AVANT-PROPOS
amais, autant que de nos jours, on n’éleva un si grand nombre de statues, en
bronze ou en marbre, pour immortaliser les princes, les généraux, les
hommes d’Etat qui contribuèrent à l’efflorescence delà vie nationale, et
aussi les hommes illustres qui, dans le domaine de la science et de l’art,
furent l’honneur et la gloire de leur patrie. Cependant, quand il s’agit d’un
artiste, il n’est pas, à mon avis, de plus beau monument que la reproduc-
tion aussi fidèle et aussi intégrale que possible de son œuvre, car c’est là le
meilleur moyen de manifester aux yeux de la postérité la puissance de son
génie et l’étendue de ses créations.
Jusqu’à présent aucun grand peintre n’a reçu cette consécration monumentale.
Pour Rubens, un essai de ce genre fut tenté, mais ne donna, à cause du caractère
incomplet et défectueux des reproductions, qu’un résultat peu satisfaisant. Pour Albert
Durer, on n’a entrepris jusqu’ici qu’une édition — d’ailleurs admirable — de ses dessins,
qui est en cours de publication. Quant à Léonard, les essais dont son œuvre a été
l’objet ne laissent pas prévoir d’achèvement avant bien des années.
Ce sont les œuvres île Rembrandt surtout qu’on s’est occupé de faire connaître,
malgré leur abondance et leur diversité, et quoique aucune subvention officielle n’en soit
venue favoriser la publication : la raison en est sans doute dans l’intérêt de plus en plus
grand, de plus en plus général, qu’a excité dans la seconde moitié de notre siècle le
maître hollandais. De nombreux et importants ouvrages lui ont été consacrés, entre
autres ceux de Smith, de Yosmaer, de Wurzbach, et — Inst not least — le remarquable
livre illustré de M. Emile Michel. Son œuvre gravé a été déjà plusieurs fois reproduit
en entier : par Charles Blanc, par E. Dutuit, et en dernier lieu, d’une façon aussi
définitive que possible, par M. Rovinski. Pour ses nombreux dessins, une sélection en
a été publiée en excellents fac-similés sous la direction de M. Friedrich Lippmann,
Mais jusqu à présent ses peintures n’ont fait l’objet d’aucune reproduction d’ensemble.
Les œuvres de Rembrandt ayant été depuis ma jeunesse l’objet préféré de mes
travaux, et ma situation m’ayant donné l’occasion de les voir et de les étudier dans
les collections publiques et particulières, j’ai pu réunir sur le maître quantité de
matériaux dont j’ai publié une partie en 1883 dans mes Studien zur Geschichte der
hollàndischen Malerei. Mais le désir me vint bientôt d’accomplir une tâche plus grande
et plus belle : la publication de tout l’œuvre peint de l’artiste, c’est-à-dire la
amais, autant que de nos jours, on n’éleva un si grand nombre de statues, en
bronze ou en marbre, pour immortaliser les princes, les généraux, les
hommes d’Etat qui contribuèrent à l’efflorescence delà vie nationale, et
aussi les hommes illustres qui, dans le domaine de la science et de l’art,
furent l’honneur et la gloire de leur patrie. Cependant, quand il s’agit d’un
artiste, il n’est pas, à mon avis, de plus beau monument que la reproduc-
tion aussi fidèle et aussi intégrale que possible de son œuvre, car c’est là le
meilleur moyen de manifester aux yeux de la postérité la puissance de son
génie et l’étendue de ses créations.
Jusqu’à présent aucun grand peintre n’a reçu cette consécration monumentale.
Pour Rubens, un essai de ce genre fut tenté, mais ne donna, à cause du caractère
incomplet et défectueux des reproductions, qu’un résultat peu satisfaisant. Pour Albert
Durer, on n’a entrepris jusqu’ici qu’une édition — d’ailleurs admirable — de ses dessins,
qui est en cours de publication. Quant à Léonard, les essais dont son œuvre a été
l’objet ne laissent pas prévoir d’achèvement avant bien des années.
Ce sont les œuvres île Rembrandt surtout qu’on s’est occupé de faire connaître,
malgré leur abondance et leur diversité, et quoique aucune subvention officielle n’en soit
venue favoriser la publication : la raison en est sans doute dans l’intérêt de plus en plus
grand, de plus en plus général, qu’a excité dans la seconde moitié de notre siècle le
maître hollandais. De nombreux et importants ouvrages lui ont été consacrés, entre
autres ceux de Smith, de Yosmaer, de Wurzbach, et — Inst not least — le remarquable
livre illustré de M. Emile Michel. Son œuvre gravé a été déjà plusieurs fois reproduit
en entier : par Charles Blanc, par E. Dutuit, et en dernier lieu, d’une façon aussi
définitive que possible, par M. Rovinski. Pour ses nombreux dessins, une sélection en
a été publiée en excellents fac-similés sous la direction de M. Friedrich Lippmann,
Mais jusqu à présent ses peintures n’ont fait l’objet d’aucune reproduction d’ensemble.
Les œuvres de Rembrandt ayant été depuis ma jeunesse l’objet préféré de mes
travaux, et ma situation m’ayant donné l’occasion de les voir et de les étudier dans
les collections publiques et particulières, j’ai pu réunir sur le maître quantité de
matériaux dont j’ai publié une partie en 1883 dans mes Studien zur Geschichte der
hollàndischen Malerei. Mais le désir me vint bientôt d’accomplir une tâche plus grande
et plus belle : la publication de tout l’œuvre peint de l’artiste, c’est-à-dire la