DOI Heft:
No 97 (Janvier 1894)
DOI Seite / Zitierlink: https://doi.org/10.11588/diglit.16817#0002
BULLETIN DE L'ART POUR TOUS
N° 97
Inépuisable fécondité d'imagination !
S'agit-il d'une réclame pour des pastilles aux-
quelles jadis un général dut son renom, — Bou-
langéraudel?— Le magicien crée une muse nou-
velle, vaporeuse, transparente et légère. Est-il
question d'une misère ? Soudain, en quelques
coups de crayon, le philosophe nous jelte à la
tragédie du flot et du pavé, ces deux océans im-
placables. Faut-il exhiber quelque clown verti-
gineux? Regardez! Aussitôt il gambade et saute,
ahurissant, étourdissant de mouvement furibond.
Est-ce une fine « diseuse fin-de-siècle » qu'il
s'agit d'illustrer? Écoutez-la! Écoutez-la; car,
magie de la palette, elle chante, on l'entend ; ce
Chéret peint dans tous les tons !
Et toujours et sans cesse, et sans cesse et
toujours, c'est la vie prise sur le fait et trans-
posée, d'un coup d'aile, dans l'empyrée des ru-
tilances aveuglantes : c'est le réel dans l'idéal.
En vérité, je vous le dis, l'appui-main de ce colo-
riste effréné est la baguette de quelque fée, la
fée de la grâce française !
Lyre et tambour de basque, sourire et coup
de poing, Ariel et Bottom, Arlequin et Pru-
dhomme, Scapin et Pécuchet, de quelque oppo-
sition qu'il s'agisse, l'artiste trouve toujours la
formule, la dégageant si bien de l'inconnu qu'il
donne corps et âme à l'inexistant.
Et de la Réclame, cette Erinnye, il aura fait
une Muse, Muse au minois charmeur qui redira
sa gloire :
Ton nom, Chéret, plaisir de la grand'ville.
Est cher à tous, car tu ravis les yeux.
A chaque pas ton A ffiche rutile,
Fresque vibrante éclose sous les deux,
Changeant la rue en un Salon joyeux.
Tu nous fais voir — et Paris s'extasie —
Vice ou vertu, nos mœurs, leur frénésie,
Sous des aspects jusqu'alors ignorés,..
La vie, enfin, dans sa flamme saisie!
Par ton esprit nos murs sont décorés.
Verve d'enfer, captivante et subtile,
Watteau, Vadé, fous exquis, sont tes dieux.
Il te faut tout, vierge et fille facile.
Va donc, suivant le trottoir giboyeux.
Prends ta palette et peins tous les milieux :
Dames de nuit ivres de malvoisie,
Manon, Margot, Cléopâtre, Aspasie,
Cœurs palpitants, minois évaporés,
Belles-d'Amour que rien ne rassasie!
Par ton esprit nos murs sont décorés.
Tout sujet plaît à ton crayon fertile :
Boudoirs, prés verts, ateliers, mauvais lieux.
Tu célébras plus d'un roman débile,
Produit étrange et du genre ennuyeux
OU tout, langage, intrigue, audace, est vieux ;
Drames de l'or ou de la jalousie,
Enfants du peuple en proie à la phtisie,
Pauvres honteux, par la faim dévorés,
Trimalcions se gorgeant d'ambroisie !
Par ton esprit nos murs sont décorés.
ENVOI
Prince du rêve et de la fantaisie,
J'aime ton art, son chic, sa poésie,
Son envolée aux monts inexplorés.
Type nouveau n'ayant pas de Sosie,
Par ton esprit nos murs sont décorés.
Jules de Marthold.
Beaux-Arts
Société des artistes français (Champs-
Élysées). — Le vole pour le renouvellement
du Comité des 90 a donné les résultais suivants :
Architecture, 10 membres. — MM. Garnier;
Coquart; Pascal; Daumel; Ginain ; Raulin;
Lalou; Normand; Loviot; Redon.
Gravure, 10 membres. — MM. Achille Jacquet ;
Didier; Sirouy; Gaujan; Lamothe ; Laguillermie;
Robert; Maurou; Lalauze; Baude.
Sculpture, 20 membres. — MM. Boisseau;
Mathurin Moreau; Bartholdi; Etienne Leroux;
Barrias; Paul Dubois; Alphée Dubois; Double-
mard; Mercié; Thomas; Guilbert; Turcan;
Blanchard ; Albert Lefeuvre ; Carlier; Cavelier;
Paris; Falguière; Thabard; Coutan.
Peinture, 50 membres. — MM. Bonnat;
Gérôme; J. Lefebvre; Français; J.-P. Laurens;
Cormon; J. Breton; B. Constant; A. Maignan;
Bouguereau; Robert-Fleury ; Harpignies; Hen-
ner; Vayson; Merson; R. Collin; Vollon; Lumi-
nais; Yon; Détaille; Busson; Bernier; Guillemet;
Renouf; Doucet; Taltegrain; Dawant; Humbert;
de Vuillefroy; Pille; Gagliardini; Julien Dupré;
Le Blant; Saint-Pierre; Zuber; Renard; A. Mo—
rot; G. Ferrier; Pelez; Glaize; Flameng;
H. Lévy; Barrias; Dantan; Hébert; Demont;
Wencker; Sautai; Lagarde; Dameron.
Le Comité a procédé ensuite à la nomination
de son bureau et du conseil d'administration.
Ont été élus :
Président, M. Léon Bonnat, peintre; vice-
présidents : MM. Cavelier, statuaire, et Daumet,
architecte; — secrétaires : MM. Thomas, sta-
tuaire; de Vuillefroy, peintre; Coquart, archi-
tecte; Baude, graveur; — secrétaire-rapporteur:
M. Tony Robert-Fleury, peintre;— trésorier:
M. Boisseau, statuaire.
Les membres du bureau font partie de droit
du conseil d'administration ou sous-comité. On
leur a adjoint, pour 1894, les dix-huit sociétaires
suivants: Peinture: MM. Bouguereau, Albert
Maignan, Gagliardini, Dawant, Le Blant, Jules
Lefebvre, Baphaël Collin, Zuber, Lévy, Yon. —
Sculpture : MM. Mathurin Moreau, Barrias,
Guilbert, Etienne Leroux. — Architecture :
MM. Ginain et Normant. — Gravure : MM. La-
motte et Achille Jacquet.
_o_
École du Louvre. — Voici le programme
des cours qui seront donnés à l'École du
Louvre :
Archéologie nationale : M. Alexandre Bertrand,
de l'Institut, tous les vendredis, à dix heures et
demie du matin.
Archéologie orientale et céramique antique :
M. Edmond Pottier, tous les mercredis, à cinq
heures.
Archéologie égyptienne : M. Pierret, tous les
mardis, à dix heures et demie du matin.
M. E. Revillout parlera tous les lundis, à cinq
heures, de la langue démotique ; tous les mardis,
à cinq heures, de la langue copte, et, chaque sa-
medi, à cinq heures, de droit égyptien.
Epigraphie orientale : M. Ledrain, tous les
jeudis et tous les vendredis, à cinq heures.
Histoire de la peinture : M. Georges Lafe-
nestre, de l'Institut, tous les samedis, à dix
heures et demie.
Histoire de la sculpture depuis le moyen âge :
M. Louis Courajod, tous les mercredis, à dix
heures et demie du matin.
Histoire des arts appliqués à l'industrie :
M. Émile Molinier, tous les vendredis, à quatre
heures moins un quart.
Les personnes qui désirent suivre un ou plu-
sieurs de ces cours, comme élèves, sont priées
de s'inscrire, de deux à quatre heures, au se-
crétariat des Musées nationaux, pavillon de
l'Horloge.
-O-
Le monument Gounod. — Le Comité du
monument Gounod ayant décidé de demander à
M. Antonin Mercié de se charger de la partie
sculpturale de ce monument, M. Mercié a accepté
par une lettre adressée à M. Ambroise Thomas,
président du Comité.
De son côté, M. Formigé, architecte de la
Ville de Paris, a bien voulu promettre également
son concours au Comité qui l'avait sollicité.
Prix de Paris des Américains. — Nous
avons parlé longuement, lors de sa création,
— dans ce Bulletin — d'un prix spécial, connu
sous le nom de prix de Paris, fondé par les
Américains du Nord, et qui se décerne, à la
suite d'un concours, aux jeunes artistes améri-
cains pour leur permettre de faire à Paris un
séjour qui les perfectionne dans leur art.
Chaque année, les principaux de nos maîtres
sont appelés à se prononcer sur la valeur des
œuvres produites, pendant la durée réglemen-
taire de leur séjour, par les titulaires du prix.
MM. Bonnat, Carolus Duran, Benjamin Con-
stant, Dagnan-Bouveret, Gérôme, Puvis de
Chavannes constituaient le jury de cette année.
A la suite d'une réunion préparatoire à l'ambas-
sade des États-Unis, le jury a procédé à un
minutieux examen des ouvrages présentés qu'il
a unanimement déclarés très satisfaisants.
-O-
Le monument de Duban. — M. Bernier,
architecte de l'École, travaille activement au
monument de Duban, qui se dressera à l'entrée
du grand hémicycle de l'École des beaux-arts.
Le buste colossal, en bronze, de Duban repo-
sera sur une élégante console qu'un enfant de
marbre supporte et le groupe se détachera sous
une arcade flanquée de pilastres doriques et
décorée d'une mosaïque à fond d'or.
La partie sculpturale, buste et statue, est
l'œuvre de M. Eugène Guillaume, directeur de
l'Académie de France à Rome.
-O-
Fouilles à Timgad (Algérie). — Dans
la province de Constantine, à Timgad, on
découvrait il y a quelques années les ruines
d'une cité importante construite par les Romains
au ier siècle de notre ère et destinée à servir
de boulevard contre les Maures autochtones,
refoulés par la domination romaine dans le
désert. Cette cité, qui s'appuyait à l'un des
contreforts de l'Aurès, à mi-route de Lambèse
et de Theveste, portait le nom de Thamugadi ;
dévastée au vie siècle par les Maures, elle avait
été ensuite bouleversée par des tremblements
de terre.
Des fouilles heureuses, commencées en 1889
par le service des monuments historiques, et
menées à bien par les soins de l'architecte
Duthoit, aujourd'hui décédé, avaient mis au jour
tout un ensemble de constructions fort curieuses
et remarquablement conservées.
Au cours du voyage qu'il fit au printemps de
1892 en Algérie, le ministre de l'Instruction
publique, M. Bourgeois, s'était détourné de sa
route pour visiter ces ruines imposantes. Il en
était revenu émerveillé; aussi mit-il tout en
œuvre pour faire voter par les Chambres un
nouveau crédit qui permettrait de j nouvelles
fouilles.
N° 97
Inépuisable fécondité d'imagination !
S'agit-il d'une réclame pour des pastilles aux-
quelles jadis un général dut son renom, — Bou-
langéraudel?— Le magicien crée une muse nou-
velle, vaporeuse, transparente et légère. Est-il
question d'une misère ? Soudain, en quelques
coups de crayon, le philosophe nous jelte à la
tragédie du flot et du pavé, ces deux océans im-
placables. Faut-il exhiber quelque clown verti-
gineux? Regardez! Aussitôt il gambade et saute,
ahurissant, étourdissant de mouvement furibond.
Est-ce une fine « diseuse fin-de-siècle » qu'il
s'agit d'illustrer? Écoutez-la! Écoutez-la; car,
magie de la palette, elle chante, on l'entend ; ce
Chéret peint dans tous les tons !
Et toujours et sans cesse, et sans cesse et
toujours, c'est la vie prise sur le fait et trans-
posée, d'un coup d'aile, dans l'empyrée des ru-
tilances aveuglantes : c'est le réel dans l'idéal.
En vérité, je vous le dis, l'appui-main de ce colo-
riste effréné est la baguette de quelque fée, la
fée de la grâce française !
Lyre et tambour de basque, sourire et coup
de poing, Ariel et Bottom, Arlequin et Pru-
dhomme, Scapin et Pécuchet, de quelque oppo-
sition qu'il s'agisse, l'artiste trouve toujours la
formule, la dégageant si bien de l'inconnu qu'il
donne corps et âme à l'inexistant.
Et de la Réclame, cette Erinnye, il aura fait
une Muse, Muse au minois charmeur qui redira
sa gloire :
Ton nom, Chéret, plaisir de la grand'ville.
Est cher à tous, car tu ravis les yeux.
A chaque pas ton A ffiche rutile,
Fresque vibrante éclose sous les deux,
Changeant la rue en un Salon joyeux.
Tu nous fais voir — et Paris s'extasie —
Vice ou vertu, nos mœurs, leur frénésie,
Sous des aspects jusqu'alors ignorés,..
La vie, enfin, dans sa flamme saisie!
Par ton esprit nos murs sont décorés.
Verve d'enfer, captivante et subtile,
Watteau, Vadé, fous exquis, sont tes dieux.
Il te faut tout, vierge et fille facile.
Va donc, suivant le trottoir giboyeux.
Prends ta palette et peins tous les milieux :
Dames de nuit ivres de malvoisie,
Manon, Margot, Cléopâtre, Aspasie,
Cœurs palpitants, minois évaporés,
Belles-d'Amour que rien ne rassasie!
Par ton esprit nos murs sont décorés.
Tout sujet plaît à ton crayon fertile :
Boudoirs, prés verts, ateliers, mauvais lieux.
Tu célébras plus d'un roman débile,
Produit étrange et du genre ennuyeux
OU tout, langage, intrigue, audace, est vieux ;
Drames de l'or ou de la jalousie,
Enfants du peuple en proie à la phtisie,
Pauvres honteux, par la faim dévorés,
Trimalcions se gorgeant d'ambroisie !
Par ton esprit nos murs sont décorés.
ENVOI
Prince du rêve et de la fantaisie,
J'aime ton art, son chic, sa poésie,
Son envolée aux monts inexplorés.
Type nouveau n'ayant pas de Sosie,
Par ton esprit nos murs sont décorés.
Jules de Marthold.
Beaux-Arts
Société des artistes français (Champs-
Élysées). — Le vole pour le renouvellement
du Comité des 90 a donné les résultais suivants :
Architecture, 10 membres. — MM. Garnier;
Coquart; Pascal; Daumel; Ginain ; Raulin;
Lalou; Normand; Loviot; Redon.
Gravure, 10 membres. — MM. Achille Jacquet ;
Didier; Sirouy; Gaujan; Lamothe ; Laguillermie;
Robert; Maurou; Lalauze; Baude.
Sculpture, 20 membres. — MM. Boisseau;
Mathurin Moreau; Bartholdi; Etienne Leroux;
Barrias; Paul Dubois; Alphée Dubois; Double-
mard; Mercié; Thomas; Guilbert; Turcan;
Blanchard ; Albert Lefeuvre ; Carlier; Cavelier;
Paris; Falguière; Thabard; Coutan.
Peinture, 50 membres. — MM. Bonnat;
Gérôme; J. Lefebvre; Français; J.-P. Laurens;
Cormon; J. Breton; B. Constant; A. Maignan;
Bouguereau; Robert-Fleury ; Harpignies; Hen-
ner; Vayson; Merson; R. Collin; Vollon; Lumi-
nais; Yon; Détaille; Busson; Bernier; Guillemet;
Renouf; Doucet; Taltegrain; Dawant; Humbert;
de Vuillefroy; Pille; Gagliardini; Julien Dupré;
Le Blant; Saint-Pierre; Zuber; Renard; A. Mo—
rot; G. Ferrier; Pelez; Glaize; Flameng;
H. Lévy; Barrias; Dantan; Hébert; Demont;
Wencker; Sautai; Lagarde; Dameron.
Le Comité a procédé ensuite à la nomination
de son bureau et du conseil d'administration.
Ont été élus :
Président, M. Léon Bonnat, peintre; vice-
présidents : MM. Cavelier, statuaire, et Daumet,
architecte; — secrétaires : MM. Thomas, sta-
tuaire; de Vuillefroy, peintre; Coquart, archi-
tecte; Baude, graveur; — secrétaire-rapporteur:
M. Tony Robert-Fleury, peintre;— trésorier:
M. Boisseau, statuaire.
Les membres du bureau font partie de droit
du conseil d'administration ou sous-comité. On
leur a adjoint, pour 1894, les dix-huit sociétaires
suivants: Peinture: MM. Bouguereau, Albert
Maignan, Gagliardini, Dawant, Le Blant, Jules
Lefebvre, Baphaël Collin, Zuber, Lévy, Yon. —
Sculpture : MM. Mathurin Moreau, Barrias,
Guilbert, Etienne Leroux. — Architecture :
MM. Ginain et Normant. — Gravure : MM. La-
motte et Achille Jacquet.
_o_
École du Louvre. — Voici le programme
des cours qui seront donnés à l'École du
Louvre :
Archéologie nationale : M. Alexandre Bertrand,
de l'Institut, tous les vendredis, à dix heures et
demie du matin.
Archéologie orientale et céramique antique :
M. Edmond Pottier, tous les mercredis, à cinq
heures.
Archéologie égyptienne : M. Pierret, tous les
mardis, à dix heures et demie du matin.
M. E. Revillout parlera tous les lundis, à cinq
heures, de la langue démotique ; tous les mardis,
à cinq heures, de la langue copte, et, chaque sa-
medi, à cinq heures, de droit égyptien.
Epigraphie orientale : M. Ledrain, tous les
jeudis et tous les vendredis, à cinq heures.
Histoire de la peinture : M. Georges Lafe-
nestre, de l'Institut, tous les samedis, à dix
heures et demie.
Histoire de la sculpture depuis le moyen âge :
M. Louis Courajod, tous les mercredis, à dix
heures et demie du matin.
Histoire des arts appliqués à l'industrie :
M. Émile Molinier, tous les vendredis, à quatre
heures moins un quart.
Les personnes qui désirent suivre un ou plu-
sieurs de ces cours, comme élèves, sont priées
de s'inscrire, de deux à quatre heures, au se-
crétariat des Musées nationaux, pavillon de
l'Horloge.
-O-
Le monument Gounod. — Le Comité du
monument Gounod ayant décidé de demander à
M. Antonin Mercié de se charger de la partie
sculpturale de ce monument, M. Mercié a accepté
par une lettre adressée à M. Ambroise Thomas,
président du Comité.
De son côté, M. Formigé, architecte de la
Ville de Paris, a bien voulu promettre également
son concours au Comité qui l'avait sollicité.
Prix de Paris des Américains. — Nous
avons parlé longuement, lors de sa création,
— dans ce Bulletin — d'un prix spécial, connu
sous le nom de prix de Paris, fondé par les
Américains du Nord, et qui se décerne, à la
suite d'un concours, aux jeunes artistes améri-
cains pour leur permettre de faire à Paris un
séjour qui les perfectionne dans leur art.
Chaque année, les principaux de nos maîtres
sont appelés à se prononcer sur la valeur des
œuvres produites, pendant la durée réglemen-
taire de leur séjour, par les titulaires du prix.
MM. Bonnat, Carolus Duran, Benjamin Con-
stant, Dagnan-Bouveret, Gérôme, Puvis de
Chavannes constituaient le jury de cette année.
A la suite d'une réunion préparatoire à l'ambas-
sade des États-Unis, le jury a procédé à un
minutieux examen des ouvrages présentés qu'il
a unanimement déclarés très satisfaisants.
-O-
Le monument de Duban. — M. Bernier,
architecte de l'École, travaille activement au
monument de Duban, qui se dressera à l'entrée
du grand hémicycle de l'École des beaux-arts.
Le buste colossal, en bronze, de Duban repo-
sera sur une élégante console qu'un enfant de
marbre supporte et le groupe se détachera sous
une arcade flanquée de pilastres doriques et
décorée d'une mosaïque à fond d'or.
La partie sculpturale, buste et statue, est
l'œuvre de M. Eugène Guillaume, directeur de
l'Académie de France à Rome.
-O-
Fouilles à Timgad (Algérie). — Dans
la province de Constantine, à Timgad, on
découvrait il y a quelques années les ruines
d'une cité importante construite par les Romains
au ier siècle de notre ère et destinée à servir
de boulevard contre les Maures autochtones,
refoulés par la domination romaine dans le
désert. Cette cité, qui s'appuyait à l'un des
contreforts de l'Aurès, à mi-route de Lambèse
et de Theveste, portait le nom de Thamugadi ;
dévastée au vie siècle par les Maures, elle avait
été ensuite bouleversée par des tremblements
de terre.
Des fouilles heureuses, commencées en 1889
par le service des monuments historiques, et
menées à bien par les soins de l'architecte
Duthoit, aujourd'hui décédé, avaient mis au jour
tout un ensemble de constructions fort curieuses
et remarquablement conservées.
Au cours du voyage qu'il fit au printemps de
1892 en Algérie, le ministre de l'Instruction
publique, M. Bourgeois, s'était détourné de sa
route pour visiter ces ruines imposantes. Il en
était revenu émerveillé; aussi mit-il tout en
œuvre pour faire voter par les Chambres un
nouveau crédit qui permettrait de j nouvelles
fouilles.