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OUVRAGE DES FEMMES
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tures murales représentant des fileurs ou des fileuses,
v. Béni Hasan, II, pl. 4 et 13; IV, pl. 15. Le fuseau
égyptien s’est répandu en Chypre, où il s’est main-
tenu en usage jusqu’à nos jours (v. Ohnefalsch-
Richter dans ZfE 1891, p. (40), fig. 17 et 20). Dans
le nord de l’Europe, on trouve toutes les deux formes
dont nous venons de parler, v. Hazelius, Afbildningar
aj Nordiska Museet, Island, pl. 20, fig. 102—103;
Hyltén-Cavallius, Warend och Wirdarne, II, p. 125;
Worsaae, NordiskeOldsager (1859), n° 558 (îles Faeroé).
Des images qui en montrent la manipulation sont pu-
bliées dans la revue suédoise Fataburen 1909, p. 1 sq.
La forme générale et la grandeur du fusaïole, étant
données par l’emploi auquel il était destiné, n’ont
pas varié beaucoup depuis les temps préhistoriques
jusqu’à nos jours. C’était toujours un corps arrondi et
percé au milieu, s’approchant plus ou moins de la forme
d’un cylindre, d’un disque, d’une boule, d’un cône
ou double-cône, etc. La matière dont on le façonnait et
la décoration qu’on y appliquait étaient le plus souvent
des plus simples. La plupart des fusaïoles sont faits
de pierre ou de terre cuite, et l’ornementation se
borne généralement à des traits incisés, des cercles
avec point central ou d’autres dessins linéaires. Aussi,
les menues variations dont le fusaïole ordinaire était
susceptible, en ce qui concerne la forme, la matière et
la décoration, n’ont-elles pas encore été étudiées au
point de vue chronologique: par conséquent, les
matériaux pour la classification exacte de nos séries
font défaut. Les indices chronologiques ne man-
quent cependant pas absolument. Les fusaïoles de
matières étrangères (faïence égyptienne et pâte
de verre) se rangent parmi les classes d’objets importés
pendant la période archaïque. Dans certains cas,
l’ustensile a été façonné de fragments de vases qui
datent du 6e siècle (v. nos 361 et 366). Le seul exemple
d’une lettre gravée (un A à barre oblique, v. n° 367)
renverrait la pièce en question à la même période à
peu près. Les fusaïoles en terre cuite à décoration
incisée paraissent plus anciens, à en juger d’après le
caractère des ornements (v. nos 361—362 et 377),
mais ne remontent guère au-delà du 8e siècle, pendant
lequel le système décoratif linéaire était encore en
usage. La décoration des fusaïoles en os est difficile
à dater; dans un cas pourtant le dessin linéaire paraît
avoir pour base l’ornementation végétale de l’art
archaïque naissant (v. n° 393). L’élément principal
de la décoration, à savoir les »yeux de dé«, est d’une
occurrence fréquente sur les objets en os de toutes les
époques de l’antiquité; rarement on l’a employé pour
la décoration d’autres matériaux (n° 357, cf. des
fusaïoles chypriotes en pierre: Murray, Excavations
in Cyprus, p. 25, fig. 49; Ohnefalsch-Richter,
Kypvos, pl. 213).
D’après ce que nous venons d’exposer, la plus
grande partie des fusaïoles s’échelonnent probable-
ment sur les mêmes siècles desquels date le gros des
anciens dons votifs, c’est-à-dire sur les 8e—6e siècles
av. J.-C. Les circonstances des trouvailles ne con-
firment que vaguement cette définition chronologi-
que, la plupart des fusaïoles ayant été trouvés ça et
là, entremêlés dans le terrain souvent bouleversé et
contenant des restes datant d’époques très différentes.
Il y en a pourtant une trentaine qui ont été déterrés
dans les couches archaïques. D’autre part les fusaïoles
ne figurent plus parmi les objets dont se composait le
grand dépôt votif: nous n’en avons trouvé là que trois
exemplaires, qui sont parvenus sans doute par hasard
dans la dépression du rocher qui contenait le dépôt.
Il en est de même pour deux fusaïoles (v. n° 348)
déterrés dans le petit dépôt d’ex-voto (cf. plus haut,
p. 55). La consécration de ce genre de dons votifs
paraît donc avoir cessé ou diminué avant la formation
des dépôts votifs.
La classe des fusaïoles n’est pas si nettement
limitée que les méprises soient exclues. La forme de
certains d’entre eux se rapproche des perles qui ont
servi de grains de collier ou de têtes d’épingle. Par
conséquent, une distinction absolument sûre de ces
catégories n’est pas possible, et probablement il y en
a qui ont été employés indifféremment de l’une et
l’autre façon.
La quenouille était souvent un simple roseau;
mais l’antiquité en connaissait aussi des exemplaires
faits en diverses matières plus précieuses. On en avait
soit d’assez grandes pour les serrer en filant sous le
bras gauche ou pour les fixer dans la ceinture, soit
de plus petites qu’on tenait de la main gauche (v.
l’épinétron lindien n° 2691; AZ 1877, pl. 6; Compte
rendu pour 1863, pl. 1, n° 3, p. 15; H. Thiersch,
Ein parthenonisches Giebelproblem (1913), p. 46—47,
etc.). Ces dernières ne surpassaient pas beaucoup les
fuseaux en grandeur et, quoiqu’un peu plus fortes,
s’en rapprochaient aussi quelquefois en ce qui con-
cerne la forme. Dans les tombeaux archaïques
d’Etrurie et des environs de Bologne on a trouvé
assez souvent des objets fusiformes en bronze qui
ont été soit tenus pour des fuseaux, soit classés dans
la vaste catégorie des «instruments énigmatiques «
(les exemplaires connus jusque-là sont réunis dans
Gozzadini, Scavi Arnoaldi Veli, p. 74 sq.), mais qu’on
regarde maintenant généralement comme des que-
nouilles. Cette définition, due à M. Brizio (NS 1889,
P· 330), se base surtout sur le fait que l’objet en
question a été trouvé plusieurs fois soit avec un fuseau
de forme prononcée, soit avec des fusaïoles. Un
exemplaire un peu différent de ceux qui sont men-
tionnés par Gozzadini et Brizio, est figuré dans NS
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tures murales représentant des fileurs ou des fileuses,
v. Béni Hasan, II, pl. 4 et 13; IV, pl. 15. Le fuseau
égyptien s’est répandu en Chypre, où il s’est main-
tenu en usage jusqu’à nos jours (v. Ohnefalsch-
Richter dans ZfE 1891, p. (40), fig. 17 et 20). Dans
le nord de l’Europe, on trouve toutes les deux formes
dont nous venons de parler, v. Hazelius, Afbildningar
aj Nordiska Museet, Island, pl. 20, fig. 102—103;
Hyltén-Cavallius, Warend och Wirdarne, II, p. 125;
Worsaae, NordiskeOldsager (1859), n° 558 (îles Faeroé).
Des images qui en montrent la manipulation sont pu-
bliées dans la revue suédoise Fataburen 1909, p. 1 sq.
La forme générale et la grandeur du fusaïole, étant
données par l’emploi auquel il était destiné, n’ont
pas varié beaucoup depuis les temps préhistoriques
jusqu’à nos jours. C’était toujours un corps arrondi et
percé au milieu, s’approchant plus ou moins de la forme
d’un cylindre, d’un disque, d’une boule, d’un cône
ou double-cône, etc. La matière dont on le façonnait et
la décoration qu’on y appliquait étaient le plus souvent
des plus simples. La plupart des fusaïoles sont faits
de pierre ou de terre cuite, et l’ornementation se
borne généralement à des traits incisés, des cercles
avec point central ou d’autres dessins linéaires. Aussi,
les menues variations dont le fusaïole ordinaire était
susceptible, en ce qui concerne la forme, la matière et
la décoration, n’ont-elles pas encore été étudiées au
point de vue chronologique: par conséquent, les
matériaux pour la classification exacte de nos séries
font défaut. Les indices chronologiques ne man-
quent cependant pas absolument. Les fusaïoles de
matières étrangères (faïence égyptienne et pâte
de verre) se rangent parmi les classes d’objets importés
pendant la période archaïque. Dans certains cas,
l’ustensile a été façonné de fragments de vases qui
datent du 6e siècle (v. nos 361 et 366). Le seul exemple
d’une lettre gravée (un A à barre oblique, v. n° 367)
renverrait la pièce en question à la même période à
peu près. Les fusaïoles en terre cuite à décoration
incisée paraissent plus anciens, à en juger d’après le
caractère des ornements (v. nos 361—362 et 377),
mais ne remontent guère au-delà du 8e siècle, pendant
lequel le système décoratif linéaire était encore en
usage. La décoration des fusaïoles en os est difficile
à dater; dans un cas pourtant le dessin linéaire paraît
avoir pour base l’ornementation végétale de l’art
archaïque naissant (v. n° 393). L’élément principal
de la décoration, à savoir les »yeux de dé«, est d’une
occurrence fréquente sur les objets en os de toutes les
époques de l’antiquité; rarement on l’a employé pour
la décoration d’autres matériaux (n° 357, cf. des
fusaïoles chypriotes en pierre: Murray, Excavations
in Cyprus, p. 25, fig. 49; Ohnefalsch-Richter,
Kypvos, pl. 213).
D’après ce que nous venons d’exposer, la plus
grande partie des fusaïoles s’échelonnent probable-
ment sur les mêmes siècles desquels date le gros des
anciens dons votifs, c’est-à-dire sur les 8e—6e siècles
av. J.-C. Les circonstances des trouvailles ne con-
firment que vaguement cette définition chronologi-
que, la plupart des fusaïoles ayant été trouvés ça et
là, entremêlés dans le terrain souvent bouleversé et
contenant des restes datant d’époques très différentes.
Il y en a pourtant une trentaine qui ont été déterrés
dans les couches archaïques. D’autre part les fusaïoles
ne figurent plus parmi les objets dont se composait le
grand dépôt votif: nous n’en avons trouvé là que trois
exemplaires, qui sont parvenus sans doute par hasard
dans la dépression du rocher qui contenait le dépôt.
Il en est de même pour deux fusaïoles (v. n° 348)
déterrés dans le petit dépôt d’ex-voto (cf. plus haut,
p. 55). La consécration de ce genre de dons votifs
paraît donc avoir cessé ou diminué avant la formation
des dépôts votifs.
La classe des fusaïoles n’est pas si nettement
limitée que les méprises soient exclues. La forme de
certains d’entre eux se rapproche des perles qui ont
servi de grains de collier ou de têtes d’épingle. Par
conséquent, une distinction absolument sûre de ces
catégories n’est pas possible, et probablement il y en
a qui ont été employés indifféremment de l’une et
l’autre façon.
La quenouille était souvent un simple roseau;
mais l’antiquité en connaissait aussi des exemplaires
faits en diverses matières plus précieuses. On en avait
soit d’assez grandes pour les serrer en filant sous le
bras gauche ou pour les fixer dans la ceinture, soit
de plus petites qu’on tenait de la main gauche (v.
l’épinétron lindien n° 2691; AZ 1877, pl. 6; Compte
rendu pour 1863, pl. 1, n° 3, p. 15; H. Thiersch,
Ein parthenonisches Giebelproblem (1913), p. 46—47,
etc.). Ces dernières ne surpassaient pas beaucoup les
fuseaux en grandeur et, quoiqu’un peu plus fortes,
s’en rapprochaient aussi quelquefois en ce qui con-
cerne la forme. Dans les tombeaux archaïques
d’Etrurie et des environs de Bologne on a trouvé
assez souvent des objets fusiformes en bronze qui
ont été soit tenus pour des fuseaux, soit classés dans
la vaste catégorie des «instruments énigmatiques «
(les exemplaires connus jusque-là sont réunis dans
Gozzadini, Scavi Arnoaldi Veli, p. 74 sq.), mais qu’on
regarde maintenant généralement comme des que-
nouilles. Cette définition, due à M. Brizio (NS 1889,
P· 330), se base surtout sur le fait que l’objet en
question a été trouvé plusieurs fois soit avec un fuseau
de forme prononcée, soit avec des fusaïoles. Un
exemplaire un peu différent de ceux qui sont men-
tionnés par Gozzadini et Brizio, est figuré dans NS
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