Société de l'Histoire de l'Art Français [Hrsg.]: Bulletin de la Société de l'Histoire de l'Art Français (1925)

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Cette même année est celle de F Embarquement pour
Cythère, de Watteau reçu académicien, symboles
d’une époque neuve, mais pour un artiste étranger,
peu au courant des évolutions de la mode, pour un
portraitiste surtout, la grande lumière de l’art était
encore Rigaud. La gravité imposante de ses person-
nages, son coloris sérieux faisaient l’admiration des
civilisations septentrionales. Lundberg alla tout na-
turellement frapper à sa porte et demander ses leçons.
Mais il noua dès l’abord des relations en quelque
sorte officielles avec Erik Sparre, « le beau Sparre »,
ambassadeur de Suède, auquel il était recommandé.
Sparre, renommé pour sa bravoure extraordinaire,
son esprit et sa beauté1, était une personnalité pari-
sienne, « ses saillies étaient des mots excellents2 ».
Largillierre venait de peindre son portrait.

Sparre adressa Lundberg à Largillierre et Lund-
berg s’en fut par surcroît chez Fr. de Troy, qui devait
lui apprendre le goût du jour. Ainsi qu’il l’écrit lui-
même, ces trois maîtres l’accueillirent « favorable-
ment et lui furent très bienveillants3 ». Ils trouvèrent
à son dessin quelque incertitude et lui conseillèrent,
pour qu’il apprît à l’affermir, de suivre à l’Académie
les leçons de P.-J. Cazes, ce qu’il fit. Il se mit au
travail avec une ardeur appliquée. Le comte Sparre
obtint pour lui la rare faveur d’étudier et de copier
tant au Louvre qu’au Luxembourg les tableaux des
vieux maîtres qui faisaient l’ornement des galeries
royales.

Lundberg employa les premières années de son sé-
jour à ce s travaux de perfectionnement. De cette pé-
riode date notamment une copie qu’il exécuta du por-
trait du cardinal Fleury par Rigaud, dontTessin fera

1. Saint-Simon, Mémoires.

2. Tessin ocli Tessiniana.

3. Autobiographie manuscrite.