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Bulletin de l' art pour tous — 1899

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No 164 (Août 1899)
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https://doi.org/10.11588/diglit.16823#0029
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38e Année ^— -------- - Août 1899

BULLETIN D'AOUT 1899

Expositions

Expositions périodiques d'estampes
au Musée du Luxembourg

Troisième Exposition

Fantin-Latour1'

Suite (2).

M. Fantin-Latour ne tient même pas à
renouveler les accessoires surannés qu'il em-
prunte à Fart ou au théâtre d'aulrefois; son
érudition n'est pas compliquée; les oripeaux et
les bibelots ne le tentent pas. Il n'a pas traité
les dieux germaniques de Wagner avec le fort
accent de panthéisme sauvage qu'eût trouvé un
Bœcklin, mais avec la grâce française qui, dans
les siècles passés, transportait sur les trumeaux
des Trianons, près des pastorales enrubannées,
les thèmes chevaleresques de l'Arioste et du
Tasse, que célébraient les opéras de Lulli ou de
Gluck. Les discordes et les luttes du Walhalla
sont pour lui une nouvelle édition des querelles
et des passions de l'Olympe, et, dans ses com-
positions, qui ne se piquent ni de complication
ni de variété, les héros, hommes ou dieux, y
sont les mêmes humains palpitant du même
cœur. Qu'il s'agisse de Manf'red et d'Astarté,
cl'Ènée et de Didon, de Rinaldo et d'Armide, de
Siegmund et de Sieglinde, de Lohengrin et
d'Eisa, c'est toujours, partout, le même éternel
duo d'amour.

11 en arrive, un jour, jusqu'à dédaigner la
nouveauté de ces sujets de mythologie ou de
légende septentrionales et à retourner franche-
ment aux vieux motifs du passé, aux grâces
démodées des divinités païennes, si bien accli-
matées chez nous. E Amour désarmé, l'Education
de l'Amour, Vénus et f Amour, et tout un monde
de baigneuses et de chasseresses peuplent désor-
mais ses toiles et ses estampes : prétextes à de
molles et délicates nudités, éclairées dans un
doux clair-obscur corrégien, qui éveillent con-
fusément le souvenir lointain des grands enchan-
teurs d'autrefois, depuis Véronèse jusqu'à
Watteau.

(1) Expositions périodiques d'estampes au Musée national du
Luxembourg. Troisième exposition. Catalogue des œuvres expo-
sées de Fantin-Latour, par Léonce Benedite, conservateur du
Musée. Un volume in-8" de 64 pages illustrées, avec une lithographie
originale et inédite du mailre graveur. Prix, broché : 2 francs.

(2) Bulletin de l'Art pour tous, juin et juillet 1899.

C'est à ce genre héroïque et mythologique
que se rattachent certaines compositions de
M. H. Fantin, qui pourraient se grouper sous
cette rubrique : in memoriam. Libéré, en effet,
des préjugés du milieu réaliste de sa jeunesse,
il retourne, ici encore, franchement à la tradi-
tion classique pour reprendre son vieux thème
favori de l'allégorie sur des sujets contempo-
rains. Renouvelées uniquement par la magie
subtile d'un clair-obscur mystérieux et la
musique enveloppante de leurs harmonies colo-
rées, de graves et songeuses figures qui veillent,
ici, sur le poète et le musicien, ou qui s'appel-
lent plus loin iTnspiration, la Gloire ou l'Im-
mortalité, disposent, sous les cyprès symbo-
liques, autour du buste de Wagner, de Berlioz,
de Schumann ou de Brahms, du cippe de Dela-
croix, de Stendhal ou de Victor Hugo, des bou-
quets, des palmes ou des guirlandes, le regard
perdu dans une douce extase ou une tendre
mélancolie.

Tous ces personnages surnaturels vivent et
respirent dans un monde de féerie, d'Eldorado
ou de Cythère, imprécis, confus comme dans le
rêve qui les accompagne et les enveloppe à
l'égal d'une véritable harmonie musicale savam-
ment orchestrée. Rien n'est plus séduisant et
rien n'est moins « nature » que ses paysages;
car, dans ce temps où la nature a reçu tant
d'hommages, M. Fantin, en bon misanthrope,
a préféré les œuvres des hommes et a voulu
rester réfractaire à ses philtres les plus char-
meurs. 11 affecte même un mépris profond
du paysagiste proprement dit. Mais, comme
l'homme est formé de contradictions, ce peintre
imaginatif, qui vit dans l'allégorie et le rêve, a
été l'un des voyants les plus sincères et les plus
émus de l'humanité contemporaine. De même,
ce décorateur de féeries, cet organisateur
d'apothéoses, dédaigneux de la nature des ter-
rains, des essences des arbres, des vraisem-
blances de l'heure, s'est montré le contempla-
teur le plus attentif, le plus consciencieux pour
saisir le secret de la vie sur la pulpe fragile et
divine des fleurs. Il s'est attendri respectueu-
sement devant cette chair tissée dans la
lumière, comme devant le marbre transparent
et animé du corps de la femme. Dans leur tiède
atmosphère, sur la profondeur légère de leurs
fonds gris, les roses glorieusement épanouies,
les dahlias orgueilleux, les œillets lascifs, les
chrysanthèmes échevelés, les tulipes sonores
aux éclats métalliques et les beaux fruits d'or
et de pourpre, ambrés, luisants ou veloutés,
s'animent doucement d'une profonde vie végé-
tative, sous la caresse de ce clair-obscur apaisé
qui semble l'émanation de leur âme mysté-
rieuse.

Je ne m'attarderai pas ici sur sa technique,
sur les procédés de sa peinture, modelée par
petites touches vibrantes, et qui prend, plus
lard, un certain aspect gratiné, formé d'épais-
seurs, de stries régulières, dont les rugosités
accrochent des frottis légers de pâte sèche.

Je ne m'arrêterai pas non plus sur son œuvre
lithographique, qui réclamerait, à elle seule, une
étude spéciale. Qu'importe, d'ailleurs, pour
nous tout le travail de laboratoire, toute la
cuisine de l'officeI Ce qui nous intéresse, en
vérité, c'est le résultat. C'est le cas, princi-
palement lorsqu'il s'agit d'un peintre qui, si sa-
vant qu'il ait été dans son art, a surtout été
moins un virtuose et un praticien qu'un créateur
et un poète. Car, dans sa nature fière, tendre et
sauvage, on peut dire que M. Fantin n'a aimé
que les grandes idées, les belles formes et les
âmes d'élite, et qu'il n'a peint que les êtres et
les choses qu'il a aimés.

Léonce Benedite.

Échos

L'Académie des Beaux-Arts avait désigné
MM. Jules Lefebvrc, Jules Breton, Georges
Lafenestre, Flameng, Chaplain et Daumet, pour
la représenter aux fêtes du 3e centenaire de la
naissance de van Dyck, qui ont eu lieu à Anvers
du 12 au 15 août.

L'Académie a ensuile décerné le prix Eslrade-
Duclos à M. Dagnan-Bouveret pour l'ensemble
de ses œuvres.

Ce prix, de la valeur de 8000 francs, est destiné
à « récompenser une œuvre appartenant soit à
l'un des arts du dessin (peinture, sculpture,
architecture, gravure en taille-douce, gravure en
médailles), soit à l'art de la composition musicale,
qui aura été produite dans les cinq dernières
années et que l'Académie aura jugée particu-
lièrement digne d'être signalée au public ».

-O-

Le Congrès de l'art public en 1900.—

La Commission de l'art public a, dans une pre-
mière séance, ébauché le programme des
travaux du Congrès international qu'elle organise
pour 1900. Commission et Congrès doivent, on
le sait, chercher les moyens de défendre, contre
le vandalisme envahissant, l'art public sous
toutes ses formes, qu'il s'agisse de sauvegarder
les perspectives artistiques de certaines rues et
places publiques, ou d'empêcher qu'on désho-
nore des sites champêtres célèbres pour leur
beauté.

11 a été décidé que le Congrès se réunirait à
l'Hôtel de Ville le premier lundi du mois
d'août 1900, et qu'il comprendrait trois sections,
dont l'une s'occupera des questions d'ordre

BULLETIN DE L'ART POUR TOUS — N° 164.
 
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