaque saison, pour chaque
province, pour chaque catégorie sociale, souvent même pour chaque
individu; on ne pense pas, on n'agit pas à l'ombre des chênes légers ou
des pins de la Navarre comme à l'ombre des citronniers de l'Andalousie ;
on ne reçoit pas de la Méditerranée des impressions identiques avec
celles de l'Océan; dans les solitudes de l'Escurial et de la Granja, per-
sonne n'aura les pensées fraîches et riantes que suggère la promenade
des Délices à Séville, ou le jardin du Généraliff à Grenade, ou les déli-
cieux alemadas de Valence; ici, par tous les pores pénètrent des élé-
ments de volupté; là, bien au contraire, se manifestent les capri-
cieuses transitions d'une température qui descend et qui monte
l'échelle thermométrique en faisant des bonds étranges. Il s'agit donc
d'un coup d'œil général; aussi ne quitterons-nous point Madrid sans
le donner.