M
U. BOURIANT, G. LEGRAIN ET G. JÉQUIER.
I
la suite des siècles, a certes subi des variations appréciables, mais il a toujours
gardé une retenue, un air compassé qui montrent qu'on laissait aux gens du
commun de rire et de danser; quiconque voulait avancer dans la carrière admi-
nistrative devait plutôt s'appliquer aux belles-lettres et suivre les exhortations de
professeurs dont les papyrus nous ont gardé les plus pédants modèles. Il semble
qu'à Khouïtatonou on ait fait une part plus large au rire, à la gaieté, à la bonne
humeur. Et c'est parce que ces gens aimaient la vie et le beau soleil qui les faisait
vivre et l'ont avoué ingénument qu'ils semblent paradoxaux aux archéologues
d'aujourd'hui aussi bien qu'à leurs descendants de jadis.
Derrière le groupe des danseurs, levant tous les mains et acclamant le roi,
sont des flabellifères, des porte-ombrelles dont les traits grossiers indiquent
l'origine négroïde et peut-être la condition servile, deux porteurs de boomerang (?),
des archers nègres, des piquiers asiatiques.
Plus loin un groupe de scribes écrit à la hâte sur des tablettes, notant les
incidents de la fête et peut-être le royal petit discours de circonstance, tandis que
des indigènes, des nègres et des asiatiques acclament encore. Enfin, il n'est pas
jusqu'aux cochers qui ne manifestent aussi. Deux qui passaient par là sont
descendus de leurs chars et tandis qu'un enfant contient les chevaux qui piaffent,
ils saluent Khouniatonou, leurs sandales enfilées au bras gauche.
Le centre du tableau est occupé par un édifice illuminé par le disque et qui me
semble être le palais royal plutôt que la maison d'Aï. Les portes en sont closes et
dans le nouveau tableau qui se déroule (pi. XXIV), Aï paraît en sortir. Il est
lourdement paré de sept grands colliers et de huit bracelets, et quatre serviteurs
portent les autres présents royaux. Chacun le félicite, l'acclame, se prosterne
même à ses pieds. Je pense que ces gens là attendaient à la porte du palais,
tandis que ceux du tableau de gauche, plus heureux, avaient franchi le pylône
du palais et avaient assisté à la cérémonie dont Aï et sa femme étaient les héros.
Dans la seconde scène, Tii, la nouvelle mariée, ne paraît pas et Aï, seul, se
montre à la foule.
Tout au fond du tableau, derrière un rideau de voitures qui attendent, sont
représentés quatre jolis tableaux. Ce sont des scènes à deux personnages où chacun
philosophie sur le fait du jour. A gauche, un homme assis sur un pliant près
d'un autel surmonté de deux enseignes dit à son enfant :
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