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https://doi.org/10.11588/diglit.42500#0280
Le s. d’O-
âobre
1/6»,
*54 ACADEMIE DES SCIENCES,
suite & d’éclat, que tu fus obligé à tirer du sein de ton eslude ces doéles
Interprétations , pour les donner par la plume aux souhaitsdes Sçavans,
après les avoir dispensées de la voix à ton paisible Auditoire. Mais quel-
que goullque tuprilse aux Lettres humaines j si est-ce qu’elles ne captivè-
rent point tellement ton coeur, que tu ne les quitasse en quelque façon pour
suivre l’esior de ton esprit sublime , qui t’emportoit aux sciences les plus
relevées : regardant la Jurisprudence comme uneMaistresse plus digne de
ton amour , & plus conforme à l'austerité de ta discipline , tu luy vouas
toutes tes veilles , &: suivis si glorieusement ses enseignes , que tu vins à
égaler les plus fameux Jurisconsultes de ton siecle î puis qu’il n’y en eut
point de plus intelligent que toy en cette noble Faculté. En effet tu nous
la montre en tes écrits toute revestuë des grâces de l’Eloquence de Cicé-
ron , après l’avoir dépouillée de son ancienne barbarie , &£ de l’imperti-
nencedes Sophistes j &tu allie si étroitement la douceur du bien dire avec
laseverité des Loix, que l’on ne peut rien voir de plus beau , & tout en-
semble de plus solide que cét admirable tempérament. Les doéles Livres que
tu as publiez en Latin sur les Pande&es, Sc sur le Droit Canon seront tous-
jours les témoins fideles de cette vérité ; comme l’ont esté les Universi-
tez de Thouiouse , de Paris, & de Louvain , lors que tu faisois retentir ta
voix dans leurs spatieuses Ecoles. Avec cela tu mis encore au jour un Trait-
té des Antiquitez Ecclesiafiiques , qui sert de preuve que tu avois pénétré
jusqu’aux principes du Droit Canon, & que tu Pavois puisédans sa source.
Aullî ce Prince magnifique Philippe II. ayant érigé l’Uni versité de Doüay , 6C
voulant signaler cette ereélionpar le concours des plus sçavans hommes de
l’Europe j tu fus choisy tout des premiers pour y enseigner le Droit : mesme
tu eus l’honneur d’y conduire une sçavante troupe d’IUustres Do&eurs , 5C
d'estre receu à leur telle en ce sacré Domicile de la Sagelse, avec toute la so-
lemnité, & toutes les acclamations que ta haute réputation meritoit. Ton
bonheur surpalsa encore tes esperances ; car tu survéquis tous tes Collè-
gues , comme tu les surpalsois en érudition ; & ce ne fut qu’aprés avoir
occupé la première chaire du Droit en cette fameulè Université l’espace
de trente sept ans, & qu’en la soixante ô£ dixiéme de tes années, que tu
payas à la nature le tribut que tous les hommes luy doivent.
Il mourut le quinziéme de Novembre de l’an 1599. lailsantde sa femme
Marie Cabillau Lilloise douze enfans , un desquels , de mesme nom que
luy, a succedé à sa Charge de Profesieur Royal. On voit son Tombeau en
PEglisedes Peres Jesuistes à Doiiay , avec cette humble &: pieuse Inscription.
Boetii corpus quiefeit hîc Eponis :
<tAnimam refpice, b Jesü benigniter.
AN-
âobre
1/6»,
*54 ACADEMIE DES SCIENCES,
suite & d’éclat, que tu fus obligé à tirer du sein de ton eslude ces doéles
Interprétations , pour les donner par la plume aux souhaitsdes Sçavans,
après les avoir dispensées de la voix à ton paisible Auditoire. Mais quel-
que goullque tuprilse aux Lettres humaines j si est-ce qu’elles ne captivè-
rent point tellement ton coeur, que tu ne les quitasse en quelque façon pour
suivre l’esior de ton esprit sublime , qui t’emportoit aux sciences les plus
relevées : regardant la Jurisprudence comme uneMaistresse plus digne de
ton amour , & plus conforme à l'austerité de ta discipline , tu luy vouas
toutes tes veilles , &: suivis si glorieusement ses enseignes , que tu vins à
égaler les plus fameux Jurisconsultes de ton siecle î puis qu’il n’y en eut
point de plus intelligent que toy en cette noble Faculté. En effet tu nous
la montre en tes écrits toute revestuë des grâces de l’Eloquence de Cicé-
ron , après l’avoir dépouillée de son ancienne barbarie , &£ de l’imperti-
nencedes Sophistes j &tu allie si étroitement la douceur du bien dire avec
laseverité des Loix, que l’on ne peut rien voir de plus beau , & tout en-
semble de plus solide que cét admirable tempérament. Les doéles Livres que
tu as publiez en Latin sur les Pande&es, Sc sur le Droit Canon seront tous-
jours les témoins fideles de cette vérité ; comme l’ont esté les Universi-
tez de Thouiouse , de Paris, & de Louvain , lors que tu faisois retentir ta
voix dans leurs spatieuses Ecoles. Avec cela tu mis encore au jour un Trait-
té des Antiquitez Ecclesiafiiques , qui sert de preuve que tu avois pénétré
jusqu’aux principes du Droit Canon, & que tu Pavois puisédans sa source.
Aullî ce Prince magnifique Philippe II. ayant érigé l’Uni versité de Doüay , 6C
voulant signaler cette ereélionpar le concours des plus sçavans hommes de
l’Europe j tu fus choisy tout des premiers pour y enseigner le Droit : mesme
tu eus l’honneur d’y conduire une sçavante troupe d’IUustres Do&eurs , 5C
d'estre receu à leur telle en ce sacré Domicile de la Sagelse, avec toute la so-
lemnité, & toutes les acclamations que ta haute réputation meritoit. Ton
bonheur surpalsa encore tes esperances ; car tu survéquis tous tes Collè-
gues , comme tu les surpalsois en érudition ; & ce ne fut qu’aprés avoir
occupé la première chaire du Droit en cette fameulè Université l’espace
de trente sept ans, & qu’en la soixante ô£ dixiéme de tes années, que tu
payas à la nature le tribut que tous les hommes luy doivent.
Il mourut le quinziéme de Novembre de l’an 1599. lailsantde sa femme
Marie Cabillau Lilloise douze enfans , un desquels , de mesme nom que
luy, a succedé à sa Charge de Profesieur Royal. On voit son Tombeau en
PEglisedes Peres Jesuistes à Doiiay , avec cette humble &: pieuse Inscription.
Boetii corpus quiefeit hîc Eponis :
<tAnimam refpice, b Jesü benigniter.
AN-