DOI Heft:
Nr. 2
DOI Artikel:Fourtau, René: Le Nil: son action géologique en Égypte
DOI Seite / Zitierlink: https://doi.org/10.11588/diglit.12755#0093
babeh, Mansourah, Dessouk et Nag Abou Haraadi. Je ne parle point
ici des puits creusés sous la direction de Lepère au cours de l'expé-
dition française, le défaut d'instruments de forage ayant forcé cet
ingénieur de s'arrêter à la nappe d'eau souterraine.
Mais, avant d'aborder le côté purement scientifique et géologique
de la question, il me paraît utile, Messieurs, d'esquisser un aperçu
rapide de son historique.
De tous temps, depuis les plus reculés jusqu'à nos jours, on s'est
occupé du Nil. Toutes les traditions, qu'elles nous viennent de l'an-
tique royaume des Pharaons ou des premiers temps de la conquête
arabe, sont unanimes sur un point, indiscutable d'ailleurs pour le
moindre oboervateur : Le Nil a fait la terre cl Egypte.
Prenons d'abord Hérodote : la partie de l'œuvre du vieil historien
qui concerne l'Egj'pte est certainement la plus intéressante de toutes.
Il a connu les prêtres égyptiens et nous a apporté leurs traditions.
L'Egypte est une terre nouvelle, présent du Nil qui a comblé un
bras de mer entre la Libye et les monts Arabiques (1). Si, en abor-
dant par mer en Egypte, on jette la sonde à une journée des côtes,
on trouve du limon à douze orygies de profondeur, preuve évidente
que le fleuve porte de la terre à cette'distance. Il en est de même à
Troie et aux bouches du Ménandre (2).
Le golfe comblé par le Nil était un golfe de la Méditerranée,
comme la mer Rouge est un golfe de la mer des Indes. Le premier
était dirigé du Nord au Midi comme le second va du Midi au Nord.
Il ne s >nt séparés que par un isthme fort étroit, de sorte que, si le
Nil changeait subitement de ours, rien n'empêcherait qu'en vingt
mille ans il ne comblât le golfe Arabique. Pour moi, ajoute Hérodote,
je crois qu'il y réussirait en moins de dix mille : comment donc ne
pas admettre que le golfe égyptien et un plus grand encore n'aient
pu être comblés de cette manière? (3) *
Le limon du Nil est noirâtre, il est apporté d'Ethiopie par le fleuve
qui l'accumule sur ses rives par ses débordements. Des deux côtés
de la vallée du fleuve, il y a deux déserts qui la b)rdent; ces déserts
(1) Histoire naturelle, livre II, chap. X.
(2) » » » chap. V.
(I) Histoire naturelle, livre II, chap, XI.
ici des puits creusés sous la direction de Lepère au cours de l'expé-
dition française, le défaut d'instruments de forage ayant forcé cet
ingénieur de s'arrêter à la nappe d'eau souterraine.
Mais, avant d'aborder le côté purement scientifique et géologique
de la question, il me paraît utile, Messieurs, d'esquisser un aperçu
rapide de son historique.
De tous temps, depuis les plus reculés jusqu'à nos jours, on s'est
occupé du Nil. Toutes les traditions, qu'elles nous viennent de l'an-
tique royaume des Pharaons ou des premiers temps de la conquête
arabe, sont unanimes sur un point, indiscutable d'ailleurs pour le
moindre oboervateur : Le Nil a fait la terre cl Egypte.
Prenons d'abord Hérodote : la partie de l'œuvre du vieil historien
qui concerne l'Egj'pte est certainement la plus intéressante de toutes.
Il a connu les prêtres égyptiens et nous a apporté leurs traditions.
L'Egypte est une terre nouvelle, présent du Nil qui a comblé un
bras de mer entre la Libye et les monts Arabiques (1). Si, en abor-
dant par mer en Egypte, on jette la sonde à une journée des côtes,
on trouve du limon à douze orygies de profondeur, preuve évidente
que le fleuve porte de la terre à cette'distance. Il en est de même à
Troie et aux bouches du Ménandre (2).
Le golfe comblé par le Nil était un golfe de la Méditerranée,
comme la mer Rouge est un golfe de la mer des Indes. Le premier
était dirigé du Nord au Midi comme le second va du Midi au Nord.
Il ne s >nt séparés que par un isthme fort étroit, de sorte que, si le
Nil changeait subitement de ours, rien n'empêcherait qu'en vingt
mille ans il ne comblât le golfe Arabique. Pour moi, ajoute Hérodote,
je crois qu'il y réussirait en moins de dix mille : comment donc ne
pas admettre que le golfe égyptien et un plus grand encore n'aient
pu être comblés de cette manière? (3) *
Le limon du Nil est noirâtre, il est apporté d'Ethiopie par le fleuve
qui l'accumule sur ses rives par ses débordements. Des deux côtés
de la vallée du fleuve, il y a deux déserts qui la b)rdent; ces déserts
(1) Histoire naturelle, livre II, chap. X.
(2) » » » chap. V.
(I) Histoire naturelle, livre II, chap, XI.