Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Institut Egyptien <al-Qāhira> [Hrsg.]
Bulletin de l'Institut Egyptien — 3.Ser. 3.1892(1893)

DOI Artikel:
Abbate, Onofrio: Le suicide de Cléopatre au point de vue médical
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.12564#0074

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
— 64 —

contemporain. Il pénètre partout, il envahit tout; des sciences
exactes, il passe à la religion comme à la philosophie; il s'applique
à l'impalpable et à l'inconnu, comme aux éléments les plus subal-
ternes et les plus positifs ; il entre en maître dans l'histoire et il
supplée presque à l'imagination défaillante.

Habitués à l'observation et à la réflexion, à tout interroger, à tout
scruter, à tout expliquer, nous nous demandons encore quel genre
de mort s'est donné Gléopâtre pour se délivrer de tous les malheurs
qui l'entouraient, genre de mort le moins atroce pour une femme,
le plus sûr et le plus rapide en même temps.

Il nous faut d'abord écarter la légende du panier de figues. Je ne
parlerai pas de la difficulté, voire de l'impossibilité de pénétrer chez
la reine captive, surveillée par des gardes et des hommes jouissant
de la haute confiance de l'empereur romain; mais les aspics ne sont
pas, spécialement à Alexandrie, très facile à trouver, à une
demande et à un moment donnés. En admettant même que le
désir de Gléopâtre aurait pu être satisfait, et les aspics introduits
chez elle, elle se serait servie de ces reptiles hideux et horribles
pour se faire piquer, en s'exposant à un insuccès possible, à des
manœuvres et perte d'un temps qui n était plus à elle, elle qui cher-
chait le moyen d'agir avec toute certitude, le plus vite possible.

La tradition, sur ce point, ajoute que la reine a irrité l'aspic avec
une épingle d'or pour le stimuler à la mordre.

C'est cette épingle qui entre en doute, chez Plutarque et Dion,
comme une des causes de la mort par le poison que s'est inoculé
Gléopâtre en se piquant au bras gauche. La reine portait dans sa
chevelure, ainsi que toutes les femmes de l'époque, une épingle qui
ne pouvait pas être suspecte aux gardes d'Octave, Proculeius et
Gallus, qui avaient des ordres rigoureux. Dans la rainure de cette
épingle, pouvait bien se trouver le poison des aspics qu'elle gardait
toujours pour les suprêmes moments de la vie. On connaissait à
Alexandrie que Gléopâtre avait assisté, avec une curiosité plus dou-
loureuse encore que cruelle, à la mort de plusieurs condamnés
qu'on tirait de la geôle pour essayer sur eux les effets des poisons
Les expériences se répétaient souvent, car la reine ne pouvait
trouver le poison qu'elle rêvait, le poison qui foudroie sans secousses
et sans souffrances. Elle remarquait que les toxiques violents
tuaient vite, mais avec une terrible agonie des patients.
 
Annotationen