MIKA KAROLINA MICKUN
Krystyna Moisan-Jabłońska
MIKA KAROLINA MICKUN - ESQUISSE DE LA BIOGRAPHIE DE
LARTISTE ET DE SON OEUVRE
Resume
Artiste statuaire ceramiste, Mika Mickun (Mikoun,
Mikun, Mickoun) est nee a Varsovie en 1886. Elle vecu
la majeure partie de sa vie a Paris, ou elle est decedee en
1974. Son oeuvre est aujourd'hui meconnue aussi bien
en France, sa patrie d'adoption, qu'en Pologne, son pays
natal. Les sculptures laissees en France apres sa mort ne
furent pas completement dispersees. Une partie des
oeuvres de sa collection privee, conformement aux
dernieres volontes de 1'artiste, fut confiee au Musee
National de Varsovie.
Nee a la fin du siecle dernier, la vie mouvementee
de cette femme emancipee et grand voyageur dont la vie
fut un vrai roman, merite d'interesserun biographe. Tres
jeune elle demontra une attirance profonde pour la
peinture et la sculpture. Elle allait mener une vie de
boheme parmi les artistes et les jeunes intellectuels
varsoviens. Son frere Julian, artiste ceramiste, futur
maitre-assistant a 1'Ecole des Beaux-Arts de Varsovie,
lui fit decouvrir la sculpture.
Vers 1904, apres l'apauvrissement de son pere -
propćritaire d'une fabrique de ceramique, Mika Mickun
quitte la Pologne. Pendant quelques annees dans de
theatres de varietes a Paris, Londres, Vienne,
Amsterdam et autres, elle dessine sur scene - au rythme
de la musique, des interpretations inspirees d'oeuvres
jouees (par exemple un menuet de Mozart, une valse de
Strauss) ou croque des caricatures de personnages en
vogue. Plus tard Mika Mickun s'etablira a Paris et
deviendra l'eleve d'Antoine Bourdelle. Sous la direction
du sculpteur franęais, elle approfondit sa connaissance
de la sculpture et cree son propre style. Elle modele
essentiellement des bustes et des tetes de jeunes femmes,
dont la forme rejoint les tendances stylistiques de Fart
deco. Son gout de la couleur pousse 1'artiste vers la
polychromie: elle recouvre ses oeuvres d'email au tons
pastels. Au cours des differents salons, aux Tuileries et
au Petit Palais, l'expression mysterieuse de ses
visages-masques aux differents coloris attire 1'attention
des critiques. Vers la fin des annees vingt, ses oeuvres
sont egalement exposees aux Etats-Unis.
Apres la Seconde Guerre mondiale, Mika Mickun
abandonne la terre cuite pour la feuille de cuivre
emaillee. La matiere et toute son oeuvre changent. L'artiste
cree des masques aux tendances expressionnistes, charges
d'un symbolisme tragique. L'emploi de 1'email aux
couleurs criantes ne fait que souligner leurs expressions
variees: tristesse, melancolie, colere, desespoir... Ses
oeuvres aux noms symboliques (Le Christ, L 'Ange
decha, Satrapę, Balthazar) sont exposees a Paris au
Dixieme Salon Annuel d'Art Sacre (1960). Deux
expositions monographiques se tiennent en 1950 a la
"Galerie Chaleyssin", et, en 1960 a la galerie "Au Pont
des Arts" de Lucie Weill. Bien que les oeuvres conęues
apres la guerre different totalement des sculptures
anterieures, il existe entre elles une certaine similitude,
imperceptible tout d'abord. C'est la forme du masque,
le masque mysterieux des visages melancoliques en
terre cuite et celui dramatique des passions humaines
que decrivent celles en cuivre emaille. Tous ces masques
dissimulent et trahissent a la fois le discours essentiel de
1'art de Mika Mickun: par le masque elle revele la vie
interieure de 1'homme.
Christine Moisan-Jabłońska
45
Krystyna Moisan-Jabłońska
MIKA KAROLINA MICKUN - ESQUISSE DE LA BIOGRAPHIE DE
LARTISTE ET DE SON OEUVRE
Resume
Artiste statuaire ceramiste, Mika Mickun (Mikoun,
Mikun, Mickoun) est nee a Varsovie en 1886. Elle vecu
la majeure partie de sa vie a Paris, ou elle est decedee en
1974. Son oeuvre est aujourd'hui meconnue aussi bien
en France, sa patrie d'adoption, qu'en Pologne, son pays
natal. Les sculptures laissees en France apres sa mort ne
furent pas completement dispersees. Une partie des
oeuvres de sa collection privee, conformement aux
dernieres volontes de 1'artiste, fut confiee au Musee
National de Varsovie.
Nee a la fin du siecle dernier, la vie mouvementee
de cette femme emancipee et grand voyageur dont la vie
fut un vrai roman, merite d'interesserun biographe. Tres
jeune elle demontra une attirance profonde pour la
peinture et la sculpture. Elle allait mener une vie de
boheme parmi les artistes et les jeunes intellectuels
varsoviens. Son frere Julian, artiste ceramiste, futur
maitre-assistant a 1'Ecole des Beaux-Arts de Varsovie,
lui fit decouvrir la sculpture.
Vers 1904, apres l'apauvrissement de son pere -
propćritaire d'une fabrique de ceramique, Mika Mickun
quitte la Pologne. Pendant quelques annees dans de
theatres de varietes a Paris, Londres, Vienne,
Amsterdam et autres, elle dessine sur scene - au rythme
de la musique, des interpretations inspirees d'oeuvres
jouees (par exemple un menuet de Mozart, une valse de
Strauss) ou croque des caricatures de personnages en
vogue. Plus tard Mika Mickun s'etablira a Paris et
deviendra l'eleve d'Antoine Bourdelle. Sous la direction
du sculpteur franęais, elle approfondit sa connaissance
de la sculpture et cree son propre style. Elle modele
essentiellement des bustes et des tetes de jeunes femmes,
dont la forme rejoint les tendances stylistiques de Fart
deco. Son gout de la couleur pousse 1'artiste vers la
polychromie: elle recouvre ses oeuvres d'email au tons
pastels. Au cours des differents salons, aux Tuileries et
au Petit Palais, l'expression mysterieuse de ses
visages-masques aux differents coloris attire 1'attention
des critiques. Vers la fin des annees vingt, ses oeuvres
sont egalement exposees aux Etats-Unis.
Apres la Seconde Guerre mondiale, Mika Mickun
abandonne la terre cuite pour la feuille de cuivre
emaillee. La matiere et toute son oeuvre changent. L'artiste
cree des masques aux tendances expressionnistes, charges
d'un symbolisme tragique. L'emploi de 1'email aux
couleurs criantes ne fait que souligner leurs expressions
variees: tristesse, melancolie, colere, desespoir... Ses
oeuvres aux noms symboliques (Le Christ, L 'Ange
decha, Satrapę, Balthazar) sont exposees a Paris au
Dixieme Salon Annuel d'Art Sacre (1960). Deux
expositions monographiques se tiennent en 1950 a la
"Galerie Chaleyssin", et, en 1960 a la galerie "Au Pont
des Arts" de Lucie Weill. Bien que les oeuvres conęues
apres la guerre different totalement des sculptures
anterieures, il existe entre elles une certaine similitude,
imperceptible tout d'abord. C'est la forme du masque,
le masque mysterieux des visages melancoliques en
terre cuite et celui dramatique des passions humaines
que decrivent celles en cuivre emaille. Tous ces masques
dissimulent et trahissent a la fois le discours essentiel de
1'art de Mika Mickun: par le masque elle revele la vie
interieure de 1'homme.
Christine Moisan-Jabłońska
45