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PHOQUES.

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sein des sorêts, dans les steppes de l’Asie, les savanes et les pampas de l’Amé-
rique, les déserts brûlants de l’Afrique, et les riantes campagnes de l’Europe ;
maintenant nous allons les suivre à travers les écueils et les récifs qui bordent
toutes les mers, et jusque sur les glaces éternelles des pôles. Nous les verrons se
jouer à travers les tempêtes, sur les vagues irritées, passer la plus grande partie
de leur vie dans les eaux, s’y nourrir de poissons, de crustacés et de coquillages
qu’ils pêchent avec beaucoup d’adresse, et ne venir à terre, où ils ne peuvent se
traîner qu’en rampant, que pour allaiter leurs petits ou dormir au soleil. Leur
corps allongé, cylindrique, diminuant progressivement de grosseur depuis la
poitrine jusqu’à la queue, leur colonne vertébrale, très-mobile, leurs muscles
puissants, leur bassin étroit, leurs poils ras et serrés contre la peau, en un mot
toute leur organisation en fait les meilleurs nageurs qu’il y ait parmi les mammi-
fères, si l’on en excepte les cétacés. La nature leur a donné une conformation
particulière qui leur permet de respirer à d’assez longs intervalles, et par consé-
quent de rester longtemps sous l’eau, quoiqu’ils n’aient pas le trou botal bouché,
comme l’ont prétendu quelques naturalistes, et particulièrement Buffon. Leurs
narines offrent aussi une particularité remarquable ; elles sont munies d’une sorte
de petite valvule que l’animal ouvre et ferme à volonté, et qui empêche l’eau de
leur entrer dans le nez lorsqu’ils plongent. Un sait extrêmement singulier, mais
notoire, est que ces animaux ont l’habitude constante, lorsqu’ils vont à l’eau, de
se lester comme on fait d’un vaisseau, en avalant des cailloux, qu’ils vomissent
en revenant au rivage. Certaines espèces recherchent les plages sablonneuses et
abritées, d’autres les rocs battus par la mer, d’autres enfin, les toufses d’herbes
épaisses des rivages. Ils ne se nourrissent pas exclusivement de poissons, car,
lorsqu’ils peuvent saisir quelque oiseau aquatique, un albatros, une mouette, ils
n’en manquent guère l'occasion. Pendant leur séjour à terre ils ne mangent pas,
aussi maigrissent-ils beaucoup. Même en captivité, pour dévorer la nourriture
qu’on leur jette, ils la plongent dans l’eau ; ils ne se déterminent à manger à sec
que lorsqu’ils y ont été habitués dès leur première jeunesse, ou qu’ils y sont
poussés par une faim extrême.
Quand les phoques veulent sortir de la mer, ils choisissent une roche plate,
qui s’avance dans l’eau en une pente douce par laquelle ils grimpent, et qui se
termine de l’autre par un bord à pic, d’où ils se précipitent dans les ondes, à la
moindre apparence de danger. Pour ramper, ils s’accrochent avec les mains ou
les dents à toutes les aspérités qu’ils peuvent saisir, puis ils tirent leur corps
en avant en le courbant en voûte ; alors ils s’en servent comme d’un ressort
pour rejeter la tête et la poitrine en avant, et ils recommencent à s’accrocher
pour répéter la même opération à chaque pas. Néanmoins, malgré ce pénible
exercice, ils ne laissent pas que de ramper assez vite, même en montant des
pentes fort roides. Le rocher sur lequel un phoque a l’habitude de se reposer
avec sa samille est sa propriété, relativement aux autres animaux de son espèce.
Quoiqu’ils vivent en grands troupeaux dans la mer, qu’ils se protègent, se dé-
sendent, s’aiment les uns les autres, une fois sur la terre, ils se regardent comme
dans un domicile sacré où nul camarade n’a le droit de venir troubler la tran-
quillité domestique. Si l’un d eux s’approche pour visiter les pénates de ses
voisins, il s’ensuit toujours un combat terrible, qui ne finit qu’à la mort du
 
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