DOI Heft:
No 162 (Juin 1899)
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38e Année ^ Juin 1899
bulletin de juin 1899 ! représentait tout ce qui n'était plus ni classique J suivie déjà Géricault, telle que l'avait résolue
_ j ni romantique, tout ce qui inspirait l'effroi des \ Delacroix dans celte page magistrale de la Bar-
nouveaulés, et on l'élendait à Georges Sand et j ricade, telle que venait de la découvrir d'une
Expositions
Expositions périodiques d'estampes
au Musée du Luxembourg
Troisième Exposition
78. — Un atelier aux Batignolles (Peinture).
l'œuvre de fantin-latour
La troisième de ces expositions périodiques vient
de s'ouvrir au musée; elle est spécialement consacrée
aux lithographies originales de Fantin-Latour et
réunit près de quatre-vingts pièces capitales du
maître.
Un catalogue raisonné des œuvres exposées a été
rédigé par M. Léonce Bénédite, et le savant conser-
vateur du Musée du Luxembourg a bien voulu nous
autoriser à reproduire ici l'article biographique qu'il
consacre à Fantin-Latour (1).
_©_
Fantin-Latour2'
Vers le milieu du siècle, dans le grand dé-
sarroi de la peinture, après les batailles achar-
nées des partisans exclusifs de la ligne et de la
couleur, dans le relâchement et la lassitude des
générations suivantes, fatiguées de tant de belles
folies, raisonnables, posées^ éclectiques, n'ayant
plus guère de passion, ni de conviction, ni même
de goût bien déterminé pour les préoccupations
techniques, en face de quelques rares et beaux
songeurs qui se préparaient sans bruit dans la
solitude, se distinguait, à peine, à l'écart, un
petit groupe modeste d'observateurs silencieux
de la vie, aimant la bonne peinture, très indé-
pendants à l'égard des contemporains, mais res-
pectueux des maîtres du passé.
On les appelait des réalistes. C'était le mot à
la mode du jour. On commençait déjà à se payer
de formules. Ce mot de réalisme répondait alors
à tout. On lui donnait, comme aujourd'hui au
terme (V impressionnisme, une acception beaucoup
plus large que sa signification exacte ne le com-
portait. Pour le public, simpliste et inquiet, il
(1) Expositions périodiques d'estampes au Musée national du
Luxembourg. Troisième exposition. Catalogue des œuvres expo-
sées de Fantin-Latour, par Léonce Bénédite, conservateur du
Musée. Un volume in-8° de 64 pages illustrées, avec une lithographie
originale et inédite du maitre graveur. Prix, broché : 2 francs.
(2) Cette étude a déjà paru dans la Revue de l'art ancien et
moderne (10 janvier 1899), accompagnée de clichés dont quelques-
uns nous ont été prêtés obligeamment par son directeur, M. Jules
Comte, pour illustrer le Catalogue des œuvres exposées de Fantin-
Latour, ainsi que cet article.
jusqu'à Wagner. Dansla bouche et sous la plume
des théoriciens combatifs qui le patronnaient, ce
vocable affichait surtout un caractère de proies-
j façon si imprévue, en l'exprimant jusqu'aux plus
intimes profondeurs desonâme, Millet, cegrahd
j solitaire, alors grossièrement méconnu; lelle
29. — Nuit de printemps (Lithographie).
tation contre l'abâtardissement de l'école et j encore que prétendait la traduire, littéralement,
contre les compromis académiques des maîtres j dans ses étroites contingences, dans son terre-
officiels et achalandés. Le réalisme, c'était un 1 à-terre vulgaire et brutal, ce révolutionnaire
retour à la tentative d'exprimer la vie contem- J fanfaron et tapageur, souvent borné et inégal,
poraine, telle què l'avait passionnément pour- ! mais sirichement etsipuissammentdouécomme
bulletin de l'abt pour tous — n° 162.
38e Année ^ Juin 1899
bulletin de juin 1899 ! représentait tout ce qui n'était plus ni classique J suivie déjà Géricault, telle que l'avait résolue
_ j ni romantique, tout ce qui inspirait l'effroi des \ Delacroix dans celte page magistrale de la Bar-
nouveaulés, et on l'élendait à Georges Sand et j ricade, telle que venait de la découvrir d'une
Expositions
Expositions périodiques d'estampes
au Musée du Luxembourg
Troisième Exposition
78. — Un atelier aux Batignolles (Peinture).
l'œuvre de fantin-latour
La troisième de ces expositions périodiques vient
de s'ouvrir au musée; elle est spécialement consacrée
aux lithographies originales de Fantin-Latour et
réunit près de quatre-vingts pièces capitales du
maître.
Un catalogue raisonné des œuvres exposées a été
rédigé par M. Léonce Bénédite, et le savant conser-
vateur du Musée du Luxembourg a bien voulu nous
autoriser à reproduire ici l'article biographique qu'il
consacre à Fantin-Latour (1).
_©_
Fantin-Latour2'
Vers le milieu du siècle, dans le grand dé-
sarroi de la peinture, après les batailles achar-
nées des partisans exclusifs de la ligne et de la
couleur, dans le relâchement et la lassitude des
générations suivantes, fatiguées de tant de belles
folies, raisonnables, posées^ éclectiques, n'ayant
plus guère de passion, ni de conviction, ni même
de goût bien déterminé pour les préoccupations
techniques, en face de quelques rares et beaux
songeurs qui se préparaient sans bruit dans la
solitude, se distinguait, à peine, à l'écart, un
petit groupe modeste d'observateurs silencieux
de la vie, aimant la bonne peinture, très indé-
pendants à l'égard des contemporains, mais res-
pectueux des maîtres du passé.
On les appelait des réalistes. C'était le mot à
la mode du jour. On commençait déjà à se payer
de formules. Ce mot de réalisme répondait alors
à tout. On lui donnait, comme aujourd'hui au
terme (V impressionnisme, une acception beaucoup
plus large que sa signification exacte ne le com-
portait. Pour le public, simpliste et inquiet, il
(1) Expositions périodiques d'estampes au Musée national du
Luxembourg. Troisième exposition. Catalogue des œuvres expo-
sées de Fantin-Latour, par Léonce Bénédite, conservateur du
Musée. Un volume in-8° de 64 pages illustrées, avec une lithographie
originale et inédite du maitre graveur. Prix, broché : 2 francs.
(2) Cette étude a déjà paru dans la Revue de l'art ancien et
moderne (10 janvier 1899), accompagnée de clichés dont quelques-
uns nous ont été prêtés obligeamment par son directeur, M. Jules
Comte, pour illustrer le Catalogue des œuvres exposées de Fantin-
Latour, ainsi que cet article.
jusqu'à Wagner. Dansla bouche et sous la plume
des théoriciens combatifs qui le patronnaient, ce
vocable affichait surtout un caractère de proies-
j façon si imprévue, en l'exprimant jusqu'aux plus
intimes profondeurs desonâme, Millet, cegrahd
j solitaire, alors grossièrement méconnu; lelle
29. — Nuit de printemps (Lithographie).
tation contre l'abâtardissement de l'école et j encore que prétendait la traduire, littéralement,
contre les compromis académiques des maîtres j dans ses étroites contingences, dans son terre-
officiels et achalandés. Le réalisme, c'était un 1 à-terre vulgaire et brutal, ce révolutionnaire
retour à la tentative d'exprimer la vie contem- J fanfaron et tapageur, souvent borné et inégal,
poraine, telle què l'avait passionnément pour- ! mais sirichement etsipuissammentdouécomme
bulletin de l'abt pour tous — n° 162.