Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Bulletin du Musée National de Varsovie — 11.1970

DOI Heft:
Nr. 1
DOI Artikel:
Sandoz, Marc: "Les Plaisirs d'Anacréon" de Jean-Bernard Restout
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.18818#0032
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
renouveler ]es sources: Diogene qui demande Laurndne aux statues.10 Les pensionnaires de l"Aca-
demie de France de ce moment ont tous ete impressionnes par les theories et les oeuvres d"An-
ton Raphael Mengs, maitre a penser et a peindre de toutes les colonies d’etrangers a Romę.

Presente a 1’Academie royale dans sa vaste dimension et ’e bel eclat qu’on peut lui recon-
naitre, cette impressionnante peinture pouvait faire figurę a Paris de manifeste d’une tendance
nouyelle. Et cela d’autant plus que le contenant repondait au contenu. II semble que dans ce
siecle serieux 1’esprit de libertinage, ou si 1’ on prefere: 1’esprit moderne, prenne parfois les appa-
rences de la noble Histoire et de la studieuse philologie ou de la savante archeologie. On avait un
peu oublie la traduction des Odes par Remy Belleau en 1556; mais depuis la nouyelle traduction
des Odes charmantes, amoureuses et bachiąues, de 1673, s’etaient succedees celles de Mile Le
Feyre (futurę Mme Dacier) en 1681, de Longepierre (1684), de De Laffosse (1704), de Gacon
(1712), qui toutes, surtout celle de Mile Le Feyre, ayaient connu des reimpressions ou reeditions;
yoici que yenait de paraitre depuis peu celle de Poinsinet de Sivry en 1758,11 dans laquelle on
pourra admettre que J.-B. Restout se soit informe. Et, il faut reconnaitre que le tableau, malgre
ce qu’en a ecrit Diderot, qui ne semble pas y ayoir vu ce qu’il fallait y voir, donnę une juste im-
pression generale de la poesie anacreontique: celle d’un epicurien bante par la fatalite a laquelle
est soumise la vie humaine, et qui resoud ce probleme a sa maniere par la griserie dionysiaque
ou s’abolissent

les pensers qui m’inquietent,12

et ou enfin

Je sayoure un calme destin.13

En face de la litterature romaine ou meme des poemes homeriques jusque-la presqu’exclusi-
yement cheris, c’etait une perspectiye nouyelle, et qui pouyait ouyrir des horizons nouveaux.

A un changement si important du climat poetique correspondait un changement dans le
langage plastique. Certes Jean-Marie Yien a habitue le public a ses sujets „grecs”; mais aucune
des ses peintures n’a 1’eclat, 1’enthousiasme, la joie militante de VAnacreon. Ce qui frappe, des
Pabord, est ce sujet de peinture d’histoire traite sanc clair-obscur. Le jour clair, decoupant des
lumieres bien melees et des ombres bien mesurees est une innoyation capitale. Rejeter les ressour-
ces du clair-abscur, etait une hardiesses vis-a-vis de la tradition et une nouyeaute a 1’Academie
royale malgre les essais isoles de Vien. Se priyer des ressources du clair-obscur etait aliener les
prestiges de la poesie de la peinture d’Histoire, et c’etait engager la peinture dans la voie du
pittoresque plus que dans celle des songes et de la reyerie. Mais ou trouyer jusque-la des drape-
ries aussi sayoureuses, des couleurs aussi gourmandes, tout un mobilier aussi nombreux que
yarie, une atmosphere aussi eloquente? Ce langage est celui de Pompeo Batoni, autre maitre
es-peinture a Romę, dont plusieurs peintres franęais de Romę, de Louis Lagranee a Dayid in-
clusiyement, subiront 1’ascendant.

Et ce beau mobilier deja de style Louis XVI parce qu’il emprunte ses apparrences hla gramm-
aire des formes antiques, et par lequel s’est laisse surprendre Diderot, nous le retrouyerons encore
dans la peinture d’Histoire, mais plus tard, chez Louis Lagrenee encore, dans ces deux grandes
compositions celebres du Salon de 1779: Les Graces lutinees par les Amours, et Les Graces qui
prennent leur revanche, commandees par le marquis de Veri.14 De meme cette belle „ecriture”
des etoffes et de leur decor se retrouyeront encore dans la peinture d’Histoire, d’abord chez

10. Musee de Toulouse.

11. Paraitront encore, au XVIIIe siecle, celles de Montonnet Clairfons en 1773, et de Mme Gaił en 1794, qui auront, ainsi
que celle de Poinsonet de Sivry, leurs reimpressions ou reeditions.

12. Odelette XXIV de 1’edition Arthur Guy [s.l.n. d.], Paris, 1943.

13. Odelette XXXIX, id.

14. Chateau de Gosford, Longniddry, Ecosse.

26
 
Annotationen