'.;;:.v:l?*i5/.—
932-933
UARTPOUR-TOUS
Encyclopédie-de lahtindustriel et décora tîf
jsarav^sa rit lous les wvois
FONDÉ PAR
EMILE REIBER
Litrairtes-imprimeries ré
h ^V~annUeL\ 24Jr\ .. ^nnpriilllllllllllllllllllIL, Arem^r n°r&l ^illliliiiillllllllllllllllilliiillil^ 'Année parue: 30jh fi
■^tt -^-^h ^v,t ^.t^^^ijrg^irfa^ rr^ paris ^> «iMf^^ ,
, 5, rue Saint-Benoîtx
38e Année ^ Avril 1899
BULLETIN D'AVRIL 1899
Concours
UNION CENTRALE DES ARTS DÉCORATIFS
Comité des Dames
3e CONCOURS
Garniture d'un berceau d'osier (dit moïse)
Le concours pour la garniture d'un berceau
d'osier (dit moïse), organisé par le comité des
dames de l'Union centrale des Arts décoratifs,
entre les dames et jeunes filles des écoles de
dessin, a donné les résultais suivants :
1er prix : Mlle Rouzaud;
2e prix : Mlle Sitter ;
3e prix ex œquo : Mlles Ferney et Hennecarl,
lre mention, Mlle Camperos; 2e, Mme Sergent;
3e, Mlle Aubert; 4e, MlleGauchot; 5e, Mlle Beau-
meister; 6e, Mlle Agnard Pelet de Courcelles;
7e, Mlle Hérisson.
Le dépôt des projets du quatrième et dernier
concours aura lieu du 4 au 6 juin prochain.
Ornements du XVe Siècle
(Pl. 3828).
Nous voici arrivés au xve.siècle. C'est le mo-
ment où la flore gothique se transforme pour
ensuite se faner et mourir. Mais combien fut
beau ce déclin de l'art qui resplendit encore
dans les merveilles qu'il cisela sur les portails
de nos églises et de nos cathédrales !
Le principe de transformation qui apparut au
xve siècle lança les artistes dans une voie nou-
velle et changea l'aspect de l'ornementation flo-
rale des édifices. Abandonnant, sauf la vigne et
le chêne, les plantes traitées par leurs prédé-
cesseurs, les sculpteurs de la dernière période
gothique leur substituèrent des végétaux à lobes
pointus qu'ils découpèrent profondément. Ces
nouveaux végétaux furent : le houx, le houblon,
le chardon, le choux frisé, la chicorée, qui semble
se confondre avec le chou frisé, et les algues
marines. S'ils conservèrent la vigne et le chêne,
ils leur lirent également de larges découpures
pour les harmoniser avec les autres. Il y eut là,
en réalité, une seconde manière d'interpréter les
feuilles. Certes, ce second mode d'interpréta-
tion n'a pas la valeur de celui du xne siècle ; mais
l'art national avait une telle sève qu'il donna en-
core des chefs-d'œuvre avec des feuilles trans-
formées en paquets d'épines. Examinons main-
tenant nos dessins.
Le premier est une crosse de chou frisé du
portail nord de la cathédrale de Troyes. Au
xv* siècle, le chou frisé tient une place considé-
rable dans l'ornementation de nos édifices reli-
gieux. On le trouve sur les chapiteauxetsurtout
sur les grands arcs des voussures où il est posé
en crosses détachées. Celui que nous présen-
tons est d'une composition large et d'un modèle
extrêmement vigoureux.
Le deuxième dessin est un rampant du même
portail forméd'une branche de chêne sur laquelle
est perché un oiseau quelque peu fantastique.
Sous les pattes de l'oiseau se trouve un bouquet
de glands. Ce chêne, profondément découpé,
donne bien le travail des artistes du xve siècle,
travail semblable à celui des deux chapiteaux
qui suivent.
Le troisième dessin est, en effet, un chapiteau
de vigne de l'église Saint-Pierre, deCaen. Cette
vigne d'une belle conception, a un mouvement
tout à la fois ferme et gracieux. Avec leurs larges
découpures et leurs lobes irrégùliers, on s'ima-
ginerait difficilement que les feuilles de ce cha-
piteau sont celles de la vigne, si le cep noueux
qui les supporte n'était pas là pour l'indiquer.
Le quatrième dessin est un chapiteau de chêne
de la même église Saint-Pierre de Caen. Il a
été conçu dans le style du précédent, c'est-
à-dire réunissant la force à l'élégance. Les
feuilles sont disposées de la même manière.
L'une monte de l'astragale vers le tailloir,
l'autre retombe du tailloir sur l'astragale. Le bois
de cette plante, également très découpée, révèle
le chêne. Dans certains édifices du xve siècle, on
rencontre des chapiteaux de vigne et des chapi-
teaux de chêne mis ainsi en parallèle. Il sem-
blerait que les artistes n'eussent pas voulu sé-
parer ces deux plantes nationales.
Avec leurs feuilles découpées et à dents poin-
tues, les sculpteurs du xvu siècle firent des
choses admirables. Ils excellèrent à fouiller la
pierre et la délicatesse de leur ciseau nous étonne
encore aujourd'hui lorsque nous étudions les
portails de Rouen, de Beauvais, de Senlis, de
Tours, et ceux d'une multitude de petites
églises dans lesquels on retrouve le même tra-
vail et la même conscience.
En terminant cette rapide esquisse de la
flore gothique, qu'il nous soit permis de dire un
dernier mot.
L'Antiquité avait choisi quatre plantes pour
orner ses édifices : l'acanthe, le laurier, l'olivier
et le chêne. Le génie du moyen-âge fut sur ce
point autrement fécond. Non seulement nos
sculpteurs reproduisirent un nombre consi-
dérable de plantes, mais encore, de chaque
plante, ils surent tirer les motifs les plus variés,
et, en suivant l'architecture dans ses évolu-
tions, ils nous ont donné le moyen de dater les
monuments ou les parties de monuments qui
peuvent être douteuses. Mais leur suprême
mérite est d'avoir créé au xne siècle celte mé-
thode incomparable de l'interprétation, qui sou-
met à l'artiste la plupart des végétaux. Au point
de vue de la composition, les chapiteaux de
nos sculpteurs sont supérieurs par la simpli-
cité et la grandeur du dessin aux chapiteaux d'A-
thènes et de Rome. Ceux de Paris, de Reims,
d'Amiens et de Bourges sont là pour le démon-
trer. Quant à l'exécution, on peut dire que le
ciseau de l'Ile-de-France, l'Attique de notre pa-
trie au moyen-âge, ne le cède en rien, pour la
perfection et le fini du travail, à celui de la noble
contrée que l'humanité saluera toujours comme
la mère des lettres, des sciences et des arts.
Emile Lambin.
Échos
La commission du vieux Paris. — L'ad-
ministration municipale entreprendra, dans
quelques jours, la restauration d'un monument
historique généralement ignoré des Parisiens,
caché qu'il est au bout de la ville, dans un coin
du cimetière de Montparnasse. C'est la tour des
frères de Saint-Jean de Dieu, dernier vestige du
« Moulin des MoIinisles»,quifut, au dix-septième
siècle, un des cabarets renommés de Paris. Le
meunier, en effet, y tenait boutique, mais pour
une seule catégorie de clients, caril ne consentait
à servir son petit vin de pays qu'aux partisans du
célèbre jésuite Molina.
Après l'expulsion des jésuites en 1762 et la
dispersion des frères de Saint-Jean de Dieu
pendant la Révolution, le moulin resta ouvert et
on continua à y vendre de la galette et à y ser-
vir du vin clairet. Mais, en 1824, lors de la créa-
tion du cimetière du Sud, il se trouva englobé
dans l'enceinte de la nécropole et ne fut plus
dès lors utilisé que comme habitation pour les
gardiens.
Peu à peu, cependanl, les bâtiments se dégra-
dèrent. Si bien qu'il y a une dizaine d'années il
fallut les évacuer. Seule, aujourd'hui, la tour du
moulin, avec son toit en poivrière, subsiste,
tapissée jusqu'en haut d'un lierre épais où
nichent tous les oiseaux du voisinage.
11 fut question, récemment, de la démolir,
mais l'administration plaida en faveur de ce
vieux et pittoresque souvenir. Appuyée par la
commission du vieux Paris, elle a obtenu gain
de cause et les réparations nécessaires seront
entreprises incessamment.
_©_
Le squarede laSorbonne.—M. Formigé vient
d'arrêter le dessin du nouveau square dont
BULLETIN DE L'AB'I POUR TOUS
— N« 100.
932-933
UARTPOUR-TOUS
Encyclopédie-de lahtindustriel et décora tîf
jsarav^sa rit lous les wvois
FONDÉ PAR
EMILE REIBER
Litrairtes-imprimeries ré
h ^V~annUeL\ 24Jr\ .. ^nnpriilllllllllllllllllllIL, Arem^r n°r&l ^illliliiiillllllllllllllllilliiillil^ 'Année parue: 30jh fi
■^tt -^-^h ^v,t ^.t^^^ijrg^irfa^ rr^ paris ^> «iMf^^ ,
, 5, rue Saint-Benoîtx
38e Année ^ Avril 1899
BULLETIN D'AVRIL 1899
Concours
UNION CENTRALE DES ARTS DÉCORATIFS
Comité des Dames
3e CONCOURS
Garniture d'un berceau d'osier (dit moïse)
Le concours pour la garniture d'un berceau
d'osier (dit moïse), organisé par le comité des
dames de l'Union centrale des Arts décoratifs,
entre les dames et jeunes filles des écoles de
dessin, a donné les résultais suivants :
1er prix : Mlle Rouzaud;
2e prix : Mlle Sitter ;
3e prix ex œquo : Mlles Ferney et Hennecarl,
lre mention, Mlle Camperos; 2e, Mme Sergent;
3e, Mlle Aubert; 4e, MlleGauchot; 5e, Mlle Beau-
meister; 6e, Mlle Agnard Pelet de Courcelles;
7e, Mlle Hérisson.
Le dépôt des projets du quatrième et dernier
concours aura lieu du 4 au 6 juin prochain.
Ornements du XVe Siècle
(Pl. 3828).
Nous voici arrivés au xve.siècle. C'est le mo-
ment où la flore gothique se transforme pour
ensuite se faner et mourir. Mais combien fut
beau ce déclin de l'art qui resplendit encore
dans les merveilles qu'il cisela sur les portails
de nos églises et de nos cathédrales !
Le principe de transformation qui apparut au
xve siècle lança les artistes dans une voie nou-
velle et changea l'aspect de l'ornementation flo-
rale des édifices. Abandonnant, sauf la vigne et
le chêne, les plantes traitées par leurs prédé-
cesseurs, les sculpteurs de la dernière période
gothique leur substituèrent des végétaux à lobes
pointus qu'ils découpèrent profondément. Ces
nouveaux végétaux furent : le houx, le houblon,
le chardon, le choux frisé, la chicorée, qui semble
se confondre avec le chou frisé, et les algues
marines. S'ils conservèrent la vigne et le chêne,
ils leur lirent également de larges découpures
pour les harmoniser avec les autres. Il y eut là,
en réalité, une seconde manière d'interpréter les
feuilles. Certes, ce second mode d'interpréta-
tion n'a pas la valeur de celui du xne siècle ; mais
l'art national avait une telle sève qu'il donna en-
core des chefs-d'œuvre avec des feuilles trans-
formées en paquets d'épines. Examinons main-
tenant nos dessins.
Le premier est une crosse de chou frisé du
portail nord de la cathédrale de Troyes. Au
xv* siècle, le chou frisé tient une place considé-
rable dans l'ornementation de nos édifices reli-
gieux. On le trouve sur les chapiteauxetsurtout
sur les grands arcs des voussures où il est posé
en crosses détachées. Celui que nous présen-
tons est d'une composition large et d'un modèle
extrêmement vigoureux.
Le deuxième dessin est un rampant du même
portail forméd'une branche de chêne sur laquelle
est perché un oiseau quelque peu fantastique.
Sous les pattes de l'oiseau se trouve un bouquet
de glands. Ce chêne, profondément découpé,
donne bien le travail des artistes du xve siècle,
travail semblable à celui des deux chapiteaux
qui suivent.
Le troisième dessin est, en effet, un chapiteau
de vigne de l'église Saint-Pierre, deCaen. Cette
vigne d'une belle conception, a un mouvement
tout à la fois ferme et gracieux. Avec leurs larges
découpures et leurs lobes irrégùliers, on s'ima-
ginerait difficilement que les feuilles de ce cha-
piteau sont celles de la vigne, si le cep noueux
qui les supporte n'était pas là pour l'indiquer.
Le quatrième dessin est un chapiteau de chêne
de la même église Saint-Pierre de Caen. Il a
été conçu dans le style du précédent, c'est-
à-dire réunissant la force à l'élégance. Les
feuilles sont disposées de la même manière.
L'une monte de l'astragale vers le tailloir,
l'autre retombe du tailloir sur l'astragale. Le bois
de cette plante, également très découpée, révèle
le chêne. Dans certains édifices du xve siècle, on
rencontre des chapiteaux de vigne et des chapi-
teaux de chêne mis ainsi en parallèle. Il sem-
blerait que les artistes n'eussent pas voulu sé-
parer ces deux plantes nationales.
Avec leurs feuilles découpées et à dents poin-
tues, les sculpteurs du xvu siècle firent des
choses admirables. Ils excellèrent à fouiller la
pierre et la délicatesse de leur ciseau nous étonne
encore aujourd'hui lorsque nous étudions les
portails de Rouen, de Beauvais, de Senlis, de
Tours, et ceux d'une multitude de petites
églises dans lesquels on retrouve le même tra-
vail et la même conscience.
En terminant cette rapide esquisse de la
flore gothique, qu'il nous soit permis de dire un
dernier mot.
L'Antiquité avait choisi quatre plantes pour
orner ses édifices : l'acanthe, le laurier, l'olivier
et le chêne. Le génie du moyen-âge fut sur ce
point autrement fécond. Non seulement nos
sculpteurs reproduisirent un nombre consi-
dérable de plantes, mais encore, de chaque
plante, ils surent tirer les motifs les plus variés,
et, en suivant l'architecture dans ses évolu-
tions, ils nous ont donné le moyen de dater les
monuments ou les parties de monuments qui
peuvent être douteuses. Mais leur suprême
mérite est d'avoir créé au xne siècle celte mé-
thode incomparable de l'interprétation, qui sou-
met à l'artiste la plupart des végétaux. Au point
de vue de la composition, les chapiteaux de
nos sculpteurs sont supérieurs par la simpli-
cité et la grandeur du dessin aux chapiteaux d'A-
thènes et de Rome. Ceux de Paris, de Reims,
d'Amiens et de Bourges sont là pour le démon-
trer. Quant à l'exécution, on peut dire que le
ciseau de l'Ile-de-France, l'Attique de notre pa-
trie au moyen-âge, ne le cède en rien, pour la
perfection et le fini du travail, à celui de la noble
contrée que l'humanité saluera toujours comme
la mère des lettres, des sciences et des arts.
Emile Lambin.
Échos
La commission du vieux Paris. — L'ad-
ministration municipale entreprendra, dans
quelques jours, la restauration d'un monument
historique généralement ignoré des Parisiens,
caché qu'il est au bout de la ville, dans un coin
du cimetière de Montparnasse. C'est la tour des
frères de Saint-Jean de Dieu, dernier vestige du
« Moulin des MoIinisles»,quifut, au dix-septième
siècle, un des cabarets renommés de Paris. Le
meunier, en effet, y tenait boutique, mais pour
une seule catégorie de clients, caril ne consentait
à servir son petit vin de pays qu'aux partisans du
célèbre jésuite Molina.
Après l'expulsion des jésuites en 1762 et la
dispersion des frères de Saint-Jean de Dieu
pendant la Révolution, le moulin resta ouvert et
on continua à y vendre de la galette et à y ser-
vir du vin clairet. Mais, en 1824, lors de la créa-
tion du cimetière du Sud, il se trouva englobé
dans l'enceinte de la nécropole et ne fut plus
dès lors utilisé que comme habitation pour les
gardiens.
Peu à peu, cependanl, les bâtiments se dégra-
dèrent. Si bien qu'il y a une dizaine d'années il
fallut les évacuer. Seule, aujourd'hui, la tour du
moulin, avec son toit en poivrière, subsiste,
tapissée jusqu'en haut d'un lierre épais où
nichent tous les oiseaux du voisinage.
11 fut question, récemment, de la démolir,
mais l'administration plaida en faveur de ce
vieux et pittoresque souvenir. Appuyée par la
commission du vieux Paris, elle a obtenu gain
de cause et les réparations nécessaires seront
entreprises incessamment.
_©_
Le squarede laSorbonne.—M. Formigé vient
d'arrêter le dessin du nouveau square dont
BULLETIN DE L'AB'I POUR TOUS
— N« 100.