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tait avec lui dans ses campagnes et dont il ne se sépara pas lorsqu'il s'embarqua
sur le vaisseau qui devait le conduire à Sainte-Hélène... Il sont contenus dans une
gaine de cuir, à deux compartiments, qui fut faite évidemment pour transporter
plus aisément l'ouvrage dans la berline de voyage de l'Empereur et cette gaine de cuir
est toute patinée, on pourrait dire toute culottée par l'usage. Un écrit de la duchesse
de la Moskowa atteste l'authenticité de cette relique impressionnante. C'est sans
doute à Sainte-Hélène que Napoléon annota ces deux petits volumes, au crayon,
d'une écriture toute menae et qui semble avoir perdu presque tout de cette extrême
nervosité qui la caractérisait pendant la période glorieuse où les minutes, les
secondes lui faisaient défaut pour écrire et durant laquelle les secrétaires les plus
entraînés avaient peine à recueillir au vol l'expression de sa pensée tumultueuse. Les
annotations de Napoléon ont trait uniquement aux opérations militaires de César dans
les Gaules. Il semble que l'Empereur se soit attaché à refaire les calculs d'effectifs
de l'Imperator romain, son ancêtre en stratégie et en héroïsme. Ce n'est pas d'ail-
leurs qu'il admirât celui-ci sans réserves, car il disait : « Sa campagne des Gaules
est assez faible : je ne redouterais pas de lui livrer bataille. » Mais lorsque, cloué sur
l'îlot sinistre, il revivait ses propres campagnes et sa prodigieuse destinée, il a, sans
aucun doute, en feuilletant plus d'une fois ces deux petits volumes, songé au parallèle
saisissant qui s'établit entre sa propre destinée et celle de César. Celui-ci lui apparais-
sait comme un rival qu'il rêvait d'éclipser : « Il a, disait-il, possession acquise et deux
mille ans d'avance mais je le supplanterai ! »
On trouve dans le « Mémorial de Sainte-Hélène » de très intéressantes précisions sur
la curiosité passionnée... et critique que Napoléon portait au grand récit de César :
« ... L'Empereur disait encore qu'il trouvait dans César même, des circonstances de
la guerre des Gaules qu'il ne pouvait entendre. Il ne comprenait rien à h invasion des
Helvétiens, au chemin qu'ils prenaient, au but qu'on leur donnait, au temps qu'ils
étaient à passer la Saône, à la diligence de César, qui avait le temps d'aller en Italie
chercher des légions aussi loin qu'Aquilée, et qui retrouvait les envahisseurs encore
à leur passage de la Saône, etc.. qu'il n'était pas plus facile de comprendre la manière
d'établir des quartiers d'hiver qui s'étendaient de Trêves à Vannes... »
Relevons encore dans la préface même de cette édition ce vœu de l'éditeur : « Si
en retouchant cette traduction, nous l'avons rendue plus fidèle, plus exacte, en un
mot meilleure en tout sens, si elle peut être plus utile aux jeunes maîtres qui font
expliquer César, si elle met nos jeunes officiers à portée de lire avec fruit ces admirables
commentaires, qui doivent être le « veni mecum » de tout militaire qui aime sa patrie
et sa noble profession, nous aurons rempli notre objet... ». Certes, il fut donc rempli,
puisque le plus grand capitaine des temps modernes fit d'un exemplaire de cette
édition son vade-mecum. Habent sua fata libelli...
569. NERVAL, (Gérard de). Sylvie, aquarelles de Pierre Brissaud.
Paris, Pion, 1933, in-4, en ff., couv. imp. (Emb. de Véditeur.)
Tirage limité à 440 exemplaires.
Exemplaires sur vélin d'Arches.
570. NERVAL, (Gérard de). (Euvres complètes publiées sous la direction
de Aristide Marie, Jules Marsan et Edouard Champion. Paris, Cham-
pion, 1925-32 ; 6 vol. in-8, demi-maroq. vert à long grain, coins, dos
plats ornés de fers rocaille dor., têtes dor., non rog., couv. imp.
Les Filles du Feu, 2 volumes. —• Les Illuminés. — Les petits Châteaux de Bohême.
— Nouvelles et Fantaisies. — Les deux Faust.
Un des 25 exemplaires sur Japon impérial.
On y joint sur le même papier et sous la même reliure : Audiat. L'Aurélia de Nerval.
— Marie. Bibliographie des œuvres de Nerval.
tait avec lui dans ses campagnes et dont il ne se sépara pas lorsqu'il s'embarqua
sur le vaisseau qui devait le conduire à Sainte-Hélène... Il sont contenus dans une
gaine de cuir, à deux compartiments, qui fut faite évidemment pour transporter
plus aisément l'ouvrage dans la berline de voyage de l'Empereur et cette gaine de cuir
est toute patinée, on pourrait dire toute culottée par l'usage. Un écrit de la duchesse
de la Moskowa atteste l'authenticité de cette relique impressionnante. C'est sans
doute à Sainte-Hélène que Napoléon annota ces deux petits volumes, au crayon,
d'une écriture toute menae et qui semble avoir perdu presque tout de cette extrême
nervosité qui la caractérisait pendant la période glorieuse où les minutes, les
secondes lui faisaient défaut pour écrire et durant laquelle les secrétaires les plus
entraînés avaient peine à recueillir au vol l'expression de sa pensée tumultueuse. Les
annotations de Napoléon ont trait uniquement aux opérations militaires de César dans
les Gaules. Il semble que l'Empereur se soit attaché à refaire les calculs d'effectifs
de l'Imperator romain, son ancêtre en stratégie et en héroïsme. Ce n'est pas d'ail-
leurs qu'il admirât celui-ci sans réserves, car il disait : « Sa campagne des Gaules
est assez faible : je ne redouterais pas de lui livrer bataille. » Mais lorsque, cloué sur
l'îlot sinistre, il revivait ses propres campagnes et sa prodigieuse destinée, il a, sans
aucun doute, en feuilletant plus d'une fois ces deux petits volumes, songé au parallèle
saisissant qui s'établit entre sa propre destinée et celle de César. Celui-ci lui apparais-
sait comme un rival qu'il rêvait d'éclipser : « Il a, disait-il, possession acquise et deux
mille ans d'avance mais je le supplanterai ! »
On trouve dans le « Mémorial de Sainte-Hélène » de très intéressantes précisions sur
la curiosité passionnée... et critique que Napoléon portait au grand récit de César :
« ... L'Empereur disait encore qu'il trouvait dans César même, des circonstances de
la guerre des Gaules qu'il ne pouvait entendre. Il ne comprenait rien à h invasion des
Helvétiens, au chemin qu'ils prenaient, au but qu'on leur donnait, au temps qu'ils
étaient à passer la Saône, à la diligence de César, qui avait le temps d'aller en Italie
chercher des légions aussi loin qu'Aquilée, et qui retrouvait les envahisseurs encore
à leur passage de la Saône, etc.. qu'il n'était pas plus facile de comprendre la manière
d'établir des quartiers d'hiver qui s'étendaient de Trêves à Vannes... »
Relevons encore dans la préface même de cette édition ce vœu de l'éditeur : « Si
en retouchant cette traduction, nous l'avons rendue plus fidèle, plus exacte, en un
mot meilleure en tout sens, si elle peut être plus utile aux jeunes maîtres qui font
expliquer César, si elle met nos jeunes officiers à portée de lire avec fruit ces admirables
commentaires, qui doivent être le « veni mecum » de tout militaire qui aime sa patrie
et sa noble profession, nous aurons rempli notre objet... ». Certes, il fut donc rempli,
puisque le plus grand capitaine des temps modernes fit d'un exemplaire de cette
édition son vade-mecum. Habent sua fata libelli...
569. NERVAL, (Gérard de). Sylvie, aquarelles de Pierre Brissaud.
Paris, Pion, 1933, in-4, en ff., couv. imp. (Emb. de Véditeur.)
Tirage limité à 440 exemplaires.
Exemplaires sur vélin d'Arches.
570. NERVAL, (Gérard de). (Euvres complètes publiées sous la direction
de Aristide Marie, Jules Marsan et Edouard Champion. Paris, Cham-
pion, 1925-32 ; 6 vol. in-8, demi-maroq. vert à long grain, coins, dos
plats ornés de fers rocaille dor., têtes dor., non rog., couv. imp.
Les Filles du Feu, 2 volumes. —• Les Illuminés. — Les petits Châteaux de Bohême.
— Nouvelles et Fantaisies. — Les deux Faust.
Un des 25 exemplaires sur Japon impérial.
On y joint sur le même papier et sous la même reliure : Audiat. L'Aurélia de Nerval.
— Marie. Bibliographie des œuvres de Nerval.