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Musées Royaux des Arts Décoratifs et Industriels <Brüssel> [Editor]
Bulletin des Musées Royaux des Arts Décoratifs et Industriels — 1909

DOI issue:
No 8 (1909)
DOI Page / Citation link:
https://doi.org/10.11588/diglit.27142#0072
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BULLETIN DES MUSÉES ROYAUX

ment décorés de lignes horizontales et verticales
donnant en grands hiéroglyphes, plus ou moins
soigneusement exécutés, des formules banales. Ce
sont à l’ordinaire des invocations aux dieux sous
la protection desquels on place le défunt. Sur le
côté gauche, à la tête du cercueil, on voit inva-
riablement la représentation de deux yeux fardés,
correspondant à peu près à l’emplacement des
yeux du mort, couché sur le côté gauche. Un des

particularités de langue et d’orthographe si éton-
nantes qu’on pourrait, au premier abord, se croire
en présence d’un faux. Au point de vue gramma-
tical d’abord, le scribe ou le peintre (emplois
qui étaient réunis dans l’ancienne Égypte) confond
plusieurs signes hiéroglyphiques dont la valeur
est encore bien distincte jusqu’au nouvel empire :
ainsi il remplace erronément le t fort s=s par le
t faible c± dans les suffixes verbaux et les adjectifs

FIG. 16. CERCUEIL DE MOMIE DE LA DAME HOTEP, PROVENANT d’aSSIOUT.

(Longueur im86, largeur om44, hauteur om4.7).

deux cercueils d’Assiout ne donne encore que les
formules habituelles ; l’autre, au contraire, porte
des textes religieux peu communs, encadrant des
panneaux décorés de figures (figure 16). Du côté
gauche, on voit d’abord les deux yeux ; puis un
panneau où la morte, debout, respire le parfum
d’un grand lotus. Aux pieds de la défunte et der-
rière elle sont accumulées des offrandes : vase à
l’huile, brasier et boulettes de parfum, miroir dans
sa gaine, sandales, deux tables chargées de vic-
tuailles. Le panneau suivant est la continuation
du « garde-manger» de la morte : pièces de viande,
corbeille garnie de pains, sellette supportant les
jarres, paniers remplis de bouteilles, etc. Sur le
côté droit, les panneaux sont occupés par une liste
des offrandes disposées en cases régulières (fig.17).
D’abord, on lit le nom de l’offrande, puis, on
trouve un dessin de vase, ensuite un nombre,
puis une petite figure de prêtre agenouillé présen-
tant l’offrande.

Sur les petits côtés, à la tête et aux pieds, se
trouvent les quatre génies funéraires, gardiens des
entrailles : Hapi, Amset, Duamutef et Kebhsenuf.

Les textes religieux ont été étudiés par
M. Louis Speleers qui a bien voulu me donner, à
leur sujet, l’intéressante note suivante :

« Ces textes, qui appartiennent à la littérature
religieuse de l’ancien empire et qui nous sont con-
nus par plusieurs autres sarcophages, offrent des

possessifs ; il intervertit l’ordre naturel des signes
( Jl/wwv, « à elle » pour ,wwv\|l); il met le j (j et

le t a là où ils n’ont que faire. Mais le comble,
c’est cette multiplication invraisemblable de traits
verticaux, prouvant son peu de goût comme pein-
tre et son ignorance comme scribe. On peut se
demander s’il comprenait le texte qu’il copiait.
Le trait vertical qui suit les mots dans la langue
classique de l’ancien et moyen empire, a pour
fonction d’indiquer qu’il s’agit de l’objet même
que le dessin hiéroglyphique représente. Or, dans
notre texte, il sert non seulement à combler les
vides, d’une façon absolument insolite, mais il est
ajouté là même où sa présence peut donner lieu à
une fausse lecture. Pour comprendre le texte, il
faut donc commencer par faire table rase de tout
ce que le zèle du scribe et son ignorance lui ont
fait tirer de son propre fonds... A en juger par
cette orthographe impossible, nous avons à faire à
une œuvre provinciale ; à cette époque, en effet,
Thèbes et Memphis et même Siout — d’où pro-
vient le sarcophage — possédaient une industrie
et une culture matérielle trop raffinées pour avoir
produit une œuvre aussi barbare au point de vue de
la langue. »

M. L. Speleers en comparant nos textes avec
quelques versions connues d’autre part, notam-
ment le sarcophage d’Amamu au British Muséum,
 
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