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Boeswillwald, E.; Cagnat, René; Ballu, Albert
Timgad: une cité africaine sous l'Empire Romain — Paris, 1905

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https://doi.org/10.11588/diglit.16949#0303
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LES THERMES, DU SUD 263

famille; les femmes qui occupent sa droite et sa gauche, sa femme
sans doute et sa fille, portent toutes deux le bras droit replié et enve-
loppé dans leur manteau et ont, à la main droite, l'épi et le pavot(l).
Ces comparaisons nous amènent à voir, dans la statue des thermes de
Timgad, bien plutôt qu'une Cérès, une dame romaine en Cérès. La
présence de rouleaux de papyrus à ses pieds est assez difficile à expli-
quer. Cet objet est absolument étranger aux représentations de Cérès ;
fréquent sur les statues d'hommes à l'époque impériale, il est tout à
fait exceptionnel pour les statues de femmes, à cause de l'idée
même qu'il exprime : on ne le trouve qu'à côté de Muses ou de
femmes poètes(2). Il est possible qu'il ait été attribué à la personne
représentée ici, pour célébrer ses qualités littéraires: dans une ville
où un grammairien s'amusait à faire graver en onciales au forum et
dans des bains, son nom et ses qualités, et dans quel style(3) ! on
peut croire à l'existence de quelque femme savante ou artiste(4).
Mais l'explication est peut-être beaucoup plus simple encore. Qui
sait si cette addition n'est pas simplement imputable à la fantaisie
du sculpteur qui, sans attacher de signification à ces rouleaux, les
aurait placés aux pieds de la femme, parce qu'on avait l'habitude
d'orner ainsi les statues d'hommes ? Qui sait s'il n'a pas trouvé
sur le modèle dont il s'est inspiré un objet différent, autel ou
ciste, et s'il ne l'a pas transformé, par imitation, en un paquet de
papyrus ?

Au fond de cette même salle, en face de l'entrée, à droite on
remarque une niche demi-circulaire dont le sol est recouvert de mo-

(1) On pourrait se demander si le scul-
pteur n'a pas voulu représenter ainsi des
femmes attachées au culte de Cérès, comme
prêtresses ou comme desservantes de rang in-
férieur. Les représentations de prêtresses de
Cérès sont rares encore en Afrique ; la seule
dont on pourrait tirer quelque lumière est
mutilée (C. I. L., VIII, 12331, épitaphe
à'Aemilia Amotmicar, seteerdos Cererum). La
prêtresse est figurée à côté d'un autel sur

lequel elle laisse tomber des grains d'encens
ou une offrande,; de la main gauche elle tenait
un attribut aujourd'hui méconnaissable. (Dou-
blet, Bull. arch. du Comité, 1892, p. 129).

(2) Cf. Reinach, Rev. arch., 1898 (XXXII)
p. 162 et 163 (statue de Corinne).

(3) Cf. plus haut, p. 236.

(4) A Gafsa on a trouvé mention d'une mu-
sica (C. /. L., Mil, 126); à Dougga d'une
paedagoga (1506).
 
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