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„ encore d'autres peintures même plus anciennes. Quiconque voudra les
„ juger sainement sera forcé de convenir qu'aucun art n'a été plutôt
„ porté à sa perfection , puisqu' il semble que la peinture n' existait pas
„ dans les tems troyens „.
Pline suppose à la fin de son texte que la peinture n' existait pas
dans les tems troyens et il en conclut que cet art est arrivé plus prom-
ptement à sa perfection en Italie qu' aucun autre des beaux-arts : voilà
la partie de son témoignage qu? il est permis de ne pas recevoir parce
que ce u' est quJ une conjecture ,- mais on ne peut pas contester le fait
de 1' existence de peintures sublimes en Italie , au moins entre la chiite
de Troye et la fondation, de Rome , à une époque antérieure de beau-
coup au fameux Démarate et à tous ces Grecs qui prétendent avoir in-
venté les couleurs , et avoir porté les premiers les beaux arts dans la
péninsnle. Observons que cette .époque troyenne est précisément F épo-
que de Vitulonia : l'existence des peintures sur vases h cette époque
n'est donc pas plus étonnante que celle des peintures d'Ardée , de
Lanuvinm , de Cëre qui est à nos portes. Observons aussi que 1' auteur
qui nomme ces peintures très-excellentes , et le César qui les convoitait
avaient sous les yeux les peintures de Protagènes et d' Àpelle. Mais le
nom d' un de ces peintres était suivant Pline un Marcus Ludîus Hèlotas
JEtolia oriundus : c' est là dessus que 1' on triomphe ! Marcus Ludius
Hèlotas , dit-on , est Grec , puisqu' il est originaire d' Etolie ! Mais de-
puis quand cesse-t-on d' être du pays où F on est né et où F on vit ,
pareeque F on est originaire d' un antre pays ? Priam originaire d' Etrn-
rie par Dardanus son aïeul n' est-il pas Troyen ? Les rois de Rome ori- .
ginaires de Troye ne sont-ils pas Romains ? Et en fait de lettres et de
beaux-arts n' est-on pas du pays où on les exerce , fut-on non seule-
ment oriundus , mais né dans un autre pays ? Si Elotas eût été Grec il
n' aurait pas été peintre à cette époque , car la peinture en Grèce a
commencé long-tems après lui. Les peintures d' Elotas et toutes celles
de ses contemporains ( car Elotas n'avait pas fait tous les ouvrages dont
parle Pline ) appartiennent évidemment à F Italie : F Italie a donc été
civilisée avant la Grèce , et donner le nom de grecs aux monuments vi-
tuloniens ou aux peintures de Pline est tout aussi déraisonnable que si
on appelait grecs les tableaux de Michelange et de R?phaël, pareequ' lis
„ encore d'autres peintures même plus anciennes. Quiconque voudra les
„ juger sainement sera forcé de convenir qu'aucun art n'a été plutôt
„ porté à sa perfection , puisqu' il semble que la peinture n' existait pas
„ dans les tems troyens „.
Pline suppose à la fin de son texte que la peinture n' existait pas
dans les tems troyens et il en conclut que cet art est arrivé plus prom-
ptement à sa perfection en Italie qu' aucun autre des beaux-arts : voilà
la partie de son témoignage qu? il est permis de ne pas recevoir parce
que ce u' est quJ une conjecture ,- mais on ne peut pas contester le fait
de 1' existence de peintures sublimes en Italie , au moins entre la chiite
de Troye et la fondation, de Rome , à une époque antérieure de beau-
coup au fameux Démarate et à tous ces Grecs qui prétendent avoir in-
venté les couleurs , et avoir porté les premiers les beaux arts dans la
péninsnle. Observons que cette .époque troyenne est précisément F épo-
que de Vitulonia : l'existence des peintures sur vases h cette époque
n'est donc pas plus étonnante que celle des peintures d'Ardée , de
Lanuvinm , de Cëre qui est à nos portes. Observons aussi que 1' auteur
qui nomme ces peintures très-excellentes , et le César qui les convoitait
avaient sous les yeux les peintures de Protagènes et d' Àpelle. Mais le
nom d' un de ces peintres était suivant Pline un Marcus Ludîus Hèlotas
JEtolia oriundus : c' est là dessus que 1' on triomphe ! Marcus Ludius
Hèlotas , dit-on , est Grec , puisqu' il est originaire d' Etolie ! Mais de-
puis quand cesse-t-on d' être du pays où F on est né et où F on vit ,
pareeque F on est originaire d' un antre pays ? Priam originaire d' Etrn-
rie par Dardanus son aïeul n' est-il pas Troyen ? Les rois de Rome ori- .
ginaires de Troye ne sont-ils pas Romains ? Et en fait de lettres et de
beaux-arts n' est-on pas du pays où on les exerce , fut-on non seule-
ment oriundus , mais né dans un autre pays ? Si Elotas eût été Grec il
n' aurait pas été peintre à cette époque , car la peinture en Grèce a
commencé long-tems après lui. Les peintures d' Elotas et toutes celles
de ses contemporains ( car Elotas n'avait pas fait tous les ouvrages dont
parle Pline ) appartiennent évidemment à F Italie : F Italie a donc été
civilisée avant la Grèce , et donner le nom de grecs aux monuments vi-
tuloniens ou aux peintures de Pline est tout aussi déraisonnable que si
on appelait grecs les tableaux de Michelange et de R?phaël, pareequ' lis