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Bulletin de l' art pour tous — 1899

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No 159 (Mars 1899)
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https://doi.org/10.11588/diglit.16823#0009
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38e Année ^ ------- „ ^ Mars 1899

BULLETIN DE MABS 1899

GUILLAUMET (Gustave)

(1840-1887) (1)
Suite (2)

Comme orientaliste, tel que Belly auquel il se
rattache le plus directement par la méthode et
par l'esprit, Guillaumet se sépare franchement
de ses autres devanciers et crée une nouvelle
compréhension de la vie orientale qui parut
alors si intense et si exacte qu'elle sembla défi-
nitive. C'est à son enseignement que s'est formée
la jeune école qui lui rend hommage aujourd'hui.

Les romantiques restèrent toute leur vie sous
l'éblouissement d'un premier voyage. Pour
plusieurs, cette première sensation avait été si
violente qu'elle ne paraît pas s'être affaiblie
avec le temps; mais, si profonde qu'ait été leur
émotion et si aiguës qu'aient été leurs percep-
tions de ces pays merveilleux qu'ils ont eu la
joie de contempler dans tout l'éclat d'une civili-
sation qui n'était pas encore souillée et abâtardie
par la nôtre, ils n'ont pu se dépouiller entière-
ment des souvenirs antérieurs d'art et surtout
de littérature. Fromentin, en découvrant l'Al-
gérie, ouvrit le premier la voie aux générations
suivantes en essayant de se renouveler par
l'observation exacte et l'étude approfondie du
milieu arabe; mais des scrupules, peut-être un
peu pusillanimes, lui firent écarter trop soigneu-
sement de sa peinture ce qu'il trouvait clans ces
pays de singulier, d'exceptionnel, d'inédit, en
réservant exclusivement à ses écrits ce qu'il
appelait de « périlleuses nouveautés ».

Ces « périlleuses nouveautés » n'effrayèrent
point Guillaumet. Une suite ininterrompue
d'événements politiques et économiques nous a
mis chaque jour en contact plus intime avec les
pays musulmans. Les imaginations contempo-
raines, enserrées dans un monde désormais
trop étroit pour leur essor, ont cherché dans les
sensations exotiques, dans le dépaysement vers
ce qui reste des civilisations d'autrefois, à étan-
cher leur soif de merveilleux à laquelle s'allie un
impérieux besoin de vérité. Le point de vue
artistique s'est forcément déplacé. Le point de
vue général a dû faire place au point de vue
local. Le regret de voir chaque jour disparaître
les mœurs et les costumes pittoresques de ces
contrées a fait naître le désir de noter scrupu-
leusement, pour en conserver du moins l'image,

(1) Cette notice biographique ouvre, dans le catalogue de la
G0 exposition des Peintres orientalistes français, la partie de l'ex-
position rétrospective consacrée, cette année, à Gustave Guillau-
met. Nous adressons tous nos remerciements à M. Léonce Bene-
dite, qui a bien voulu nous autoriser à reproduire cette notice.

(2) Voy. Bulletin de l'Art pour tous, février 1899.

les vestiges rares et précieux de ce féerique
décor.

Fromentin, ce lettré délicat plein de souvenirs
classiques, avait cherché dans l'Algérie la poésie
et la grandeur des restes de la féodalité arabe,
l'illusion de l'Alger d'Omar et du dey Hussein;
il avait été saisi par la beauté des types, adorant
la race dans l'homme et le cheval, se plaisant au
pittoresque des coslumes, aux simulacres d'es-
carmouches, aux scènes mouvementées de
chasse, à tout ce qui est typique et héroïque, à
tout ce qui glorifie l'homme avant de célébrer
l'Arabe.

Guillaumet, tout en restant profondément
humain par son côté général, s'est rapproché
plus étroitement de son sujet; il a vu et vécu la
vie quotidienne du désert, primitive, agricole et
pastorale, dans les douars ou par les ksours, ces
petites cités somnolentes au milieu des oasis qui
ont des airs de vieilles villes hébraïques. Au
milieu de toutes ces existences austères et
paisibles, celle qu'il aime à raconter par-dessus
tout, c'est la vie des femmes arabes.

Fromentin avait craint de déflorer le mystère
qui environne la femme; chercher à soulever ce
voile, c'était retirer à l'Orient une part de sa
poésie. 11 ne s'est laissé séduire d'assez loin que
par les charmes des belles filles des Hadjouts
ou des Ouled-Nayls aux mœurs voluptueuses.
Guillaumet, lui, n'a connu que les « ménagères»,
comme il les appelle complaisamment.

Il écoute le bruit de leurs meules et de leurs
pilons qui perce au dehors par l'entre-bàillement
des portes; il les guette quand, la tête chargée
d'un large turban, couvertes de bijoux et retrous-
sées jusqu'aux hanches, elles agitent en cadence
leurs jambes nues dans la rivière pour laver les
nippes de la maisonnée; il admire l'habileté des
filles qui décorent les poteries kabyles, le geste
élégant des (lieuses arrondissant, au-dessus de
leur tète, « un bras de statue antique ».

Il pénètre même dans leurs intérieurs et entre
peu à peu dans l'intimité de la vie conjugale; il
devine leurs secrets, se plaît au bavardage
ingénu « de ces jolis animaux en cage » et aime
à les voir rôder près de lui, exhalant autour
d'elles un parfum fauve et légèrement musqué.

Comme Marilhat, comme Belly, Guillaumetest
mort jeune. Mais il a laissé une œuvre impor-
tante par le nombre et supérieure par le choix.
Le souvenir respecté de sa vie laborieuse, aus-
tèrement consacrée à un idéal élevé, étroitement
attachée à la sainteté de l'Art, sans compromis
méprisable avec la mode, sans concession hon-
teuse à la vulgarité, est un exemple sain et
fécond pour ses jeunes héritiers qui vénèrent sa
mémoire en suivant résolument ses glorieuses
traditions.

Léonce Benedite.

BEAUX-ARTS

Concours de Rome : Architecture.— Voici la
liste des dix logistes admis au concours pour
le grand prix de Borne (architecture). Ce sont :

MM. 1° Auburtin, élève de M. Pascal; 2» Tony
Garnier, élève de MM. Blondel et Scellier de
Gisors; 3° Bernard (Joseph), élève de M. Pascal;
4° Sénés, élève de MM. Baulin et Sortais;
5° Arfvidson, élève de MM. Ginain et Scellier de
Gisors; 6° Duval, élève de M. Pascal; 7° Bigot,
élève de M. Laloux; 8° Goujeon, élève de
M. Laloux; 9° Mulot (Jean-Louis), élève de
M. Marcel Lambert; 10° Sirot, élève de
M. Moyaux.

-O-

Les travaux des Ghamps-Élysées et de l'es-
planade des Invalides. — 11 a été longuement
question de ces travaux dans la séance du
13 mars de la Chambre des députés.

La perspective de l'esplanade des Invalides a
été respectée, a affirmé le Ministre des Travaux
publics ; bien mieux, on aura, désormais, non
seulement la perspective de l'hôtel construil
par Mansard, mais encore celle des deux palais
construits aux Champs-Elysées.

De tous les points de l'avenue partant des
Champs-Elysées et qui passera sur le pont
Alexandre III, on découvrira la partie centrale
de l'hôtel des Invalides dans toute sa hauteur.

Quant à l'exhaussement du sol, qui sera d'en-
viron 40 centimètres, il pourra être masqué,
après l'Exposition, par des jardins à la française
qui ne nuiront en rien à la perspective. On
pourrait aussi abaisser le plancher métallique
de la gare.

En définitive, dit en terminant le Ministre,
l'opinion peut se rassurer et la Chambre autori-
ser la continuation de travaux qui ne modifie-
ront en rien l'esthétique de Paris.

-0-

La Maison des Bois, à La Haye. — Il est

question d'aménager le petit palais connu sous
le nom de Maison des Bois (Huis ten Bosch) poul-
ies séances du congrès du désarmement qui
doit se réunir dans cette ville. Ce palais, bien
connu des touristes et depuis longtemps in-
habité, est situé au milieu du grand bois de
La Haye. Il fut élevé à la mémoire du prince
Frédéric-Henri d'Orange, en 1647, par sa veuve,
la princesse Amélie de Solms.

Plusieurs salles offrent un haut intérêt artis-
tique, notamment la salle octogone et la salle
d'Orange, décorée de tableaux de Jordaens,
Houihorst, Levens, van Thuklen, Zoutman et
autres maîtres, reproduisant des scènes de la
vie du prince Frédéric-Henri, et d'une allégorie
picturale représentant le triomphe sur les tenta-

BULLET1N DE L'ART POUR TOUS — N» 159.
 
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