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https://doi.org/10.11588/diglit.42500#0282
COKUM.
Pr ACTICA
JtJDIClA-
R IA, &C.
%j6 ACADEMIE DES SCIENCES,
de ces Biens, il aspira encore à la possession des biens de l’esprit : mesme iî
les préféra à ceux de la Fortune, comme plus soüdes, &: plus dignes de luy.
Ayantchoisil’efludedela Jurisprudence pour remplir cette ardante &:loiia-
ble convoitise; il puisa à pleines mains dans sestresors, &en tira ces riches-
ses, qu’il nous a Iaissées pour nostre bonheur, aussi bien que pour là gloire.
C’esfc ainli que je parle des doétes Escrits qu’il a publiez sur le Droit ; où il re-
Cc sont ses soudavec un raisonnement admirable des questions capables d’embarrasser
ErroVibus esprit moins ciair-voyant que le sien , &:par lesquels il dégage cettedisci-
Pr a c m ati* pline de l’erreur, où une trouppe ignorante, & servile de Praticiens l’avoic
engagée j comme en des liens qui en captivoient l’usage, & qui en abbais-
soient la dignité. Le Duc de Savoye n’eut pas plutost reconnu sa suffisance
dans la fon&ion de Juge de sa Province,qssil i’appella au Parlement de Cham-
béry, & peu de temps après l’éleva sur le premier Tribunal de cette Cour
souveraine ; d’autant plus glorieusement pour luy , que son mérité seul avoir
porté ce Prince à luy donner cette Charge. Le Feb vre s’en acquitta aussi avec
une prudence qui lit voir à toute la Savoye que personne n’en estoit plus dig-
ne que luy. Un different s’estant émeu entre le Duc son maistre, celuy de
Mantoue au sujet du Montferrat ; il eserivit sur cette matière délicate en
homme qui sçavoit décider les querelles des Princes aussi bien que celles de
leurs sujets. Sa vertu n’a pas moins paru dans ses grands emplois que sa Do&ri-
ne. Il tint tousjours la balance égale, sans la faire incliner vers la faveur, ny
la disslmulation. II n’y avoit point de jour qu’il ne se lit admirer dans le Sé-
nat par son zele pour le bien public, &c pour celuy des particuliers ; parmy
quoy il ne crut pas déroger à la dignité de la Robe , non plus qu’à la gravi-
té d’un Sénateur, en donnant quelque relâche à ses travaux parles plaissrs
de la Poëlie j pour se reposer dans le giron des Mules, apres avoir presidé sur
les Tribunaux delà Justice. Dans ces agréables momensilmit en vers Fran-
çois la Vie de l’Empereur Gordian, &l’Histoire du saint Suaire, que l’on voie
àTurin, où il avoit fait ses estudes sous Antoine Manuce. Il eut de Benoits
Dame de Vaugelas son Epouse plulieurs enfans ; entre lesquels Claude le
Febvre, &Jaqueline, Religieufè delà Visitation, se sont signalez, la fille
par sa pieté, le fils par son érudition. Cét excellent personnage les ayant éle-
vez soigneusement dans la Vertu , fie une fin fort Chrestienne au mois de Fé-
vrier de l’an mille six cens vingt-quatre , âgé de soixante dix-sept ans :
digne de vivre éternellement dans la mémoire des hommes par les monu-
mens de son esprit : Audi ne pouvant aller plus avant , après avoir parlé
d’un homme, qui au jugement de tous les Do&es, a mis la Jurisprudence
en sa derniere perfeélion ; nous nous arresterons sur le Tombeau de ce grand
genie, &: le couvrirons de ces sseurs, qu’un Poète Latin a cueillies sur le
Parnasse :
Jfcc te artu fugit morientem gloria jFuris ;
sfm fuit auclorem sure cadente mort.
Pr ACTICA
JtJDIClA-
R IA, &C.
%j6 ACADEMIE DES SCIENCES,
de ces Biens, il aspira encore à la possession des biens de l’esprit : mesme iî
les préféra à ceux de la Fortune, comme plus soüdes, &: plus dignes de luy.
Ayantchoisil’efludedela Jurisprudence pour remplir cette ardante &:loiia-
ble convoitise; il puisa à pleines mains dans sestresors, &en tira ces riches-
ses, qu’il nous a Iaissées pour nostre bonheur, aussi bien que pour là gloire.
C’esfc ainli que je parle des doétes Escrits qu’il a publiez sur le Droit ; où il re-
Cc sont ses soudavec un raisonnement admirable des questions capables d’embarrasser
ErroVibus esprit moins ciair-voyant que le sien , &:par lesquels il dégage cettedisci-
Pr a c m ati* pline de l’erreur, où une trouppe ignorante, & servile de Praticiens l’avoic
engagée j comme en des liens qui en captivoient l’usage, & qui en abbais-
soient la dignité. Le Duc de Savoye n’eut pas plutost reconnu sa suffisance
dans la fon&ion de Juge de sa Province,qssil i’appella au Parlement de Cham-
béry, & peu de temps après l’éleva sur le premier Tribunal de cette Cour
souveraine ; d’autant plus glorieusement pour luy , que son mérité seul avoir
porté ce Prince à luy donner cette Charge. Le Feb vre s’en acquitta aussi avec
une prudence qui lit voir à toute la Savoye que personne n’en estoit plus dig-
ne que luy. Un different s’estant émeu entre le Duc son maistre, celuy de
Mantoue au sujet du Montferrat ; il eserivit sur cette matière délicate en
homme qui sçavoit décider les querelles des Princes aussi bien que celles de
leurs sujets. Sa vertu n’a pas moins paru dans ses grands emplois que sa Do&ri-
ne. Il tint tousjours la balance égale, sans la faire incliner vers la faveur, ny
la disslmulation. II n’y avoit point de jour qu’il ne se lit admirer dans le Sé-
nat par son zele pour le bien public, &c pour celuy des particuliers ; parmy
quoy il ne crut pas déroger à la dignité de la Robe , non plus qu’à la gravi-
té d’un Sénateur, en donnant quelque relâche à ses travaux parles plaissrs
de la Poëlie j pour se reposer dans le giron des Mules, apres avoir presidé sur
les Tribunaux delà Justice. Dans ces agréables momensilmit en vers Fran-
çois la Vie de l’Empereur Gordian, &l’Histoire du saint Suaire, que l’on voie
àTurin, où il avoit fait ses estudes sous Antoine Manuce. Il eut de Benoits
Dame de Vaugelas son Epouse plulieurs enfans ; entre lesquels Claude le
Febvre, &Jaqueline, Religieufè delà Visitation, se sont signalez, la fille
par sa pieté, le fils par son érudition. Cét excellent personnage les ayant éle-
vez soigneusement dans la Vertu , fie une fin fort Chrestienne au mois de Fé-
vrier de l’an mille six cens vingt-quatre , âgé de soixante dix-sept ans :
digne de vivre éternellement dans la mémoire des hommes par les monu-
mens de son esprit : Audi ne pouvant aller plus avant , après avoir parlé
d’un homme, qui au jugement de tous les Do&es, a mis la Jurisprudence
en sa derniere perfeélion ; nous nous arresterons sur le Tombeau de ce grand
genie, &: le couvrirons de ces sseurs, qu’un Poète Latin a cueillies sur le
Parnasse :
Jfcc te artu fugit morientem gloria jFuris ;
sfm fuit auclorem sure cadente mort.