RIVE MEDITERRANEENNE DE L'ESPAGNE
RÉCIT DE M. LE DOCTEUR P. MENIÈRE.
Barcelone, 25 août.— Je viens d'être réveillé par une salve de douze
coups de canon. Le mont Joui a célébré l'anniversaire de la naissance de
l'infante, sœur de la reine. Je me suis occupé de mes préparatifs de
départ, j'ai mis en ordre les longs souvenirs que je me plais tant à ré-
colter dans ces voyages si rapides, et j'ai fait une dernière course dans
les quartiers les plus excentriques de la ville. Deux rivières, la Llobregat
et le Bezos, descendent des montagnes voisines, et donnent des eaux
abondantes, bien employées pour la propreté et la salubrité de cette
capitale. J'ai visité plusieurs églises, celle de San-Pablo, celle de San-
Francisco de Paula; aucune ne mérite quelque attention. J'ai tra-
versé la grande rue de la Plateria, et je n'ai vu chez les orfèvres qui la
remplissent aucun travail indiquant du goût. Les dames de la société
ne portent pas de bijoux qui ne viennent de Paris. Enfin, j'ai vu une
sorte d'émeute dans une belle rue où un marchand de gravures venait
d'étaler deux tableaux représentant des scènes de brigands, d'après
Horace Vernet. Elles sont connues à Paris depuis environ dix ans. Les
peintres français sont en possession de défrayer le monde entier. Le
crayon de nos artistes n'a pas moins de succès que la plume de nos
gens de lettres.
Le Phénicien chauffait ses fourneaux, un énorme panache de fumée
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RÉCIT DE M. LE DOCTEUR P. MENIÈRE.
Barcelone, 25 août.— Je viens d'être réveillé par une salve de douze
coups de canon. Le mont Joui a célébré l'anniversaire de la naissance de
l'infante, sœur de la reine. Je me suis occupé de mes préparatifs de
départ, j'ai mis en ordre les longs souvenirs que je me plais tant à ré-
colter dans ces voyages si rapides, et j'ai fait une dernière course dans
les quartiers les plus excentriques de la ville. Deux rivières, la Llobregat
et le Bezos, descendent des montagnes voisines, et donnent des eaux
abondantes, bien employées pour la propreté et la salubrité de cette
capitale. J'ai visité plusieurs églises, celle de San-Pablo, celle de San-
Francisco de Paula; aucune ne mérite quelque attention. J'ai tra-
versé la grande rue de la Plateria, et je n'ai vu chez les orfèvres qui la
remplissent aucun travail indiquant du goût. Les dames de la société
ne portent pas de bijoux qui ne viennent de Paris. Enfin, j'ai vu une
sorte d'émeute dans une belle rue où un marchand de gravures venait
d'étaler deux tableaux représentant des scènes de brigands, d'après
Horace Vernet. Elles sont connues à Paris depuis environ dix ans. Les
peintres français sont en possession de défrayer le monde entier. Le
crayon de nos artistes n'a pas moins de succès que la plume de nos
gens de lettres.
Le Phénicien chauffait ses fourneaux, un énorme panache de fumée
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