Blanc, Charles: Histoire des peintres de toutes les écoles: École Bolonaise (Paris: Renouard, 1874)

wœtïatâe/

PELLEGRINO TIBALDI
NÉ EN 1527. — MORT EN 1595

Rien ne fait plus de tort à un artiste que d’être vanté outre mesure
de son vivant. Il est bien rare, en effet, que la réaction qui s’opère
plus tard contre des éloges outrés, ne soit pas exagérée à son tour.
C’est justement ce qui est arrivé à Pellegrino Tibaldi, qu’on appelle
aussi Pellegrino da Bologna. Lorsqu’on voit les ouvrages de ce maître
— je dis ses ouvrages de peinture, — après avoir lu les emphatiques
pages que lui a consacrées son patriote Malvasia et après y avoir lu
que les Carrache appelaient Tibaldi il Michel Angiolo riformato, le
Michel-Ange réformé, on ne peut se défendre de rabattre beaucoup et
peut-être de trop rabattre de l’opinion qu’on s’était faite du peintre
bolonais.
Je dis bolonais, quoique Lomazzo, Massolari, Bosca et autres écri-
vains rangent Tibaldi dans l’école milanaise, se fondant sur ce que sa
famille était originaire de Valsoda, dans le Milanais ; car il est certain
qu’il était né et qu'il fut élevé à Bologne. Son père, pauvre maçon,
muratore, était venu s’établir dans cette ville et il y avait eu plusieurs
enfants, dont celui-ci fut le plus illustre. Leur nom de famille était
de’ Pellegrini; mais on y avait ajouté le surnom de Tibaldi que por-
tait le père et qui demeura au fils. Celui-ci naquit, selon toute apparence, non pas en 1522, comme on
le dit partout, mais en 1527, s’il faut s’en rapporter à une signature relevée par Zanotti sur un
tableau de Pellegrino, et ainsi conçue : Peregrinus Tibaldi Bononiensis faciebat anno ætatis suæ XXII.
MDXLVIIII. Il est vrai que Vasari, qui connut personnellement Tibaldi, parle de lui, dans la vie du