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Bulletin de l' art pour tous — 1886

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No 5 (Mai 1886)
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https://doi.org/10.11588/diglit.23171#0017
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BULLETIN DE L'ART POUR TOUS

N°5.

rendre la vie aux associations professionnelles, j l'un l'autre et de s'entr'aider comme des frères. Cette pro- j nication, qu'on lasse de semblables associations ou qu'on

à faciliter leur groupement et leur union, et à j nicsse de secours et d'appui comprenait tous les périls, observe celles qui auraient été laites. » Malgré les défenses

les organiser en adaptant leur esprit aux besoins tous les grands accidents de la vie; il y avait assurance J des rois et des conciles, les confréries et corporations se

et aux aspirations de notre époque mutuelle contre les voies de fait et les injures, contre l'in- maintinrent. Elles étaient une nécessité au moyen âge,

11 ;„„„ ..il -, , cendie et le naufrage, et aussi contre les poursuites légales dans ces temps où la loi ne protégeait pas les individus, el

11 est incontestable qu un grand mouvement , . , .

s'opère déjà dans ce sens, grâce à l'excellente

loi sur les Syndicats professionnels. C'est là un

encourues pour des crimes et -des délits même avérés. où ils étaient forcés de s'unir pour défendre leurs droits.

Chacune de ces associations était mise sous le patronage L'association des gens de môme métier leur assurait pro-

d'un dieu ou d'un héros dont le nom servait à la désigner; teclion contre la violence, secours pour les vieillards, les

instrument de liberté dont il est urgent de hâter chacune avait des chefs pris dans son sein, un trésor malades, les orphelins et les veuves des membres de la

la mise en action ; et Ion peut s'en promettre les commun alimenté par des contributions annuelles, et des corporation. Il y avait encore un avantage incontestable

plus heureux résultats, si l'initiative gouverne- statuts obligatoires pour tous ses membres; elle formait dans le contrôle exercé sur les œuvres de chaque métier;

mentale, éclairée par les enquêtes officielles sur aussi une société à part au milieu de la nation ou de la on prévenait les fraudes et on exigeait un soin conscien-
la Situation des ouvriers et des industries, et se tribu- La société de la ghilde ne se bornait pas, comme

cieux dans l'exécution des travaux.

mettant en concordance avec les initiatives pri-

celle de la tribu ou du canton germanique, à un territoire ^' Chéruel,

w,__. , „ ,.- .. ,. ., ,, ( Dictionnaire historique des institutions, mœurs et

détermine; elle était sans limite daucun genre, elle se * '

Yves d'Ivray.

vées, réussit à faire converger l'ensemble de coutumes de la France, i~ part., p. 22e.

t^,,t«„ i„„ r„„__ i- i- propageait au loin et réunissait toute espèce de personnes,

toutes les forces actives vers une réorganisation , . , . , ,, . ,,

depuis le prince et le noble msqu au laboureur et a l ar-

si clésiraute. I

tisan libre. C'était une sorte de communion païenne qui
entretenait, par de grossiers symboles et par la foi du ser-
ment, des liens de charité réciproques entre les associés,

charité exclusive, hostile môme à l'égard de ceux qui, J NOS GRAVURES
"^OT^tS^Sis^ w »^4«S2^Çafe3 j restés en dehors de l'association, ne pouvaient prendre les

titres de convive, conjuré, frère du banquet. Soit que cette
Premières Origines pratique d'une grande énergie fût particulière à la religion AVIS. — A Tépoque où nous avons repris en
..... ,. d'Odin, soit qu'elle appartînt à l'ancien culte des popula- mains la direction de V'Art pour Tous, lapréparâ-
mes ASSOCiatlOnS corporatives Uons tudesqueS; esl hors de doute qu>elle exista non tion des matériaux de cette publication, était ar-
JURANDESOU GHILDE S seulement dans la péninsule Scandinave, mais encore dans rêtée depuis neuf mois : en fait de matériel dispo-
-O- les Pays germaniques. Partout, dans leurs migrations, les ([ ne s>est trouvé que trois planches, non

.■ 7 u - 1 Germains l'apportèrent avec eux; ils la conservèrent môme \rn„r ^,„„,„ ^„„„„t„' i ;„ „,,<,•/

On donnait le nom de corporation ou ghilde a des asso- tel minées. l\ous avons accepte, a la condition qu il

... ,, . . .... . . 1 .• après leur conversion au christianisme, en substituant > , ■ .

dations d ouvriers qui remontaient a une très haute anti- \ n y eut aucune lacune ou interruption, et que nos

, ,. . 1 invocation des saints à celle des dieux et des héros, et * . ,. , , :, r . „„ .

quité. Les corporations industrielles se trouvent déjà . . . .... .... . premiers numéros fussent dates de Janvier 188b.

,. , . ... . en oignant certaines œuvres pies aux intérêts positifs qui ■'•

dans 1 Empire romain, ou elles avaient été instituées par ^.^ ^ ^ d>associalion. , De la ^ Il nous a donc fallu créer sur l'heure tout le

Alexandre Sévère. Elles survécurent a 1 Empire et furent ^ ^ du qui plaçaient les hommes matériel; et pour cela nous n'avions d'autre res-
fortifiées par Pusage des ghildes ou associations scandi- 1 0 'n r *

d'un môme métier sous l'invocation d'un patron et les source que de puiser a pleines mains dans notre

HclV6S ) '(''.''

« Dans l'ancienne Scandinavie, dit M. Aug. Thierry, ceux réunissaient à certains jours de l'année dans les banquets propre collection. La variété des matériaux publiés

qui se réunissaient aux époques solennelles pour sacrifier fraternels. n'a subi aucune atteinte de cette façon de procé-

ensemble, terminaient la cérémonie par un festin religieux. Les ghildes, confréries, associations, éveillèrent souvent der, à laquelle des circonstances pressantes nous
Assis autour du feu et de la chaudière du sacrifice, ils les inquiétudes du pouvoir, qui s'opposait à leur établis- j forçaient de recourir.

buvaient à la ronde et vidaient successivement trois cornes sèment ou à leur maintien. Plusieurs capitulâmes de Char- H en est toutefois résulté un inconvénient : c'est

remplies de bière, l'une pour les dieux, l'autre pour les lemagne les interdirent formellement. 11 en fut de môme [a monotonie des indications de provenance : nous

braves du vieux temps, et la troisième pour les parents et des conciles. Un synode, tenu à Rouen en 1189, reproduit ies supprimerons à l'avenir.

les amis, dont les tombes, marquées par des monticules de ces prohibitions : « Il y a des clercs et des laïques qui „ . . . . . , ... .

' 1 F 1 J Cette réquisition spéciale, motivée par les neces-

gazon.se voyaient ça et là dans la plaine; on appelait forment des associations pour se secourir mutuellement . , , , , , - -,

„ . , ,, ,„•..., ,; .... .... , , . , . „ - . , ... . , , siles de la première heure, va du reste forcement

celle-ci « la Coupe de 1 amitié ». Le nom d amitié (mmne) se dans toute espèce d affaires, et spécialement dans leur j „ ... yvr j ■ •

donnait aussi quelquefois à la réunion de ceux qui offraient négoce, portant une peine contre ceux qui s'opposent à etre diminuée par l'affluence des matériaux re-

cn commun le sacrifice, et, d'ordinaire, cette réunion était leurs statuts. La sainte Écriture a en horreur de pareilles cueillis dans des conditions plus normales, et que,

appelée ghilde, c'est-à-dire banquet à frais communs, mot associations ou confréries de laïques ou d'ecclésiastiques, suivant notre habitude de jadis, nous choisirons

qui signifiait aussi association ou confrérie, parce que tous parce qu'en les observant on est exposé à se parjurer. aux meilleures sources.

les co-sacrifîants promettaient par serment de se défendre j En conséquence, nous défendons, sous peine d'excommu- j E- li-

tres branches analogues de l'Industrie et de l'Architecture. j masse imposante, la finesse un peu anguleuse et plate j ses principes, il ne peut plus guère aujourd'hui être ques

La technique qui s'y développe a beau prendre les direc- de leurs délinéaments, la pondération de la mise en œuvre tion d'une troisième et très importante partie : je veux

tions les plus variées : toujours faut-il que dans leur style j d'une matière difficile à travailler, qui se fait reconnaître parler de l'élude des influences locales, temporaires et

en eux, toute leur apparence, sont des beautés de style personnelles, extérieures à l'œuvre d'art, et qui pourtant

qui, aujourd'hui que nous tranchons les pierres les plus réagissent sur sa conformation ; élude qui embrasserait

dures comme le pain cl le fromage, n'ont plus en partie également sa concordance avec d'autres œuvres, le carac-

aucune raison d'exister. Comment faut-il qu'aujourd'hui tère, l'expression. C'est ce que montrera la suite de cet

nous traitions le granit? Il est difficile de répondre perti- exposé,
nomment à cela. Ce qu'il y aura de mieux sans doute, sera

elles portent l'empreinte évidente de leur communauté
d'origine. Aussi voyons effectivement que chez les anciens,
depuis les Assyriens jusqu'aux Romains, et plus tard au
moyen âge, la distribution des murs par panneaux, leur
ornementation, le principe de leur coloration, et même la
peinture et la sculpture historiques, la peinture.sur verre,
la décoration des planchers et carrelages, en un mot tout
ce qui s'y rapporte, resta toujours dépendant (fût-ce par
tradition inconsciente ou consciemment) du motif primitif.

de ne remployer que là où sa durée le recommande, et ■ . .. ,, , ,,, . . . . „ ,

' J Ct. — Orientation nouvelle de l Industrie et de l Art.
d emprunter à cette dernière condition les règles de son

traitement au point de vue du style. Combien on a eu peu On a indiqué plus haut les dangers qui menacent notre

Il est fort heureux que cette partie historique de la j égard à cela, c'est ce que prouvent certaines extrava- industrie d'art, et l'art en général, par suite de la surabon-

Science du Style soit facile à constituer clairement, môme gances par lesquelles se sont distinguées les grandes dance des moyens, laquelle empêche de conserver l'ex-

à travers nos relations compliquées. Quelle richesse de j manufactures de granit et de porphyre de la Suède et de pression une fois adoptée. Maintenant se pose une autre

matériaux pour la compléter souS ce rapport (comme sous la Russie. question : celle de l'influence exercée sur l'industrie d'art

celui de la comparaison et de la médilation) n'offraient-ils L'exemple cité soulève une question plus générale qui parla spéculation soutenue par les gros capitaux, et dirigée

pas, à cette Exposition de Londres, ces ouvrages déjà fournirait à elle seule la matière d'un gros chapitre, s'il par la science — et des conséquences finales de ce protec-

signalés, envoyés par des peuples placés sur des degrés était permis d'étendre un simple essai comme celui-ci aux forât, qui s'accroît de jour en jour.

proportions d'un livre. —Où conduit la dépréciation de la On dira : « La spéculation, si elle connaît son véritable

matière traitée par la machine par suite de tels succédanés intérêt, recherchera et s'attachera les meilleures forces ; et

et par suite de tant d'inventions nouvelles ? Où conduit la ainsi, comme protectrice et comme tutrice des arts et des

dépréciation du travail, du parachèvement par la pein- artistes, montrera plus de zèle que jamais ne le firent un

ture, la plastique etc., occasionnée par les mômes causes? Mécène ou un Médicis. »

Naturellement je ne veux pas entendre par là sa dépré- Très bien! mais il y a de la différence à travailler pour

moins élevés de l'échelle de la civilisation!

La seconde partie d'un enseignement du Style, qui s'atta-
cherait à montrer comment, avec nos moyens, les formes
ont à se modeler différemment, suivant les motifs ; et

comment la matière, avec le progrès de notre technique, dation comme valeur, mais bien comme importance: j'en- j la spéculation, et à exécuter en homme libre sa propre

tends la diminution de l'idée. L'édifice du nouveau œuvre. En travaillant pour d'autres, on est doublement

Parlement à Londres n'est-il pas devenu insupportable par dépendant: on est l'esclave du maître qui vous donne le

l'abus de la machine? pain quotidien, et de la mode du jour qui assure àcelui-là

Comment le temps ou la science apporteront-ils une loi, le débit de ses marchandises. On immole son individualité,

Style. j un ordre quelconque dans cet état de choses absolument son « droit d'aînesse » pour un plat de lentilles. Autrefois

Les monuments de granit et de porphyre de l'ancienne confus ? Comment cmpôcheront-ils que la dépréciation aussi les artistes surent se sacrifier : mais ils ne renon-

Égypte exercent une puissance irrésistible sur tous les générale ne s'étende aussi à l'œuvre réellement exécutée cèrent à leur Moi que pour la gloire de Dieu,

esprits. En quoi consiste ce charme? En partie assuré- par la main à l'ancienne manière, et qu'on n'y voie autre Mais ne poursuivons pas plus loin le cours de nos médi-

ment en ce qu'ils sont le terrain neutre où la matière J chose qu'affectation, manie vieillotte, bizarrerie et entête- talions : car la spéculation mène en droite ligne vers un

ment ? but déterminé qu'il importe avant tout de préciser nette-

doit être traitée d'après des principes de style — n'en est
malheureusement que plus obscure.

Un nouvel exemple va montrer les difficultés de l'éta-
blissement des principes d'un enseignement technique du

dure, récalcitrante, et la main molle de l'homme armée de
ses plus simples outils (le marteau et le ciseau) se ren-
contrent et concluent un pacte : — « Jusque-Zà, et pas plus
loin! _ Ainsi, et non autrement!» — tel est leur muet
langage depuis des milliers d'années. Leur tranquillité, leur

ment.

(A suivre.)

Puisqu'un enseignement technique du Style présente
tant de difficultés dans l'établissement et l'application de

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