ïsî LETTRE X. SUR LA SICILE.
on n'a laisse ici que quelques petites piè-
ces destinées à saluer les Bâtimens qui
viennent mouiller dans ce port.
Si du côté des anciennes Villes de
Tiché, Neapolis &c. . . . les dehors dé'
Siracuse respirent la désolation & la tris—
tesse, le coup d'ceil change bien en por-
tant ses regards sur la campagne des en-
virons. La vue se perd dans l'immensité
de ce vaste théâtre , partout émaillé de
fleurs, & offrant de tous les côtés les
plus beaux coups d'ceil. Ce sont les
champs élisés, c'est la vallée de Tempé,
c'est le sejour le ; plus ravissant, & si l'on
ne voit point ici les bosquets d'Alcinous,
ni les charmilles de le Pautre, l'œil n'en
est que plus satisfait. En fait de plaisirs
l'homme n'est esclave de la mode qu'un
instant, mais un moment de jouisîance
le rend bientôt à lui-même; & l'on
préfère toujours les solides trésors de la
nature aux richesses illusoires de son rival.
Nous nous embarquons ce soir pour
aller au Cap Passaro, d'où nous devons
passer à Malthe. Si les Turcs ne nous
prennent point en chemin, vous aurez
sûrement de mes nouvelles dans peu ;
mais si mon silence vous indique quel-
que catastrophe, songez à ma rançon ,
tandis que, la bêche à la main, j'irai
on n'a laisse ici que quelques petites piè-
ces destinées à saluer les Bâtimens qui
viennent mouiller dans ce port.
Si du côté des anciennes Villes de
Tiché, Neapolis &c. . . . les dehors dé'
Siracuse respirent la désolation & la tris—
tesse, le coup d'ceil change bien en por-
tant ses regards sur la campagne des en-
virons. La vue se perd dans l'immensité
de ce vaste théâtre , partout émaillé de
fleurs, & offrant de tous les côtés les
plus beaux coups d'ceil. Ce sont les
champs élisés, c'est la vallée de Tempé,
c'est le sejour le ; plus ravissant, & si l'on
ne voit point ici les bosquets d'Alcinous,
ni les charmilles de le Pautre, l'œil n'en
est que plus satisfait. En fait de plaisirs
l'homme n'est esclave de la mode qu'un
instant, mais un moment de jouisîance
le rend bientôt à lui-même; & l'on
préfère toujours les solides trésors de la
nature aux richesses illusoires de son rival.
Nous nous embarquons ce soir pour
aller au Cap Passaro, d'où nous devons
passer à Malthe. Si les Turcs ne nous
prennent point en chemin, vous aurez
sûrement de mes nouvelles dans peu ;
mais si mon silence vous indique quel-
que catastrophe, songez à ma rançon ,
tandis que, la bêche à la main, j'irai