58 Voyage au Levant,"
lorsque son maître sortoit, avoit accoutumé
de se tenir dans lacuisine ôc de faire garde au
coin du feu , pour empêcher que les Faucons
ne prissent quelque chose. Il y aicy de ces oi-
seaux, comme nous l'avons dit, en fort gran-
de quantité ôc ils s'aiTemblent par troupes
sur les maisons,où ils sont toujours aux aguets
f>our tâcher d'attrapper quelque morceau qui
eur convienne , ce qu'ils font assez souvent,'
parce que les cheminées étant fort larges ôc
peu élevées, il ne leur est pas difficile d'enle-
ver quelque chose du foyer &c de l'emporter.
Il arriva donc un jour que l'Arabe après avoir .
mis au pot un morceau de viande, sortit, Ôc
fut fort long-tems avant que de revenir, de-
sorte que le pot étant trop bouilli, la viande
demeura toute découverte» Un Faucon, qui
étoit aux aguets, sur le haut de la cheminée £
ayant apperçû cette viande , elle lui fit envie,
de il se hazarda de l'enlever. Il y réûssit, de
étant deseendu, il prit la viande & l'emporta
parla cheminée. Le Singe, qui se vit attra-
pé, se mit à regarder tristement en haut, ôc
comme s'il eût raisonné en soy-même sur le
mauvais traitement que son maître lui feroic
à son retour pour s'être ainsilaissé dupper, il
tâcha de l'éviter par quelque tour d'adreiTe.'
Il raisonna donc à peu près de cette manière*'
Sans doute que celui qui a fait le coup , après
qu '
lorsque son maître sortoit, avoit accoutumé
de se tenir dans lacuisine ôc de faire garde au
coin du feu , pour empêcher que les Faucons
ne prissent quelque chose. Il y aicy de ces oi-
seaux, comme nous l'avons dit, en fort gran-
de quantité ôc ils s'aiTemblent par troupes
sur les maisons,où ils sont toujours aux aguets
f>our tâcher d'attrapper quelque morceau qui
eur convienne , ce qu'ils font assez souvent,'
parce que les cheminées étant fort larges ôc
peu élevées, il ne leur est pas difficile d'enle-
ver quelque chose du foyer &c de l'emporter.
Il arriva donc un jour que l'Arabe après avoir .
mis au pot un morceau de viande, sortit, Ôc
fut fort long-tems avant que de revenir, de-
sorte que le pot étant trop bouilli, la viande
demeura toute découverte» Un Faucon, qui
étoit aux aguets, sur le haut de la cheminée £
ayant apperçû cette viande , elle lui fit envie,
de il se hazarda de l'enlever. Il y réûssit, de
étant deseendu, il prit la viande & l'emporta
parla cheminée. Le Singe, qui se vit attra-
pé, se mit à regarder tristement en haut, ôc
comme s'il eût raisonné en soy-même sur le
mauvais traitement que son maître lui feroic
à son retour pour s'être ainsilaissé dupper, il
tâcha de l'éviter par quelque tour d'adreiTe.'
Il raisonna donc à peu près de cette manière*'
Sans doute que celui qui a fait le coup , après
qu '