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SÉVILLE.
d'Isabelle. Nous y avons aussi vu un cahier authentique, espèce de mé-
moire au roi, qu'on croit original, mais qui n'est qu'une copie notariée
de celui que rédigea Cervantès pour obtenir des secours du gouver-
nement.
Le moyen, à Séville, d'en finir avec les tableaux, avec les sculptures,
avec les autographes, les livres et les antiquités? Il faut vraiment sauter
par-dessus, ou se résigner à demeurer six mois au bord du Guadalquivir,
tour à tour en compagnie des morts et des vivants. Mais, vivre six mois
dans la société de MM. Bueno, avocat et poëte, Luis Sanchez, ingénieux
écrivain; Valéro, artiste et chanteur dramatique; de MM. William et
Merry, consuls d'Angleterre et de Prusse, de tous ces hommes char-
mants qui, pendant une semaine, nous ont enlacés de leurs services et
de leurs manières obligeantes, il n'y aurait plus moyen d'exister ailleurs,
ils vous rendraient Séville agréable au point qu'on ne voudrait plus le
quitter. C'est, du reste, une cité pleine d'animation, originale dans son
attitude; cité dans laquelle les siècles ont presque impunément passé,
car on y retrouve presque toutes les époques, presque toutes les dates:
on peut se figurer Maria Padilla dormant sous les coupoles de l'Alcazar,
et prenant un bain oriental; Charles-Quint, parcourant le même pa-
lais; le débauché don Juan Marana s'ensevelissant au fond du monas-
tère de la Caridad... Ici, quelques Mécènes, parmi lesquels le duc de
Médina Cœli, donnent à tous les débris un asile protecteur, tandis que
la manufacture de tabacs, le théâtre de San-Fernando et la plaza de
Toros portent l'empreinte des mœurs populaires et bourgeoises de l'An-
dalousie. Qui ne connaît ni la gitana grenadine, ni la manola madrilé-
nienne, ni la cigarrera sévillane, ne connaît aucun des grands types
féminins de l'Espagne.
TAUROMACHIE.
Dans la curieuse bibliothèque de M. Bueno (calle Conteros) , j'avais
parcouru, d'un œil curieux, certain manuscrit in-folio de soixante-dix-
neuf pages, dédié à don Josef de la Texera par son auteur el senor José
Delgado (alias) yelo , et portant la date 1733. Ce livre a pour titre :
La Tavromaqvia 6 ciencia del Toro ; obra vtilisima para los Toreros de
profesion, para los Aficionados, y ioda clase de sugetos que gusian de
SÉVILLE.
d'Isabelle. Nous y avons aussi vu un cahier authentique, espèce de mé-
moire au roi, qu'on croit original, mais qui n'est qu'une copie notariée
de celui que rédigea Cervantès pour obtenir des secours du gouver-
nement.
Le moyen, à Séville, d'en finir avec les tableaux, avec les sculptures,
avec les autographes, les livres et les antiquités? Il faut vraiment sauter
par-dessus, ou se résigner à demeurer six mois au bord du Guadalquivir,
tour à tour en compagnie des morts et des vivants. Mais, vivre six mois
dans la société de MM. Bueno, avocat et poëte, Luis Sanchez, ingénieux
écrivain; Valéro, artiste et chanteur dramatique; de MM. William et
Merry, consuls d'Angleterre et de Prusse, de tous ces hommes char-
mants qui, pendant une semaine, nous ont enlacés de leurs services et
de leurs manières obligeantes, il n'y aurait plus moyen d'exister ailleurs,
ils vous rendraient Séville agréable au point qu'on ne voudrait plus le
quitter. C'est, du reste, une cité pleine d'animation, originale dans son
attitude; cité dans laquelle les siècles ont presque impunément passé,
car on y retrouve presque toutes les époques, presque toutes les dates:
on peut se figurer Maria Padilla dormant sous les coupoles de l'Alcazar,
et prenant un bain oriental; Charles-Quint, parcourant le même pa-
lais; le débauché don Juan Marana s'ensevelissant au fond du monas-
tère de la Caridad... Ici, quelques Mécènes, parmi lesquels le duc de
Médina Cœli, donnent à tous les débris un asile protecteur, tandis que
la manufacture de tabacs, le théâtre de San-Fernando et la plaza de
Toros portent l'empreinte des mœurs populaires et bourgeoises de l'An-
dalousie. Qui ne connaît ni la gitana grenadine, ni la manola madrilé-
nienne, ni la cigarrera sévillane, ne connaît aucun des grands types
féminins de l'Espagne.
TAUROMACHIE.
Dans la curieuse bibliothèque de M. Bueno (calle Conteros) , j'avais
parcouru, d'un œil curieux, certain manuscrit in-folio de soixante-dix-
neuf pages, dédié à don Josef de la Texera par son auteur el senor José
Delgado (alias) yelo , et portant la date 1733. Ce livre a pour titre :
La Tavromaqvia 6 ciencia del Toro ; obra vtilisima para los Toreros de
profesion, para los Aficionados, y ioda clase de sugetos que gusian de