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Blouet, Abel [Hrsg.]; Ravoisié, Amable [Hrsg.]
Expedition scientifique de Morée: ordonnée par le Gouvernement Français ; Architecture, Sculptures, Inscriptions et Vues du Péloponèse, des Cyclades et de l'Attique (Band 2) — Paris, 1833

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https://doi.org/10.11588/diglit.667#0196
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( "7 )

monument ia taille d'une femme. Monlfaucon ne voit là qu'un ca-
price des parents; il y a plus, il y a une intention religieuse.

Je ne sais s'il ne conviendrait pas de rattacher au voyage suprême
les urnes étrusques représentant un ou deux personnages dans un
chariot couvert et attelé de deux chevaux-au devant duquel vient un
cavalier. Gori a publié deux de ces urnes30'1. Sur la première, le char,
qui contient deux époux, est précédé d'un enfant portant une corne
d'abondance et suivi d'une femme qui conduit une jeune fille en
bas âge ; sur la seconde, on voit devant le chariot, qui ne renferme
qu'un seul voyageur, uneK/fo ailée et portant deux roues, accompa-
gnée de deux personnages tenant en main le bâton indice du voyage ;
derrière vient une famille composée d'un homme, d'un vieillard et
de deux enfants. La marche est fermée par une Kip ailée tenant un
flambeau en main. Ce dernier bas-relief a un caractère.funéraire in-
contestable, et le nom que je propose de donner à cette classe de
monuments, lui convient peut-être mieux que celui de pompe nup-
tiale qu'il a reçu de Gori 3o5, ou que celui de déménagement rus-
tique par lequel Visconti a désigné306 un bas-relief du musée royal,
que l'on pourrait être tenté de comparer aux urnes étrusques dont
je viens de parler.

Je crois devoir rapprocher de ces de,ux sujets une stèle funéraire
du musée de Vérone 3o7, où l'on voit un homme assis sur un chariot
à deux roues traîné par un cheval, et une autre pierre de la même
collection308, représentant un chariot à quatre roues, sur lequel est
assis un personnage vêtu de la toge. Un seul cheval est attelé à ce
char; il est conduit par un esclave qui, assis sur un siège adapté au
char, tient le fouet en main. Entre les jambes du cheval on distingue
un petit chien. Les inscriptions latines qui accompagnent ces monu-
ments, n'annoncent pas que ces deux sujets se rapportent à la pro-
fession des différents individus auxquels les deux pierres tumulaires
sont consacrées; on ne peut donc, selon moi, y voir qu'une allusion
au dernier voyage.

Quelquefois aussi le mort devenu héros ou génie est ramené à
des proportions enfantines, comme sur une urne romaine, publiée
par Montfaucon 3o9, où Ton voit, entre autres ornements symbo-
liques, un enfant ailé, monté sur un hippocampe, fendant les flots
de l'Océan. Il est vrai que l'inscription de cette urne n'indique pas
l'âge du mort. Mais ce qui vient à l'appui de mon observation,
c'est que sur un autre monument semblable 3l°, que nous four-
nît le même recueil, bien que l'inscription se rapporte à un
jeune garçon de treize ans un mois dix-neuf jours, l'hippocampe
qui repose, non sur les vagues de la mer, mais sur des e-pcpTra,
porte un enfant sans ailes dans l'âge le plus tendre, et non pas un
adolescent. Je suis d'ailleurs d'autant plus disposé à trouver dans ces
sortes de sujets une représentation symbolique du mort dont l'urne
contenait les ossements, que, comme on vient de !e voir, le jeune
cavalier emporté par le monstre marin n'est pas toujours re-
présenté avec des ailes, et que sur les urnes étrusques le voyageur
auquel on donne une pareille monture est enveloppé d'un linceul qui
lui couvre la tête et la bouche, ajustement qui, comme j'ai eu occa-
sion de le remarquer déjà, caractérise essentiellement les âmes en
route pour les champs fortunés 3ri.

J'ajouterai que depuis l'époque où les poëtes placèrent le séjour
des dieux dans les sphères supérieures, où l'Olympe, en un mot,
devint une région céleste312, le cheval de l'apothéose fut souvent
un cheval ailé, et il me suffira de citer la fameuse agate de la
sainte Chapelle, où Drusus, père de Germanicus, monte au ciel
porté par Pégase, que conduit un petit génie aux ailes éployées.

Enfin, sur les tombeaux anciens, et surtout sur ceux des
Étrusques, le dernier voyage est quelquefois indiqué par un
triomphe 3lî, ou par quelque scène mythologique où le cheval
joue un rôle important, comme, par exemple, l'enlèvement d'Hé-
lène 3"î et la mort d'Amphiaraùs 3l5- Sur presque tous ces monu-
ments la présence d'une Kip le flambeau en main annonce l'allusion
funéraire.

V. Arrivée.

Ce sont surtout les tombeaux étrusques qui m'ont fourni les
éléments de cette cinquième classe. Je vais en examiner successi-
vement sept dont j'ai trouvé la copie dans le Musée étrusque de
Gori, et dans le recueil de M. Inghirami.

Sur le premier 3l6, le mort arrive à cheval; sous les pas de son
coursier est un vase renversé que Gori prend, avec assez de vrai-
semblance, pour l'urne de la mort d'où le sort fatal a été tiré 3t7.
Peut-être aussi, comme sur le vase peint d'Acrœ, est-ce l'urne de
la vie. Devant le cavalier sont trois femmes voilées, sans doute les
Parques, dont deux lui montrent la route qu'il doit suivre, tandis
que la troisième le prend par la main comme pour le conduire.

Le second3'3 nous offre une scène tout à fait semblable; seule-
ment les trois Parques ne sont pas voilées, et le mort est suivi d'un
génie ailé qui l'accompagne suspendu dans les airs.

Le troisième310- représente également le mort arrivant monte
sur un cheval, entre les jambes duquel on distingue un bonnet
phrygien. Deux femmes voilées et le front ceint d'un diadème
viennent à sa rencontre; l'une d'elles le prend par la main droite.
Derrière les deux femmes est un homme enveloppé d'un man-
teau.

Faut-il, avec M. Inghirami, admettre que le héros devenu im-
mortel a franchi la porte australe ou du capricorne par laquelle
on arrive chez les dieux 3î0, qu'il s'avance à la rencontre des
Naïades qui font leur séjour dans l'antre du monde321, d'où il se
dirigera ensuite vers le ciel des étoiles fixes, accompagné d'un génie
qui le guide322? J'avoue, pour ma part, que je suis d'autant moins
porté à accueillir ce système d'interprétation, que M. Inghirami
lui-même doute du sens qu'il donne à la figure d'homme 3a3.

M. Inghirami propose de reconnaître, dans le bonnet placé sous
les pieds du cavalier, la coiffure de Némésis qu'on explique de
différentes manières, mais où l'on voit surtout une représentation
du ciel334, de même que les Dioscures représentent la rotondité du
monde, ou plutôt l'hémisphère céleste. Peut-être a-t-il raison; mais,
même dans cette supposition, je n'admets pas avec lui que le héros,
en foulant aux pieds ce bonnet, indiquerait son passage dans le
ciel des étoiles fixes.

Sans doute les mythographes des bas temps nous ont transmis
beaucoup de notions précieuses, et dont l'origine antique ne saurait
être contestée; mais on ne peut nier non plus que beaucoup d'ivraie
ne soît mêlée au bon grain, et que baser uniquement l'interpréta-
tion d'un monument sur les idées de Porphyre, c'est courir le
risque de s'égarer entièrement, ou du moins d'aller beaucoup trop
loin.

Ainsi, selon moi, on ne doit admettre, de toutes les idées
émises par le savant antiquaire de Florence, que ce seul point :
« Le monument qui nous occupe représente le dernier voyage. »
Tout le reste peut être ingénieux, mais est dénué de preuves suffi-

304 Mus. Etr., 1.1, tab. CLXVIIII,fig-2,ett.III, cI.HI, tab. XXII, fig. 2.

305 Mus. Etr., t. III. Diss. in, de Sepulcr. ornam., c. XII, p- 172.

3os Description des artliq. du musée royal, n" 43 , p. 19. Paris, 1817, in-8°.

3o? CXLI, 10.

308 CXLI, 6.

3°9 Jnt. cxpl. t. V, pi. LXXXI, fig. 2.

3.0 Op. cit. t.V, pi. LVI,fig. 2.

3.1 Voyez les Mon. Etr. d'Inghivami, ser. I, tav. VI.
3" Virg. Ecl.Y, 56 sqq.

313 Gori, Mus. Eir., vol. III, cl. III, lab. XXVIII. Le mort couché sur
cette urne tient dans la main droite un rhyton dont l'extrémité inférieure se
termine par un poitrail et une tête de cheval.

3'* lbid. tab. VII et XXIX, fig. 2.

315 lbid. tab. IX, fig. 2, et XII, fig. 1.

316 Gox\,Mus. Etr., 1.1, lab. LXXXIV, fig. 1.
3*? Omne capax movet uma non/en, Hor. III, od

Gori, Mus. Etr., t. II, p. 189.
3,s Ï.I, tab. CLXVIIH,iig. 1.
3'9 Inghirami, Mon. Etr., Ser. I, tav. XV-

3.0 Hom. Od. XIII, 144-148. Porphyr. de antro nymph., p.

3.1 Porphyr. Ibid.

311 Inghirami, Mon. Etr., op. cit. t. I, p. 145.

3*3 Ma di attesta serbo tutlafia qualchç dubbio. Ibid.

*'4 Voyez Inghirami, ser. II, tav. I, p. 7.

n, od. 3. Voyei

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