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Bullart, Isaac
Académie Des Sciences Et Des Arts: Contenant les Vies, & les Eloges Historiques des Hommes Illustres, qui ont excellé en ces Professions depuis environ quatre Siècles parmy diverses Nations de l'Europe: Avec leurs Portrais tirez sur des Originaux au Naturel, ... ; [Divisée En Deux Tomes] (Band 2) — Paris, 1682

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https://doi.org/10.11588/diglit.42501#0394
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378 ACADEMIE DES SCIENCES,
Le Pays-bas, nommé par les Cosmographes la Germanie inferieure, n'a
pas manqué d’esprits abondans en inventions ; qui ont cultivé les beaux
Arts pendant les trois derniers Siècles avec autant de soin, &de succez
que les Italiens : & si le Marbre eust esté aussi commun en cette contrée
qu’il iést au delà des Monts; nous ne devons pas douter que les Fiamens
neusfent dés lors égalé en tout cette Nation subtiîe, comme ils ont fait de
nossre temps par des Statués, qui ne cedent point aux meilleures de l’Italie.
Mais la plus grande gloire de ce petit coin de l’Europe est d’avoir
produit ces esprits excellons, Hubert & Jean van Eyck, qui
ont inventé le mélange des couleurs avec l’huile , &: qui ont tiré par
ce nouveau secret la Peinture de ses langueurs , pour luy donner une
vigueur incorruptible. Agréable Riviere de Meule ; tu peux désormais
ensser tes ondes d’un orgueil pareil à celuy du Tibre, &de i'Arne; puîs-
que tu as veu naistre sur tes bords ces deux sreres germains dans la pe-
tite ville de Maseyck, dont tu baignes les murailles. Leur genie les por-
ta également à manier le pinceau. Hubert, qui vint au monde en-
viron l’an mille trois cens soixante & six, devança son cadet en cet-
te professîon , comme il le devançoit de quelques années : mais Jean
apres avoir eflé son discipîe le surpassa en l’intelligence de l’Art, &: en
inventions. Ayant fait quelques pièces à la cole au lieu de leur naissan-
ce, ils allèrent établir leur residence en la ville de Bruge; qui efloit alors
l’une des plus sseurissantes du Pays-bas par le commerce des Nations
estrangeres ; où ils sc mirent à travailler avec diligence à tout ce qui
pouvoit illustrer & leur nom, & leur Art, Iis virent pourtant bien qu’ils
feroient des vains efforts , aussi long-temps que le pinceau demeure-
roit dans son ancienne impuissance , & le coloris dans san inhabilité ;
ils jugèrent fort sagement que leur mémoire periroit avec leurs ouvra-
ges 5 & qu’elle seroit sujette aussi bien qu’eux aux injures du temps :
comme ces ouvrages estoient dignes des Siècles à venir * ils cherchèrent
les moyens de les rendre durables par un composé capable deresîfler aux
accidens qui ont effacé ceux de l’Antiquité.
Jean qui avoit de l’essude , & quelque connoissance de l’Alchymie,
s’avisà de distiller des essences pour les mêler parmy ses couleurs ; afin
de les rendre plus ssuides. Il prépara un Vernis , qui véritablement don-
noir plus de lustre à ses figures : mais voyant que l’ardeur du Soleil le
faisoit écailler en le sechant ; il éprouva de broyer ses couleurs avec de
l’huile de noix , &: de lin , &: trouva enfin par cét ingénieux mélange
ce qu’il cherchoit avec tant de travail , & qui avoitesté caché à tous les
hommes avant luy. De sorte qu’on peut juslement luy attribuer l’hon-
neur d’avoir inventé la Peinture ; puis quauparantelle n’esloitque l’om-
bre de la réalité ; qu’elle efloit Ianguissante , caduque , dese&ueusè;
que toute sa persection consistoit dans le dessein ; &: que nous ne ver-
rions pas aujourd’huy l’Europe remplie de tant de monumens de cét
Art; si ce subtil Inventeur n avoit découvert le secretqüirend les traits
du Pinceau indelibles, & pour ainli dire immortels.
Joyeux du succez de son invention , il se mit à la pratiquer sècrete-
ment avec son frere l’an mille quatre cens dix. Depuis cette nouveau-
té ayant excité du bruit dans Je monde; le Duc Philippe de Bourgog-
ne, Prince Souverain du Pays-bas , voulutavoir de la main de cét hom-
me ingénieux ce rare Tableau del’Apocalipse, qui cst en l’Eglisede Saine
Jean à Gand , dans une Chapelle à costé du Chœur ; où on le mon-
tre aux Estrangers, qui ont la curiosité de le voir ; comme la merveil-
le de cette Ville, & comme l’une des plus parfaites productions du pin-
ceau. On voit en l’un des volets Adam Sc Eve en leur desobeïssance.
Adam paroist effrayé en recevant de sa femme le fruit deffendu, qui efl
rc-
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