Biardot, E. Prosper: Les terres-cuites grecques funèbres dans leur rapport avec les mystères de Bacchus: accompagné d'un Atlas de 54 planches noires et coloriées (Band 1) (Paris, 1872)

— 549 —

découverte, il y a près d'une trentaine d'années, un co-
loris des plus purs, et gui, aujourd'hui, quoique j'aie pris
les plus grands soins pour les conserver, ne laissent plus
voir que des teintes considérablement affaiblies et que
quelques années encore achèveront de détruire. Ainsi se
déflorent et s'évanouissent, et sous la main de l'homme et
au milieu de l'air qu'il respire, des œuvres précieuses que
les siècles avaient conservées dans l'obscurité protectrice
de la tombe !

Je ne connais aucun moyen pour la conservation indé-
finie des couleurs. Je ne citerai que pour recommander de
ne jamais l'employer celui qui a été mis quelquefois en
usage par des collectionneurs peu intelligents : il consiste
à enduire d'un vernis les objets coloriés. Certes, les images
se conservent ainsi intactes, le coloris même y gagne en
vigueur ; mais que devient cette douce velatura, cette fleur
veloutée, véritable physionomie de l'objet antique, signe
des siècles auquel l'antiquaire attache un si haut prix?
C'est vouloir conjurer un inévitable malheur par une
bien gauche profanation. La ruine est certaine et prévue ;
je ne sais qu'un moyen, non pas pour y échapper, mais
pour en retarder l'accomplissement : placez vos terres-
cuites en lieu sur, et n'y touchez que le moins possible.

Les couleurs qui résistent le mieux à l'action dissol-
vante de l'air et de la lumière sont celles de nature miné-
rale et les ocres. L'ocre jaune persiste avec une très-
grande pureté, ainsi que le vermillon. Le bleu foncé, qui
semble avoir été tiré de l'outre-mer,', a subi quelquefois
dans la tombe une singulière transformation, ainsi qu'on
peut le voir par les prélencules et les cratères des plan-