Institut Egyptien <al-Qāhira> [Hrsg.]: Bulletin de l'Institut Egyptien (2.Ser. 2.1881(1883))

de la guerre de 1870, que, comme tous les vrais amis
de l'Empereur, il n'avait cessé de blâmer. Cependant,
ces désastres qui le frappaient dans ses affections, dans
sa fortune cruellement atteinte ne lui laissèrent qu'une
pensée, son profond amour pour la France. « Nous
« l'avons tous vu, pendant le siège, dit M. Leblant, de
« l'Institut, isolé des siens, seul à Paris, suppliant qu'à
« lui, vieil et brave officier d'artillerie, on donnât un
« bastion à commander, et pleurant de ne rien ob-
« tenir. »

Le souvenir de M. de Saulcy restera ineffaçable chez
ceux qui ont eu le bonheur de le connaître; il était bon,
affectueux, d'une humeur toujours égale, toujours gaie :
son accueil était charmant et plein de franchise; il ne
tardait pas à laisser s'établir une sorte de camaraderie
entre lui et ceux à qui il accordait son affection ; sa con-
versation si attrayante était pleine d'intérêt. En un mot,
c'était un de ces amis dévoués que Ton a bien rarement le
bonheur de rencontrer dans la vie, et dont la perte cause
d'amers regrets. Je n'oublierai jamais la profonde dou-
leur dont j'ai été saisi,quand,le lendemain de mon retour
à Paris, le 4 novembre de l'année dernière, j'allai
comme d'habitude passer la matinée avec lui. Je trouvai
la maison tendue de noir, et le cercueil qui renfermait
ses restes exposé dans le vestibule. Rien n'avait pu faire
prévoir une fm si prochaine; encore plein de vie et de
santé, il avait gaiement passé la soirée en famille, et il
s'était endormi pour ne plus se réveiller ; le matin, on
l'avait trouvé, les yeux fermés, dans sa position habi-
tuelle : il avait passé du sommeil à la mort.