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Société de l'Histoire de l'Art Français [Hrsg.]
Bulletin de la Société de l'Histoire de l'Art Français — 1925

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Macon, Gustave: Une lettre inédite du peintre Piat-Joseph Sauvage (1814)
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https://doi.org/10.11588/diglit.19275#0211

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J’ai été persécuté de toutes les manières; l’on m’a enlevé de
chez moi à deux heures du matin; quatre cavaliers de gendar-
merie m’ont conduit à la fameuse Commune de Paris deux
jours avant le massacre des prisons; j’en suis échappé dans les
vingt-quatre heures comme par miracle; j’ai fui Paris et fus
un an caché.

Au fameux neuf Thermidor, où tous les monstres furent
renversés, je rentrai à Paris. Mais les différents gouvernements
qui se sont succédé les uns aux autres m’ont dégoûté de la
capitale. J’étois ruiné, ne sachant que faire. Dans ce moment
les autorités de mon pays m’ont invité à revenir dans ma ville
natale. Je suis à Tournay depuis six ans, où j’exerce la place
de professeur de l’école de dessin. Malgré mes soixante et
dix ans et demi, je travaille toujours. J’ai peint le chœur de
la cathédrale; il est composé de neuf bas-reliefs de près de
quatorze pieds sur huit de haut; cet ouvrage m’a fait ici une
réputation. Il ne me manque pour rendre ma vieillesse heu-
reuse que de désabuser V. A. des mauvaises impressions qu’on
lui a inspirées sur mon compte si injustement. L’académie de
Toulouse m’a envoyé un duplicata de mon titre; l’académie
de Paris fera de même sitôt qu’elle se rétablira ; il ne me man-
quera que celui qui m’étoit le plus cher pour me rendre par-
faitement heureux.

En 1792, j’ai fait les camées de Louis XVI et de la reine
d’après nature, étant en captivité au château des Tuileries ; j’en
garde des copies et je prends la liberté d’envoyer les originaux
à V. A. S., espérant qu’Elle voudra bien en accepter l’hom-
mage.

J’ai l’honneur d’être, avec le plus profond respect, le plus
fidèle et le plus dévoué de vos serviteurs,

Sauvage,

Professeur à l’école de dessin,
rue perdue.

Tournay, ce 17 avril 1814.

Piat-Joseph Sauvage, né à Tournay en 1747, avait été
présenté à l’Académie par Duplessis et agréé, le 28 juillet
1781, comme » peintre dans le genre des natures mortes ».
Il mourut à Tournay le 12 juin 1818. Il était connu sur-
tout par sa décoration de la salle de spectacle de Chan-
tilly en 1785 et 1786, que j’ai mentionnée en 1902 dans les
Arts dans la maison de Condé. Le théâtre de Chantilly,
qui se trouvait au bout de l’Orangerie, au bas du Jeu-de-
Paume actuel, a été complètement démoli en 1800, et on
 
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