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L E B E L
E S P R I T.
IV. ENTRETIËN.
Ïj' Ugene & Ariste commencerent
v leur promenade par la le&ure d’un
ouvrage mellé de prose & de versy
qu’un de leurs amis avoit composé depuis
peu. Ils le leûrent attentivement, comme
on lit toûjours les pieces nouvelles ; &
aprés l’avoir examiné à loi(îr>ils jugerent
tous deux quede long-temps il ne s’estoit
rienfàitde plus raisonnable, ni de plus
ipirituel.
Ilfaut avoirbien del’esprit, dit Euge-
ne, pour faire de ces sortes d’ouvrages,
oùl’esprit brillepar toüt ; & où il n’y a
point de faux brillans. Il ne sufsit pas pour
cela d’avoir beaucoup d’esprit, répondit
Ariste, il faut en avoir d’une espeee parti-
culiere. Iln’yaque Jebel esprit qui soit
capable de ces chef-d’oeuvres : c’est luy
proprement qui donne aux pieces excel-
lentescetour qui les distingue des pieces
communes , & ee cara&ere de perfe-
ftion, qui fait qu’on y découvretoujours
de nouvellesgraces. Mais tout le mon-
de n’a pas de ce bel esprit dont je parle,
ajoûu-
L E B E L
E S P R I T.
IV. ENTRETIËN.
Ïj' Ugene & Ariste commencerent
v leur promenade par la le&ure d’un
ouvrage mellé de prose & de versy
qu’un de leurs amis avoit composé depuis
peu. Ils le leûrent attentivement, comme
on lit toûjours les pieces nouvelles ; &
aprés l’avoir examiné à loi(îr>ils jugerent
tous deux quede long-temps il ne s’estoit
rienfàitde plus raisonnable, ni de plus
ipirituel.
Ilfaut avoirbien del’esprit, dit Euge-
ne, pour faire de ces sortes d’ouvrages,
oùl’esprit brillepar toüt ; & où il n’y a
point de faux brillans. Il ne sufsit pas pour
cela d’avoir beaucoup d’esprit, répondit
Ariste, il faut en avoir d’une espeee parti-
culiere. Iln’yaque Jebel esprit qui soit
capable de ces chef-d’oeuvres : c’est luy
proprement qui donne aux pieces excel-
lentescetour qui les distingue des pieces
communes , & ee cara&ere de perfe-
ftion, qui fait qu’on y découvretoujours
de nouvellesgraces. Mais tout le mon-
de n’a pas de ce bel esprit dont je parle,
ajoûu-