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12(5 LETTRE IX. SUR LA SICILE.
époque , les vicissitudes du climat, l'ardeur
d'un soleil brûlant, un travail excesïii ,
Hsbitans une nourriture trop frugale, la misère
de l'Etna, ensin effacent les grâces de l'enfance ; les
beaux profils à la grecque dessinés par
une main savante s'aliongent, ou se bour-
soussent : la teinte d'un incarnat brillant
cède à la couleur livide du hâle, & dans
le véritable âge des amours , le Dieu de
la tendresse ne trouve plus que des sleurs
fanées. Une complexion plus robuste dans
]es hommes n'osfre point une métamor-
phose aùssi frappante , une carnation quoi-
qu'un peu olivâtre, mais point du tout
désagréable, un corps vigoureux , beau-
coup de vivacité, tel est le déhors du
Catanien. Quant à son caractère, bien loin
d'être sauvage , il se manifeste à tous mo-
mens par mille aclions qui prouvent le
contraire. Affable , hospitalier, plein d'ur-
banité , il semble voler au devant de ce
que délire l'étranger. Malheureusement ici,
comme partout ces sentimens ne sont
gravés que dans les coeurs des gens de
campagne, élevés de la nature, à qui
cette tendre mère inculque plus facilement
ses droits, & dans ceux à qui la nais-
sance ou l'éducation élevé l'ame , & fait
circuler un jsahg plus pur dans les veines.
Mais le resse n'a d'autre Dieu que l'or,
n'est animé que par l'intérêt, ne soupire
12(5 LETTRE IX. SUR LA SICILE.
époque , les vicissitudes du climat, l'ardeur
d'un soleil brûlant, un travail excesïii ,
Hsbitans une nourriture trop frugale, la misère
de l'Etna, ensin effacent les grâces de l'enfance ; les
beaux profils à la grecque dessinés par
une main savante s'aliongent, ou se bour-
soussent : la teinte d'un incarnat brillant
cède à la couleur livide du hâle, & dans
le véritable âge des amours , le Dieu de
la tendresse ne trouve plus que des sleurs
fanées. Une complexion plus robuste dans
]es hommes n'osfre point une métamor-
phose aùssi frappante , une carnation quoi-
qu'un peu olivâtre, mais point du tout
désagréable, un corps vigoureux , beau-
coup de vivacité, tel est le déhors du
Catanien. Quant à son caractère, bien loin
d'être sauvage , il se manifeste à tous mo-
mens par mille aclions qui prouvent le
contraire. Affable , hospitalier, plein d'ur-
banité , il semble voler au devant de ce
que délire l'étranger. Malheureusement ici,
comme partout ces sentimens ne sont
gravés que dans les coeurs des gens de
campagne, élevés de la nature, à qui
cette tendre mère inculque plus facilement
ses droits, & dans ceux à qui la nais-
sance ou l'éducation élevé l'ame , & fait
circuler un jsahg plus pur dans les veines.
Mais le resse n'a d'autre Dieu que l'or,
n'est animé que par l'intérêt, ne soupire