CHEMINS DE L’ E M P I R E. Liv. V. 415
prefentée , il le rétira des mains d’Attalus, 8c le mit pour premiere
piece étrangere en parade au Temple de Cerés. Ce furcnt neantmoms
Jule Cefar Sc Marcus Agrippa , qui mirent en vogue les Tableaux
étrangers dedans Rome. Le premier defquels dédia un Tableau d’A-
jax , & un autre de Medée , au frontifpice du Temple de Venus,
qu’il appelloit fa Mere. Sedpracipuam auïïoritatem publice fecit tabuîis
Cœfar Diciaîor , Âjace & Medea ante Veneris Genïtricis œdem dicatis.
Poft eitm M. sdgnppa , vir ruflicitati quam deliciis propior. Mais ceîuy
qui fit voir à Rome le plus grand nombre de Tableaux excellcns, fut
M. Scaurus, fïis de la remme de Sylla , qui eut la dépoiiille entiere
des Tabieaux de Sicyon , vendus pour le paycment des dettes des ha-
bitans. Et il y en avoit une telie quantité, qu’il en remplit fon grand
Theatre , 8c en eut encore un grand nombre de reile. Aufh la ville de
Sicyon étoit le vray pays de la Peinture, êc des Peintresde touteîaGre-
ce , comtne dit Piine , Sicyon dm fuiî patria picturæ. Pabellas enim om- Lf'
nes ex publico , propter œs aliemm Civitatis addtttas , Scauri adilitas
Romam tranfiulit.
y. Auguite Cefar en colloqua deux excellens aux lieux les plus cé-
lebres de la grande Place ou Marché qu’ii fit balfir à Rome , defquels
Pline fait mention en ces termes : Romæ Caftorem {fl Poîlucem cum L.^.c,
Vibioria , £5? Alexandro Magno. Item Belli imaginem , reftriïïis à tergo
manibus , Alexandro in curru triumphante. Quas utrafjue tabuîas Di-
<uus Auguftus in Fori Jui partibus ceîeberrimis ciicaverat. Tous ces Ta-
bieaux étoient pieces rares des plus exceilens Peintres de l’ancienne
Grece , defquels la ville de Rome fut enrichie en plufieurs endroits.
Tel fut le Tableau de Paufias réprefentant l’immolation de plufieurs
bœufs & taureaux en la Galerie de Pompée : avec ceiuy ou Poiygno-
tus avoit peint un homme de teîle pofture , que l’on ne pouvoit dire ,
s’il montoit ou-defcendoit de cheval. De-là font venus au Capitole
le Thefée de Parrhafius, le raviflement de Proferpine de Nicomachus,
avec la Victoire portée fur un char attelé de quatre chevaux. La g'fr
Venus dite Anadiomene , qu’Augufte mit au Temple de Juie fon Pere 9‘
adoptif. Le Tableau de Protogene au temple de Paix , où étoit fi-
guré Jaîifie , avec ce chien tant rénommé , fur îes levres duqueî ce
Peintre jettant par colere l’éponge dont il eflùyoit fes Peintures , im-
prima par cas fortuit l’écume , qu’il n’y avoit fçû former à fa fantaifie
par fon art.
De cette curiofité des pieces étrangeres procederent îes prix ex-
ceflifs que plufieurs employerent pour avoir certains Tabîeaux qui
étoient de rare artifice. îHortenfius l’Orateur en acheta un de la
main de Cydias, où les Argonautes étoient réprefentez , la fomme
de cent quarante-quatre mille feflerces , qui font dix mille foixante 8c
quinze livres. Luculius donna deux talens de Ja copie feulement d’un
prefentée , il le rétira des mains d’Attalus, 8c le mit pour premiere
piece étrangere en parade au Temple de Cerés. Ce furcnt neantmoms
Jule Cefar Sc Marcus Agrippa , qui mirent en vogue les Tableaux
étrangers dedans Rome. Le premier defquels dédia un Tableau d’A-
jax , & un autre de Medée , au frontifpice du Temple de Venus,
qu’il appelloit fa Mere. Sedpracipuam auïïoritatem publice fecit tabuîis
Cœfar Diciaîor , Âjace & Medea ante Veneris Genïtricis œdem dicatis.
Poft eitm M. sdgnppa , vir ruflicitati quam deliciis propior. Mais ceîuy
qui fit voir à Rome le plus grand nombre de Tableaux excellcns, fut
M. Scaurus, fïis de la remme de Sylla , qui eut la dépoiiille entiere
des Tabieaux de Sicyon , vendus pour le paycment des dettes des ha-
bitans. Et il y en avoit une telie quantité, qu’il en remplit fon grand
Theatre , 8c en eut encore un grand nombre de reile. Aufh la ville de
Sicyon étoit le vray pays de la Peinture, êc des Peintresde touteîaGre-
ce , comtne dit Piine , Sicyon dm fuiî patria picturæ. Pabellas enim om- Lf'
nes ex publico , propter œs aliemm Civitatis addtttas , Scauri adilitas
Romam tranfiulit.
y. Auguite Cefar en colloqua deux excellens aux lieux les plus cé-
lebres de la grande Place ou Marché qu’ii fit balfir à Rome , defquels
Pline fait mention en ces termes : Romæ Caftorem {fl Poîlucem cum L.^.c,
Vibioria , £5? Alexandro Magno. Item Belli imaginem , reftriïïis à tergo
manibus , Alexandro in curru triumphante. Quas utrafjue tabuîas Di-
<uus Auguftus in Fori Jui partibus ceîeberrimis ciicaverat. Tous ces Ta-
bieaux étoient pieces rares des plus exceilens Peintres de l’ancienne
Grece , defquels la ville de Rome fut enrichie en plufieurs endroits.
Tel fut le Tableau de Paufias réprefentant l’immolation de plufieurs
bœufs & taureaux en la Galerie de Pompée : avec ceiuy ou Poiygno-
tus avoit peint un homme de teîle pofture , que l’on ne pouvoit dire ,
s’il montoit ou-defcendoit de cheval. De-là font venus au Capitole
le Thefée de Parrhafius, le raviflement de Proferpine de Nicomachus,
avec la Victoire portée fur un char attelé de quatre chevaux. La g'fr
Venus dite Anadiomene , qu’Augufte mit au Temple de Juie fon Pere 9‘
adoptif. Le Tableau de Protogene au temple de Paix , où étoit fi-
guré Jaîifie , avec ce chien tant rénommé , fur îes levres duqueî ce
Peintre jettant par colere l’éponge dont il eflùyoit fes Peintures , im-
prima par cas fortuit l’écume , qu’il n’y avoit fçû former à fa fantaifie
par fon art.
De cette curiofité des pieces étrangeres procederent îes prix ex-
ceflifs que plufieurs employerent pour avoir certains Tabîeaux qui
étoient de rare artifice. îHortenfius l’Orateur en acheta un de la
main de Cydias, où les Argonautes étoient réprefentez , la fomme
de cent quarante-quatre mille feflerces , qui font dix mille foixante 8c
quinze livres. Luculius donna deux talens de Ja copie feulement d’un