Société de l'Histoire de l'Art Français [Hrsg.]: Bulletin de la Société de l'Histoire de l'Art Français (1925)

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Ces républicains désenchantés votent presque tous
pour Louis-Napoléon, candidat à la présidence de la
République. Attendent-ils de lui un nouveau Denon,
ainsi que les encouragements et les commandes pro-
digués sous le premier Empire? Pour le moment, en
choisissant le neveu de l’empereur, « ils ont suivi
leur impulsion de citoyens et leurs vœux d’artistes.
Les hommes qui cultivent les lettres et les arts
désirent un gouvernement sage, entièrement étranger
aux passions aveugles de ceux qui, sous prétexte de
régénérer la société, cherchent à la bouleverser et à
la couvrir de ruines ».

Les artistes ne se contentent pas de ce langage si
net ; ils prennent plaisir à reproduire dans leur organe
officiel, le Journal des Beaux-Arts, le passage sui-
vant d’une lettre adressée par Louis-Napoléon à
la Société des gens de lettres, qui lui demandait
quelques lignes pour son album :

« L’état des arts, des sciences et des lettres révèle
toujours le caractère d’une époque. Lorsqu’une
société est travaillée dans un sens opposé au progrès,
ces trois branches des connaissances humaines lan-
guissent au lieu d’avancer. Mais lorsque la société
est dans l’enfantement des grandes vérités, alors tout
se développe pour aider à cet enfantement, et l’éclat
de la politique va de concert avec l’éclat des sciences,
des arts et des lettres qui sont l’âme du corps social.
Lorsqu’une révolution est dans le vrai, elle produit
de grands hommes et de grandes choses; lorsqu’elle
est dans le faux, elle ne produit que du bruit et des
larmes. »

Les artistes se contentaient de peu, car, dans ces
phrases vagues et énigmatiques, ils ne pouvaient
trouver ni promesses fermes ni programme immédiat.

Gabriel Vauthier.